Albi. Visite guidée d’un vieux cimetière chargé d’histoire
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Tout commence par un portail dérobé, caché dans un renfoncement de la façade de brique, à droite de l’entrée de l’hôpital boulevard Sibille. C’est là, devant le monument aux morts, que Francis Carrade, membre de l’association pour la sauvegarde du vieil Alby, donne rendez-vous samedi 11 mai à 10 h 30. Albigeois curieux (âmes sensibles, se précipiter), amoureux de vieilles pierres chargées d’histoire, sont invités à visiter le petit cimetière tapis sous les ifs plus que bicentenaires et les grands cyprès, dans l’enceinte de l’hôpital.
Un endroit libre d’accès pourtant peu ou mal connu des Albigeois, en bordure du secteur sauvegardé, avec vue imprenable sur la cathédrale. C’est la dernière demeure d’Henri-Paschal de Rochegude, amiral et bibliothécaire de sa ville, à qui il a légué son hôtel particulier et un parc aux essences rares, en plein centre ville. Dans son dernier voyage il côtoie Charles de Toulouse-Lautrec, oncle préféré du peintre et Marc Schoelcher, frère aîné de Victor, celui qui a aboli l’esclavage et qui repose au Panthéon. Jean-François Mariès, grâce à qui, après la révolution, la cathédrale n’a rien perdu de sa hauteur, repose là depuis 1851, pas loin de Paul-Émile Pezous, officier de la légion d’honneur et président de Chambre à la cour d’appel de Paris.
Un pan d’histoire d’Albi
Alentour, les petites sœurs de la charité de Saint-Vincent-de-Paul reposent entre deux archevêques, plusieurs préfets et quelques maires. Après la révolution, la rente que versait le consul d’Albi à l’hôpital ne sera plus versée. Aujourd’hui propriétaire du lieu, l’hôpital n’a ni le temps ni les moyens d’entreprendre les démarches complexes de réhabilitation et la mairie a d’autres cimetières à ratisser. Petit à petit, la centaine de tombes a pris de la gîte sur les 2 000 m2 de parcelle de terre meuble, en forme de haricot osseux, où même les pierres ondulent, désorientées sous leur drap de mousses. Mais le charme agit d’une histoire d’Albi qui se raconte ici-bas.
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