Les Mariage : trois lieux pour prendre le thé au Père Lachaise
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Quand je me suis lancé dans la fiche de la famille Mariage, je ne m’attendais pas à trouver une situation aussi complexe. Après toutes les recherches, tout devient plus clair, mais de l’obstination a été nécessaire démêler les écheveaux généalogiques. Toutes les tombes qui suivent sont au Père Lachaise.
Mariage Frères, la plus ancienne maison de thé de France, est la première marque mondiale de luxe dans le monde du thé. Créée à Paris en 1854, elle est aujourd’hui présente dans plus de 60 pays, possède quatre maisons de thé à Paris et quatre au Japon. On y propose « au comptoir » des thés en vrac ou en mousselines, des créations gourmandes à base de thé et des objets du thé. Dans ses salons de thé-restaurants on déguste du thé dans de la vaisselle signée par Mariage Frères en découvrant de la cuisine et de la pâtisserie françaises au thé spécialement inventées par les chefs de la maison. Chaque maison de thé abrite aussi un musée dédié aux antiquités du thé. La carte de l’entreprise regroupe 650 références de 36 pays producteurs et toutes les familles de thés.
Vers 1660, la Compagnie des Indes et Louis XIV désignent Nicolas Mariage, voyageur et grand connaisseur de la Perse et des Indes Orientales pour la ratification d’un traité de commerce avec le Shah de Perse. À la même époque, son frère, Pierre Mariage, est envoyé particulier à Madagascar pour cette compagnie.
Un de leurs descendants, Jean-François Mariage, dirige un siècle plus tard un négoce de thé, d’épices et autres denrées coloniales à Lille. C’est de lui que part la descendance généalogique qui suit : ses quatre fils, Aimé, Charles, Auguste et Louis furent associés vers 1820 à l’affaire familiale.
Je décide de me lancer dans la recherche de la dernière demeure des fondateurs. Dès lors, c’est l’imbroglio : si tout le monde se retrouve bien au Père Lachaise, on trouve en cherchant sur le net plusieurs tombes, et des fondateurs qui ne portent pas le même nom... En fait, j’ai erré tant que je n’avais pas compris qu’il n’existait pas une fratrie, mais deux, pour chaque génération. Sans la consultation des registres d’inhumation sur le net, tout cela n’aurait pas été possible.
En 1845, deux fils de Jean-François créé une première société d’épicerie : Il s’agit d’Aimé Joseph Désiré (1793-1860) et Auguste Joseph (1801-1859). Cette société porte pour nom « Auguste Mariage et Compagnie ». Elle s’installe rue du Bourg-Tibourg à Paris (où elle se trouve encore).
Le premier à mourir est le cadet, Auguste Joseph. Il est inhumé dans la chapelle familiale de son épouse (Houppin) dans la 23ème division. Précautionneux, Aimé fait l’achat en 1859 d’une concession, également au Père Lachaise, dans la 57ème division [1]. Il meurt un an après et y est inhumé. On notera que si la famille occupe toujours le caveau, celui-ci a été refait. Les seuls noms qu’on peut y lire aujourd’hui sont ceux de André, son épouse, et de leur fils Pierre (voir arbre généalogique).
- La chapelle Houppin où repose Auguste Mariage - 23ème division.
- La tombe d’Aimé Mariage (57ème division)
- Le tombeau familial de la 57ème division.
L’ensemble de la famille travaille dans l’entreprise familiale, mais en 1854, les fils d’Aimé, Henri Charles (1827-1907) et Édouard Charles (1828-1890), recentrent l’activité sur le thé et créent « Mariage frères », devenant ainsi le premier importateur français de thé. Leur renommée grandit au cours des années, l’entreprise devenant le plus important fournisseur en thé des salons, hôtels et épiceries de la haute société parisienne du Second Empire.
A cette génération, le premier à mourir est Edouard qui va reposer assez naturellement dans la concession paternelle de la 27ème division. Henri, en revanche, décide de faire édifier une nouvelle concession pour lui et sa descendance : celle-ci se trouve dans la 7ème division, contre le mur d’enceinte. On y trouve la descendance de sa fille, mariée Cottin. En 1983, Marthe Cottin, la dernière descendante des frères Mariage et propriétaire de la maison de thé, a 81 ans, vendit l’entreprise à un étudiant thaïlandais en droit international à Paris, Kitti Cha Sangmanee, qui l’acheta avec ses capitaux familiaux
- Le tombeau d’Henri Mariage et de sa descendance - 7ème division.
Quelques informations pour être tout à fait complet :
On remarque la systématisation de certains prénoms (comme Joseph ou Charles) qui n’aide pas à la recherche !
A chaque génération, un Charles était dit « Carlos ».
J’ignore où fut inhumé le 4ème fils de Jean-François, Charles François Joseph, né en 1798. On ignore même sa date de décès : on sait seulement qu’il était encore en vie à la mort de son épouse en 1877, à Neuilly-sur-Seine. J’ai fait l’ensemble des cimetières parisiens à partir de cette date sans rien trouver. Sans doute faudrait-il chercher sur Neuilly...
Pour ceux qui s’amuseraient à redéfaire l’écheveau généalogique : il existait à l’origine un autre tombeau Mariage au Père Lachaise, dans la 27ème division [2] Y furent inhumés Paul (1834-1922), son neveu Maurice Aimé Charles (1869-1917) et le fils de ce dernier Jacques Maurice Henri Charles (1904-1923), mort alors qu’il était étudiant. Tous furent transférés le 25 mai 1923, pour une raison que j’ignore, dans le caveau de la 57ème. J’avoue ne pas m’être rendu dans la 27ème division pour voir si le tombeau d’origine existait toujours (ce qui est peu probable).
[1] Les membres de la famille qui y reposent sont surlignés en jaune.
[2] 4ème ligne face à la 19, 6e tombe de la 28.
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