Père Lachaise : tombeaux remarquables de la 1ère division
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Située à la gauche immédiate de l’entrée principale du Père Lachaise, on passe devant sans s’y attarder tant la perspective de la 4ème division offre un appel d’air. De forme rectangulaire, elle fut lotie dès les premières années du cimetière, mais essentiellement par des concessions temporaires dont il ne reste plus une trace. L’absence de célébrité majeure explique également ce désintérêt des touristes : les dernières personnalités que l’on mettra en lumière dans cette présentation furent inhumées ici en 1978 !
LES PERSONNALITÉS
BUXEUIL René de
CARITA Famille
VAUX Clotilde de
... mais aussi
Le critique d’art et collectionneur Henri ADAM-BRAUN (1900-1977).
Le dramaturge Armand d’ARTOIS de BOURNONVILLE (Dartois : 1845-1912), qui fut conservateur de la Bibliothèque Mazarine.
Jacques Charles BAILLEUL (1762-1843) : député girondin de la Seine-Inférieure, il échappa par miracle à la guillotine. Il fut par la suite Député au Conseil des Cinq-Cents, puis membre du Tribunat (1799-1802). Tombe disparue.
Le baron d’Empire Jacques BALTAZAR d’ARCY (1776-1847).
Anaïs de BASSANVILLE (Thérèse Anaïs Rigo : 1803-1884), journaliste de presse pour femmes et femme de lettres, elle fut l’auteure de nombreux ouvrages sur les bonnes manières et le savoir-vivre. Elle avait été l’élève de Madame Campan. Elle repose dans la chapelle Lebrun.
Le contre-amiral François-André BAUDIN (1774-1842), qui fut baron d’Empire.
Le général Jules-André BOISGARD (1833-1905).
Paul BRUN (1892-1965), qui fut préfet (du Jura en 1931, de l’Hérault puis de Saône-et-Loire en 1940, du Puy-de-Dôme en 1941).
L’architecte Henri BOSQUETTE (1876-1924).
Le Panaméen Pedro Nolasco Maximo CASIS (1827-1881), conservateur du Palais Royal, dans la chapelle Le Mignard.
Jacques Gabriel du CHAFFAULT (1769-1849), qui fut député légitimiste de la Vendée de 1830 à 1837. Dans la même chapelle de famille repose Pierre Charles Alphonse BILLEBAULT (1825-1895), qui fut maire de Sens durant l’invasion prussienne et qui par son attitude protégea la ville.
Le philanthrope Edme CHAMPION (1764-1852), le « petit manteau bleu » [1], qui fit fortune dans la bijouterie et qui l’utilisa pour venir en aide aux familles ouvrières en leur distribuant des soupes et du pain en hiver. En 1848, sans être candidat aux élections, il recueillit 40 000 voix à la suite d’un appel en sa faveur.
Le compositeur et critique musical Henri COLLET (1885-1951), qui s’inspira de la musique espagnole. Il fut l’inventeur, dans deux articles de janvier 1920 dans le journal Comœdia, du terme de « Groupe des Six », pour désigner le groupe musical rassemblant Francis Poulenc, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Georges Auric, Germaine Tailleferre et Louis Durey.
Ernest COYECQUE (1864-1954) : bibliothécaire, archiviste et historien, il eut la lourde tâche de reconstituer et organiser l’état civil parisien après les incendies de la Commune de Paris. Devenu inspecteur de la Direction des bibliothèques de la ville de Paris, il les réforma en profondeur. Il eut une grande part à l’élaboration de la loi de mars 1928 qui incitait les notaires du département de la Seine (Paris) à verser leurs archives aux Archives nationales et ceux des autres départements aux Archives départementales.
Issu d’une famille juive francophone de nationalité italienne établie en Égypte, le communiste et anticolonialiste égyptien Henri CURIEL (1914-1978), qui fut assassiné dans des circonstances troubles.
Le commandeur Joseph-Joachim DA GAMA MACHADO (1775-1861), aristocrate portugais excentrique croyant à la métempsychose qui mena une vie de voyageur et s’entoura, dans son appartement du quai Voltaire à Paris, des curiosités d’histoire naturelle glanées au cours de ses voyages, et surtout de nombreuses espèces d’oiseaux, qu’il adorait et auxquels il apportait tous les soins. Les observant chaque jour, il élabora sa Théorie des ressemblances, en se basant sur l’idée que la couleur des êtres peut fournir des caractères précis. Sa tombe fut réalisée selon ses vœux : un piédestal à acrotères est surmonté d’une pyramide portée par quatre tortues et gravée de bas-reliefs sur les côtés. Un œuf, symbole de la fécondité, est posé sur la pyramide.
Le « Poète en uniforme du Palais-Royal » André DAGUESSEAU (Louis Barbaut : 1888-1978) sur lequel on trouve peu d’informations.
Le peintre Paul Michel DUPUY (1869-1949) : élève d’Albert Maignan et de Léon Bonnat, il exposa tous les ans au Salon des artistes français dès 1897, et y devint membre du jury. Il fut le peintre des loisirs balnéaires. Il repose dans la chapelle Chassang.
Le mécanicien et inventeur Paul Gustave FROMENT (1815-1865), qui travailla, entre autres, sur le télégraphe à signaux écrits et à clavier, le métier à tisser. Il fabriqua le pendule de Foucault, avec lequel il collabora sur le gyroscope.
Le violoniste, compositeur et critique musical Eugène GAUTIER (1822-1878), élève d’Habeneck et d’Halévy, qui fut deuxième prix de Rome en 1842. Comme musicien, il joua au sein de l’orchestre de l’Opéra de Paris. Il fut aussi organiste à l’église Saint-Louis-d’Antin de Paris de 1846 à 1856 puis maître de chapelle de l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile. Il fut en outre professeur d’harmonie et accompagnement au Conservatoire de Paris de 1864 à 1872 et critique musical dans plusieurs journaux. Il fut l’auteur de ballets, d’un oratorio et de plusieurs opéras comiques. Avec lui repose la peintre Marie Louise Eugénie GAUTIER (1813-1886) Le médaillon en bronze par L. Bertaux qui ornait sa tombe se trouve à la conservation.
Le général baron d’Empire François Nivard d’HÉNIN (1771-1847), dont le nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe.
« L’artiste distingué » François Pierre JULIENNE (+1872) comme l’indique sa tombe quasiment illisible... Mais on ignore en quoi !
Le pharmacien Pierre LAMOUROUX (1787-1861), qui fut maire de Vitry. Tombe disparue.
Le peintre de fleurs Louis-Marie LEMAIRE (1824-1910), dont la tombe est ornée d’une belle palette fleurie en bronze.
L’opticien Georges LISSAC (1897-1969), qui fut le Alain Afflelou de son époque. Il créa son premier magasin à Paris en 1919 et développa, avec ses frères, un concept novateur sur le fait de « vendre de la vue ». L’enseigne fut rachetée au début du XXIe siècle par Optic 2000.
Le compositeur Henri MARÉCHAL (1842-1924), qui remporta le Grand prix de Rome en 1870. On lui doit des pièces chorales, symphoniques, quelques mélodies et pièces pour piano.
Le commissaire de la République André MARS (1896-1957) et le journaliste François MARS (1933-1974).
Joséphine MÉZERAY (1774-1823) : actrice de la Comédie française. Tombe disparue.
Le sculpteur François MILHOMME (1758-1823) qui fut l’auteur en 1815 de la pleureuse (Douleur) de la tombe Gareau (10ème division), la plus ancienne sculpture funéraire du cimetière encore en place. Tombe disparue.
Boris MIRKINE-GUETZÉVITCH (1892-1955) : juriste et un professeur de droit russe, ardent défenseur d’une démocratie en Russie, il dut fuir le régime bolchévique. Il fut un défenseur de la cause juive et dénonça le péril nazi, et connut donc un second exil en 1940. Il fut doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques de l’École libre des hautes études de New York et professeur à l’Institut des hautes études internationales de l’Université de Paris. Sa fille épousa Stephane Hessel.
Le sculpteur d’origine serbe François MOZÈS (1927-1978), qui réalisa le plus grand Bouddha d’Europe (10m) pour la Grande pagode du bois de Vincennes.
L’entrepreneur savoyard Claude-François PERRET (1747-1823) qui participa à la création du canal de Saint-Quentin (canal Napoléon) et qui, en 1810, fut nommé entrepreneur-général du canal du Rhône-au-Rhin. Il fut l’un des co-fondateurs de la Société des Mines de Blanzy pour l’exploitation du bassin houiller de Blanzy-Creusot.
Emile PICOT (1844-1918), linguiste et romaniste qui participa à diverses missions en France et en Europe centrale. Il enseigna le roumain à l’École des langues orientales vivantes et était membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Profondément marqué par la guerre, il ne survécut pas à l’annonce de la mort d’un de ses fils au front, et mourut avant d’avoir eu le temps d’apprendre la victoire française et la formation de la Grande Roumanie. Dans le même caveau repose Gaston PICOT (1878-1961), membre de l’Académie de Médecine.
Le diplomate cubain et essayiste Enrique PINEYRO y BARRY (1839-1911). Sa très belle tombe en bordure de division était ornée d’une statue en marbre très érodée qui s’est effondrée en 2004.
Le peintre et graveur Roger PLATIEL (1934-1978).
Le neuropsychiatre Herbert SCHAFFER (1909-1978), il fut un élève d’Alfred Adler et qui fit connaître son œuvre en France. Il fut un acteur important du renouveau de la psychiatrie après la guerre.
Jean-Baptiste SELVES (1756-1823) : député du Conseil des Cinq-Cents en 1797. Tombe disparue.
Le journaliste et dramaturge Henri THIÉRY (1829-1872).
Louis URGEL (Antoinette Legru : 1857-1942) : sous un pseudonyme masculin (inversé) se cache en réalité une femme. Elle débuta une carrière de comédienne sous le nom de Louise Lynnès. En août 1881, elle épousa le banquier Hector Legru. C’est après son mariage qu’elle abandonna la scène et son ancien pseudonyme pour se consacrer à l’écriture théâtrale et musicale, des musiques légères qui firent le bonheur des années 20. Bien qu’elle composât l’opérette Monsieur Dumollet, elle ne fut pas la créatrice de la chanson devenue enfantine Bon voyage monsieur Dumollet dont l’auteur est Désaugiers. Dans le même tombeau, ornée de deux pleureuses par Marcel Alexandre Rouillère, repose également sa sœur, la comédienne Marguerite LYNNES (Marguerite Lhenoret :1862-1911), avait débuté à la même époque, et qui fut engagée au théâtre de l’Odéon en 1884 puis à la Comédie-Française à partir de 1889.
Anecdotes et curiosités
- Tombe Schreiterer
- En bordure de division, cette tombe attire le regard des visiteurs qui peuvent y lire l’inscription suivante : Un couple de diplomates - génération de 1925 - fidèles serviteurs de leur peuple en Amérique, Asie et Europe. Lui, jeune fantassin et sous-officier de la campagne de Russie 1943 à 1945, trois fois blessé, prisonnier de guerre, épargné mais exilé et dépossédé de la Saxe. Et elle, son épouse et collaboratrice uniques, jeune infirmière de la croix rouge 1944/1945. Désirant rendre un dernier hommage à la compréhension mutuelle franco-allemande ont choisi de revivre leur amour ici pour la paix, la liberté et pour Paris où ils vécurent la meilleure part de leur vie
- Une épitaphe militante...
- Ci-git M.A.J Paulus, veuve Delperdange, décédée le 1er décembre 1870 dans sa 82ème année. Fille, femme et mère de Républicains, elle obligea son semblable et eut affaire à des ingrats. Elle est regrettée de ses enfants et de ses petits-enfants
Elle eut au moins la satisfaction d’avoir vu proclamer la République deux mois avant sa mort. Le 1er septembre, Paris est assiégé par les Prussiens, et on se demande si ce décès est lié d’une quelconque manière aux bouleversements dus à ce siège.
Les restes du général Beteille se trouvaient dans cette division jusqu’à leur transfert, en 2009, au cimetière de Rodez (12).
On trouve dans cette division la tombe de Philippe Mathevet-Clay (+1991), qui était le fils du comédien Philippe Clay (dont on ignore pour lui le devenir des restes après sa crémation).
Dans la tombe Merleau-Ponty repose le frère (et sa famille) du philosophe Maurice Merleau-Ponty (qui repose dans la 52ème division de ce cimetière, et donc le cousin-germain de Jacques Merleau-Ponty (qui repose à Cepoy, dans le Loiret)
Œuvres
- Belle chapelle Arnould drapée dans un linceul de pierre.
Le buste en fonte de la tombe Besse est très érodé.
- Constant Demion, garde national tué durant la révolution de 1848.
- Médaillon en fonte par Dorier
- Tombe Morisset
- Chapelle Buchet
- Chapelle Dufourmantel
- Tombe Lonel
- Tombeau Kucharski
- Surmonté d’un monumental Christ en bronze par François Black. En dehors de sources peu fiables, rien ne laisse penser que le peintre polonais Alexandre Kucharski (+1819) y repose. Les registres du cimetière n’indiquent aucune arrivée à ce nom (et à ses différentes variantes) au Père Lachaise.
les vitraux : quatre chapelles abritent encore des vitraux, mais ils sont assez médiocres.
- Chapelle Pesnelle
- Chapelle Regad
- Chapelle Cordon
- Chapelle Ronnet
- Le plus beaux vitrail de la division est hélas en sale état : celui de son épouse, qui faisait le pendant, à malheureusement disparu. La chapelle abrite également un buste moustachu (qui suit) difficilement photographiable.
La chapelle de Léocadie Boursier contenait deux statues en pierre (Saint-Gabriel et Sainte-Léocadie) par Edouard Patou. Elles ont disparu depuis longtemps.
[1] En raison de l’habit qu’il portait.
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