BLAYE-LES-MINES (81) : cimetière des Plaines
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L’origine du village remonte à la fondation d’une bastide royale, en 1302. Blaye d’Albigeois, qui devint Blaye-les-Mines en 1934, fit connaissance avec la Révolution industrielle aux XVIIIe et XIXe siècles. La famille de Solages - châtelains blayais - particulièrement dynamique, créa une verrerie en 1752 ; elle installa la première machine à vapeur en 1811 et ouvrit plusieurs puits de mine. Dès lors, le destin de la commune fut lié à celui du charbon et du verre. À partir de 1897, la totalité du « charbon de Carmaux » était produit sur son territoire tandis que la verrerie de Solages produisit jusqu’en 1862.
La fermeture du dernier puits de mine en activité constitua fin juillet 1987, le point final de cette aventure industrielle souterraine. De 1985 à 1997, l’exploitation de la mine à ciel ouvert ne parvint pas à infléchir le cours de l’histoire.
Au point de vue funéraire, il y a là une constatation sociale tout à fait intéressante : tandis que le cimetière de Carmaux est le cimetière bourgeois de la région (c’est là que sont inhumés les Soulages), celui de Blaye-les-Mines est incontestablement le cimetière des mineurs et des ouvriers.
Le cimetière de Blaye-les-Mines est un extraordinaire conservatoire de cette activité disparue, le plus étonnant cimetière ouvrier qu’il m’ait été de voir (et j’en ai visité pas mal dans le bassin minier du Pas-de-Calais). On y retrouve tous les éléments de la culture ouvrière des années 1850-1950 : l’attachement à Jaurès, qui commença sa carrière nationale en défendant les mineurs de Carmaux, au syndicalisme et au socialisme (très nombreuses roses sur les plaques) ; le relatif détachement de certaines familles du catholicisme (voir cette plaque qui donne l’identité d’un certain Voltaire), et bien évidemment la mine, signalée sous toutes ses formes et ses emplois : les puits, la lampe, le casque, les wagons et les chevaux, les outils... On y lit également toute l’histoire de l’immigration de France depuis le milieu du XIXe siècle, où la pauvreté attira dans les mines françaises les Italiens, puis les Polonais...
Je vous propose un florilège (je suis loin d’avoir tout pris en photo, puisqu’une tombe sur deux est concernée).
Les quelques personnalités qui y reposent sont essentiellement locales, et toujours liées au milieu des mineurs.
Le peintre et créateur de vitraux Augustin Louis CALMELS (1880-1971) y repose, mais je n’ai malheureusement pas trouver sa tombe. inhumé dans le caveau familial, on peut y lire l’épitaphe suivante : « Passant devant ces lieux médite : Être arrivé n’est pas dit-on, toujours la preuve du mérite, ici du moins, c’est sans piston ».
Jean COUTOULY (1926-2009) : résistant au sein des FTP, il s’engagea dans la colonne Fabien. Mineur, militant communiste et CGT, il fut maire de Blaye-les-Mines (1971-1989), conseiller général du Tarn (1973-1982) et conseiller régional de Midi-Pyrénées.
Léon et Blanche PELISSOU : fils d’un maçon, Léon Pélissou travailla à la Verrerie
ouvrière de Carmaux puis devint ajusteur aux Mines. Adhérent au Parti socialiste SFIO en 1919, il suivit la majorité au Parti communiste et défendit les thèses minoritaires dans son syndicat en 1921. En 1926, Léon Pélissou était présenté comme le dirigeant du syndicat unitaire des mineurs de Carmaux. En 1932, secrétaire de la cellule communiste des mineurs, il entra en conflit avec la direction communiste régionale, mais la Région communiste dut reconnaître le bien-fondé de l’attitude des militants carmausins car il n’y eut pas d’exclusion. Candidat aux élections législatives pour le parti communiste en 1936, il fut battu par le socialiste Louis Fieu qui fut élu.
Il fut l’objet d’un arrêté d’internement administratif du préfet du Tarn en 1940. L’exemple type du couple soudé par la politique et des rivalités entre socialistes et communistes dans les régions ouvrières. Une rue de Carmaux porte leur nom.
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