ZAGREB : cimetière de Mirogoj
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C’est en 1870, étant donné la croissance rapide de la ville de Zagreb que les autorités municipales décidèrent d’ordonner la construction d’un nouveau cimetière.
Au pied du mont Medvednica, au milieu d’un parc aux arbres centenaires, le cimetière est fermé par une enceinte historique, qui abrite des arcades monumentales. Mirogoj est entré en fonction en 1876. C’est le plus vieux cimetière de la ville. Il tire son nom de l’homme qui a fait la réforme de la langue croate. Il fut dessiné en 1876 par Hermann Bollé, l’architecte allemand (1845-1926) installé en Croatie, l’homme qui a embelli la capitale.
- Tombe d’H. Bollé, architecte du cimetière
Actuellement plus de 300 000 personnes y reposent. Y sont enterrées toutes les personnalités politiques, artistiques et culturelles du pays, placés essentiellement sous les arcades. Tous les groupes religieux se mêlent : Catholiques, Protestants, Orthodoxes, Juifs, Musulmans.
- Certains tombeaux (ici dans une division musulmane) témoignent de l’influence ottomane.
Il est considéré, non sans raison, comme l’un des plus beaux cimetières du monde. Il se compose de pavillons d’églises surmontées de coupoles, de chapelles, le tout dans un environnement très arboré.
Curiosités
La principale curiosité du cimetière est l’imposante muraille qui l’enserre, qui ne sont pas sans faire penser, clochers mis-à-part, à celle de l’antique Constantinople.
L’entrée du cimetière Mirogoj est superbe avec des plantes grimpantes qui assaillent les murailles et des arbres matures aux feuilles de toutes les teintes possibles !
Le cimetière est dominée par la chapelle principale.
Il est possible d’acheter à chaque entrée des fleurs (malheureusement, les fleurs artificielles connaissent un essor exponentiel) ainsi que des bougies, qui sont le plus souvent de petites lumières électriques clignotantes en plastique coloré.
Comme dans tous les grands cimetières urbains européens, Mirogoj possède de nombreux monuments commémoratifs. La plupart évoquent les guerres et l’histoire violente de la Croatie aux XIXe et XXe siècle : la Seconde Guerre mondiale (les Croates ont collaboré avec l’Allemagne nazie. D’ailleurs, une grande partie du cimetière est la dernière demeure de quelques 2000 soldats allemands), mais aussi le Mur de la Douleur (célébrant les victimes de la guerre d’indépendance) ou encore celle des Héros du peuple (célébrant les communistes croates).
- Division des soldats allemands
- Monument aux victimes de juillet 1845.
- Des membres du Parti du Peuple croate qui protestaient de fraudes à des élections furent tués par l’armée autrichienne.
- Monument commémoratif des massacres de Bleiburg.
- Le massacre de Bleiburg désigne un meurtre de masse commis en mai 1945, après la fin officielle des combats de la Seconde Guerre mondiale.. Les victimes étaient des soldats et civils croates, exécutés sans procès, en représailles des crimes perpétrés par les Oustachis pendant la guerre. Ce massacre fit plusieurs dizaines de milliers de morts.
La statuaire
Le cimetière de Mirogoj s’inscrit dans la grande tradition des cimetières monumentaux venant d’Italie où la statuaire et les manifestations artistiques sont partout présentes. Si les thématiques religieuses sont fréquentes, d’autres inspirations sont à l’oeuvre : nationalisme patriotique, communisme, idéalisation du peuple ouvrier et paysan... Le monde romano-byzantin est également présent, en particulier sous forme de mosaïques.
Les œuvres les plus significatives se trouvent sous les arcades d’inspiration néo-Renaissance.
- Tombe du poète Petar Preradović (+1872)
- Tombe du vionoliste Zlatko Baloković (+1965)
L’art contemporain n’est pas absent du cimetière.
- Tombe du champion de basket Dražen Petrović (+1993)
- Tombe du pilote Rudolf Perešin (+1995)
- Il fut tué par un tir serbe durant la guerre en ex-Yougoslavie
Célébrités
Bien des personnalités reposent ici, mais à moins d’avoir un rapport personnel à la culture croate, elles ne sont pas connues en France. L’enquêteur curieux pourra se référer à quelques sites (wikipedia -en anglais- , Findagrave...) pour obtenir des listes assez complètes.
On notera ici l’absence du Maréchal Tito, qui repose dans un mausolée (« Kuća Cveća » ou la « Maison des fleurs ») situé dans les faubourgs de Belgrade, en Serbie.
On signalera cependant la présence de :
Stjepan RADIĆ (1871-1928) : fondateur du Parti paysan croate en 1905, qui réussit à unifier la population rurale croate en une force politique viable. Il s’était opposé à l’union de l’État des Slovènes, Croates et Serbes avec le Royaume de Serbie puis à l’hégémonie serbe au sein du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. Il devint une importante personnalité politique du pays et fut assassiné en plein parlement par un Monténégrin du Parti radical populaire serbe. Sa mort violente fit de lui un héros de la cause nationale croate. Son enterrement rassembla une foule nombreuse et son décès fut perçu comme un gouffre dans les relations entre Croates et Serbes dans la première Yougoslavie. Il repose avec d’autres membres de son parti tués dans le même attentat.
Au dos de la chapelle principale, Franjo TUĐMAN (1922-1999), premier président de la république de Croatie indépendante. Son parti politique, l’Union démocratique, remporta les élections postcommunistes le 7 mai 1990. Désigné Président de la République par le parlement, il décréta l’indépendance de la Croatie et resta au pouvoir jusqu’à sa mort. Il mourut avant d’être inculpé par le Tribunal pénal international de l’ex Yougoslavie, mais en 2011 ce Tribunal l’identifia comme le chef d’une entreprise criminelle de nettoyage ethnique de la Croatie contre les Serbes.
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