Père Lachaise : tombeaux remarquables de la 86ème division
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Pendant longtemps, la 86ème division a été plutôt confidentielle : les touristes s’y déplaçaient pour voir la tombe d’Apollinaire, étaient à la rigueur intrigués par le lion de Pezon (encore fallait-il lever les yeux !), mais ça n’allait pas plus loin. Les célébrités qui y reposent étaient globalement bien oubliées, et les tombes neuves quasi inexistantes.
En 2019 cependant, tout change : depuis cette date, la 86ème division est celle des reprises et donc de l’installation de nouveaux résidents. Pas certain que les notoriétés de Didier Bezace, Florence Giorgetti ou Alain Erlande-Brandenbourg suffiront à attacher durablement les visiteurs, mais le fait est qu’elle est pour l’heure la division du mouvement. On y saisit d’ailleurs, en faisant des recherches sur les décédés, les effets du COVID 19 ; même si l’impact de cette pandémie restera sans aucun doute très modeste au Père Lachaise par rapport aux nécropoles périphériques (Bagneux, Pantin ou Thiais). Il faut avoir beaucoup d’argent pour se faire inhumer ici, qui n’est plus un cimetière démocratique depuis fort longtemps. Les contingents âgés, anonymes, isolés et plutôt modestes de l’épidémie reposeront ailleurs.
LES PERSONNALITÉS
APOLLINAIRE Guillaume
BEZACE Didier
ERLANDE-BRANDENBURG Alain
PEZON Jean-Baptiste
RÉGNIER Henri de
... mais aussi
Le sociologue Nourredine ABDI (1929-2020), chercheur au CNRS qui mourut des suites du COVID 19. Il repose sous une très belle fresque peinte.
Alexandre BAUDET DULARY (1792-1878) : député de Seine-et-Oise de 1831 à 1834, siégeant à gauche, ce proche de Charles Fourier se consacra au développement des idées phalanstériennes.
La peintre Hélène BERTRAND de BEAUVOIR (1910-2001), sœur de de Simone de Beauvoir. Après la guerre, elle suivit son mari Lionel de Roulet, ancien élève de Jean-Paul Sartre alors enseignant au Havre, qui fut employé par les Affaires étrangères dans plusieurs pays européens, puis au Conseil de l’Europe à Strasbourg [1]. Elle a illustré plusieurs livres de sa sœur. À partir des années 1970, sa carrière prit une véritable dimension internationale et elle exposa dans le monde entier. Engagée dans la cause féministe, elle créa un foyer pour femmes en Alsace. Elle fut élue présidente à Strasbourg de SOS Femmes battues et continua son œuvre militante en dénonçant l’oppression des femmes dans ses tableaux.
Gilbert BOUDAR (1920-2016), chercheur au CNRS et spécialiste d’Apollinaire dont il était à la fois le neveu et ayant-droit.
Paul Elysée BOURELY (tombe reprise)
Le romancier Pierre CHANLAINE (Pierre Wunstel : 1885-1969), qui fut président de l’Association des écrivains combattants. Il fut un promoteur de la réhabilitation du village fortifié de l’Île d’Aix.
Le médecin Henri Blaise CHASSAING (1855-1908), qui fut député de Paris de 1889 à 1902, siégeant au groupe radical socialiste. Son médaillon est signé Gaulgros.
L’historien Etienne DEJEAN (1859-1913), qui fut député des Landes de 1893 à 1898 puis directeur des Archives nationales de 1902 à 1913.
L’aéronaute Henri DELAGARDE (1866-1928).
Le philosophe Victor DELBOS (1862-1916), qui fut maître de conférences en histoire de la philosophie moderne en Sorbonne en 1902. Il était membre de l’Académie des sciences morales et politiques qui accorde depuis 2002 un prix biennal à son nom. Son essai sur la formation de la philosophie pratique de Kant reste une référence.
Le peintre et illustrateur anglais Henry DETMOLD (1854-1924), spécialisé dans la peinture de paysages, de figures et de marines, qui fut un élève de Carolus-Duran.
Ernest DUPRE (1862-1921) : psychiatre et aliéniste, il fut professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de Paris. Il est notamment connu pour ses descriptions de l’hystérie et pour l’invention du mot mythomanie, état fréquent selon lui, dans cette affection.
La réalisatrice marocaine Dalila ENNADRE (1966-2020), connue pour ses documentaires sur la vie quotidienne au Maroc et ses portraits de femmes, et dont les œuvres ont été plusieurs fois primées.
La soprano Marisa FERRER (Marie-Louise Ferrer-Lafourcade : 1902-1973).
Le juriste et historien Jacques FLACH (1846-1919), qui fut professeur de législation comparée à l’École libre des sciences politiques puis au Collège de France. En 1884, il fit paraître le premier volume de son œuvre majeure, Les Origines de l’ancienne France. Il était membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
L’actrice Florence GIORGETTI (1944-2019), qui eut un fils d’une première union avec Pierre Arditi. Elle épousa en seconde noce le metteur en scène de théâtre et de cinéma Robert Cantarella. Elle tourna pour le cinéma et la télévision, mais fut surtout une comédienne de théâtre.
HUANG Yong Ping (1954-2019) : artiste contemporain d’origine chinoise naturalisé français, il vécut et travailla en France à partir de 1989. Figure majeure de l’art d’avant-garde chinois des années 1980, il vit nombre de ses œuvres interdites par le gouvernement. Le mouvement « Xiamen Dada », dont il fut le fondateur en 1986, et qui a pour mot d’ordre « Le zen est Dada, Dada est le zen ». Ses œuvres monumentales sont présentes dans le monde entier. Son épitaphe : La vie artistique est une vie de danger.
L’électricien français d’origine italienne Fernand JACOPOZZI (1878-1932). On lui doit l’illumination des grands monuments parisiens, en particulier ceux de la Tour Eiffel. À la demande de Clemenceau, il réalisa, pendant la Première Guerre mondiale, le maquillage nocturne de Paris et fut chargé de créer un Paris factice sur une autre boucle de la Seine afin de détourner les attaques allemandes de la capitale. Ces installations ne furent prêtes qu’après le dernier raid allemand sur Paris en septembre 1918 et ne servirent donc pas.
L’orientaliste russe Nicolas KHANYKOFF (1819-1878), qui travailla sur le Caucase et qui fut le chef d’une expédition scientifique dans le Khorassan en 1858.
Le psychologue cognitiviste Jacques MEHLER (1936-2020), directeur d’étude à l’École des hautes études en sciences sociales.
Eugène MENEGOZ (1838-1921) : pasteur luthérien, il fut le fondateur du symbolo-fidéisme, une tendance théologique protestante libérale qui met en valeur l’attachement au symbolique et à la foi en Dieu plutôt que l’attachement à des dogmes. Il fut le doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris en 1901.
L’écrivain Eugène MONTFORT (1877-1936), qui fut l’auteur de romans, d’ouvrages de critique littéraire et d’essais sur des sujets divers. Il contribua avec Maurice Le Blond et Saint-Georges de Bouhélier à la création du mouvement littéraire appelé « naturisme » (qui proclamait la mort du symbolisme et la naissance d’une poésie nouvelle fondée sur les valeurs de la nature, l’énergie vitale et la volonté de jouir).
Le pneumologue René PARIENTE (1929-2020), également auteur d’ouvrages historiques.
L’architecte Eugène PÉTRISSART (1846-1923).
Le compositeur Raymond de PEZZER (1885-1924), qui remporta le Premier Deuxième Grand Prix de Rome en 1914. Il fut l’auteur de chansons.
Norbert RILLIEUX (1806-1894) : inventeur créole américain. Il est principalement connu pour l’évaporateur à multiples effets, une méthode efficace d’évaporation de l’eau, une invention importante dans le développement de l’industrie du sucre.
Le comédien ROBERT (Prosper Lassez : 1818-1902).
L’archéologue et historien d’art Georges ROHAULT de FLEURY (1835-1904), qui fut professeur aux Beaux-arts.
L’abbé Jean ROUSSELOT (1846-1924), considéré comme le fondateur de la phonétique expérimentale tant en recherche fondamentale qu’en recherche appliquée. L’enseignement du français, des langues étrangères, la correction des erreurs de prononciation et la rééducation des sourds en constitueront les champs. Il fut Professeur à l’institut Catholique de Paris et au Collège de France. Son buste est signé Numa Patlagean.
Le peintre d’histoire Jean SORIEUL (1825-1871), qui fut essentiellement inspiré par les guerres de Vendée.
Le mathématicien Lucien SZPIRO (1941-2020), connu pour son travail dans la théorie des nombres, la géométrie arithmétique et l’algèbre commutative. Il a formulé une conjecture qui porte son nom.
Le peintre paysagiste Etienne Maxime VALLÉE (1852-1881). Rattaché à l’École de Barbizon, il exposa ses toiles au Salon à partir de 1873 avec notamment des vues de Paris, de Bretagne, de Normandie et de la forêt de Fontainebleau.
Le statuaire Charles VINCENT (1861-1918).
Anecdotes et curiosités
Richard Descoings repose-t-il ici ou au cimetière de Pernes-les-Fontaines (84) ?
Réalisations artistiques
- Tombe Arbant
- En forme de cercueil
- Tombe Cadiot
- Médaillon de Alexandrine Zoé Cadiot réalisé par sa fille, Claude Vignon sur une stèle quasiment illisible.
- Tombe Breissac
- Médaillon signé Giovani Léonardi
- Tombe Bresson
- Médaillon signé Henri Godet.
- Tombe Charles
- Tombe Grange
- Buste signé Victorin Sabatier.
- Chapelle du Hallay-Coëtquen
- Médaillon en bronze et chien en pierre pour la tombe de Jeanne Hulin.
- Tombeau Lechelle
- Signé Louis Auguste Roubeau
- Chapelle Mattet, Barbet et Brilault
- Tombe Saab
- Tombeau Vitrac
- Médaillon signé Camille de Vercy.
- Chapelle Francisco de Franchi Alfaro
- Elle est ornée d’un bas-relief et d’une vitrail délabré, œuvre de Vantillard.
- Tombeau Laporte
- Massif bloc de marbre noir sculpté de motifs floraux, par H. Boileau
- Tombe Guéneau
- Belle tombe à colonnes et à mosaïques.
- Tombe Pfeiffer
- Tombe Blavier
- Tombe Hollard
Pas mal d’œuvres disparues : des médaillons en bronze (tombes Allard, Avenet, Prévot), des bustes en marbre (chapelle Dea-Dieudonné, celui par J. Robert sur le fronton de la chapelle Drache)
Des vitraux, dont pas mal difficilement photographiables :
- Chapelle Besse et Simeon
- Chapelle Brejoux
- Il n’en reste plus grand chose !
- Chapelle Delinois
- Chapelle Eveno
- Chapelle Joannard
- Chapelle Lecuyer - Lassenay
- Chapelle Lucas
- Chapelle Mangin-Pecot
- 3 vitraux dont un complètement détruit
- Chapelle Margat
- 2 vitraux
- Chapelle Welter
- Signé Mathieu
- Chapelle Dethan
- Chapelle Borrel
- Chapelle Védrine
[1] Il repose avec elle.
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