TOULOUSE (31) : cimetière de Terre-Cabade
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Le cimetière de Terre-Cabade, dont le nom provient sûrement de cavade, terre excavée du sol fournissant aussi l’argile aux briquetiers, a été officiellement ouvert en 1840. Il remplaçait celui de Saint-Aubin, ouvert en 1780 par Loménie de Brienne. Ce projet fut confié à l’architecte Urbain Vitry qui réalisa, sur le coteau de Terre-Cabade entre 1832 et 1840, un cimetière épousant les goûts de l’époque : divisions romantiques, entrée inspirée de l’art égyptien. Paradoxalement, il n’est pas le plus ancien de la ville : ouvert au XVIIe siècle pour sa partie la plus ancienne, le cimetière de Rapas, dans le quartier Saint-Cyprien, est toujours le plus ancien cimetière de la ville et l’un des plus vieux cimetière urbain de France.
Toulouse connut exactement la même histoire funéraire que toutes les grandes villes de France : souhaits hygiénistes, extension de la ville, nécessité de respecter la législation... Terre Cabade fut donc la grande réalisation d’Urbain Vitry, qui s’inspira grandement du Père Lachaise (jardin cimetière aux allées sinueuses, végétation abondante -sa place s’est réduite de nos jours-...). C’est lui qui fit réaliser la majestueuse entrée flanquée de deux obélisques et ornée de deux pavillons symétriques à colonnades et chapiteaux palmiformes réalisés en briques taillées : un petit bout d’Egypte à Toulouse !
A partir de 1840 commença le transfert des anciens cimetières, y compris les cimetières protestants et juifs qui étaient jusqu’alors séparés. Le plan atteste des agrandissements successifs du cimetière, l’extension la plus moderne étant le cimetière de Salonique, séparé de Terre-Cabade par une route. Le cimetière fait actuellement 33 hectares, ce qui est une taille plus que respectable.
A Toulouse comme ailleurs, le cimetière de Terre-Cabade renferme les sépultures de la plupart de familles de notables toulousains. C’est un cimetière très intéressant à visiter, et il contient de nombreuses chapelles anciennes, décorées et ornées essentiellement selon les principes néoclassiques et romantiques. Cependant, je reprocherais à Terre-Cabade une trop grande densité de tombeaux : il est à parier que pas mal d’arbres des origines furent remplacés par des mausolées. On serpente certes dans des allées sinueuses (on peut même parler de labyrinthe), mais on peut regretter qu’avec la densité des chapelles, on n’est jamais de perspectives sur la ville, d’ouverture plus large... En ce sens, Terre-Cabade rend un peu claustrophobe. En outre, si les anciens monuments ont été conservés en bordure d’allées, l’intérieur des divisions est souvent peu aisé à visiter : les reprises y ont été plus nombreuses, les tombes y sont disposées de manière souvent anarchiques, le sol y est plus ou moins défoncés.
Enfin, Terre-Cabade fait partie de ces cimetières qui n’aiment pas les photographes... Il n’y a pas de limites à la bêtise de certains règlements municipaux...
Curiosités
Très abîmée et adossée contre un arbre, la stèle Savanac serait celle de la première personne enterrée au cimetière le 16 juillet 1840.
Ville rose oblige, de nombreux tombeaux du cimetières sont réalisés non en pierres de taille ou en marbre mais en briques, recouvertes ou non.
Le cimetière recèle, et je sais qu’il y a des amateurs, quelques arbres nécrophages.
Beaucoup de tombeaux, dont certains ornés de sculptures ou de médaillons, sont très usés, illisibles, en état de décomposition minérale... Ici comme ailleurs, certains ornements résistent mal au temps.
Le cimetière possède une tombe peu ordinaire, quoique non unique. Surmontée d’un baldaquin,les innombrables fleurs qui montent le long des piliers lui créent un toit de verdure et de couleur. A un rosier grimpant se mêlent des gerbes de fleurs artificielles, à ses pieds sont posées des jardinières de fleurs.Des grappes de plaques de marbre portant, en lettres d’or, des remerciements pour des grâces obtenues : ex-voto le plus souvent réduits à un « merci » parfois suivi d’un prénom ou d’une initiale. Enfouie sous la végétation, inaccessible au regard, une plaque de pierre indique enfin qu’il s’agit de la dernière demeure d’Hélène Soutade, dite SAINTE-HÉLÉNA (1837-1885). Une sainte qui n’a rien d’officiel : l’archevêché refuse de se prononcer sur son cas et ne veut même pas en entendre parler. Il s’agit là de ce qu’il est convenu d’appeler une « canonisation populaire ». Ce qui est plus étonnant, c’est qu’on ne sait rien de sa biographie, mais son acte de décès indique qu’elle était institutrice. Elle serait devenue religieuse à l’âge de 42 ans. Sa « sainteté » serait attestée par deux miracles. Son culte prend la forme de pèlerinages sur son tombeau et de contact avec sa relique (une pièce de vêtement) accroché à la tombe. « Patronne des enfants » en raison de sa profession d’institutrice, sainte Héléna est régulièrement appelée à l’aide, notamment par des parents inquiets (études, maladie…)...
- Le cimetière abrite la dépouille d’une petite victime dont la mort, en 1847, défraya la chronique : Cécile Combettes avait 15 ans lorsque son corps fut retrouvé le 16 avril 1847 dans le cimetière de Saint-Aubin, contre le mur jouxtant le couvent des Frères des écoles chrétiennes de Toulouse. L’enquête mit en cause Louis Bonafous, en religion frère Léotade. Le 4 avril 1848, il fut condamné, après une instruction et un procès menés essentiellement à charge dans un climat anticlérical passionné, aux travaux forcés à perpétuité. Son pourvoi en Cassation fut rejeté. Il mourut au bagne de Toulon deux ans et demi plus tard. Le véritable coupable était sans doute Jean-Joseph Aspe, Frère Ludolphe, également des Écoles chrétiennes qui était le cuisinier du couvent au moment des faits. Il aurait avoué son forfait au curé de Miglos et ce dernier en mourant en aurait confié le secret à l’Évêque de Pamiers. Aspe finit au bagne mais pour un autre crime, commis en 1866, sans avoir consenti à se charger du premier forfait. Aspe n’ayant pas fait d’aveux publics, Léotade ne fut jamais réhabilité. Cécile Combettes repose dans le caveau Barthélémy, une plaque sur le côté droit rappelant sa mémoire.
Ce cimetière à une particularité : un cimetière d’ecclésiastiques, constitué par la réunion, en une enceinte commune, des enclos des couvents. Ils se partagent l’espace, chacun étant constitué d’un ou plusieurs tombeaux enceints de grilles. Une porte sépare symboliquement le cimetière laïc de ce cimetière.
Les inondations de la Garonne étaient fréquentes, mais celle de 1875 fut particulièrement dramatiques : on dénombra 208 victimes et 1219 maisons détruites, particulièrement dans le quartier populaire de Saint-Cyprien. Il existe encore au cimetière une longue plate-bande, qui commence près de la porte de la Gloire, dépourvue de l’inscription qu’elle portait jadis, et où subsistent encore deux croix de pierre très usées : c’est à cet endroit qu’on avait inhumé les victimes de la crue.
La porte des Ecuries tient son nom des vraies écuries du cimetière, au temps où les chevaux tiraient les corbillards. Ces petites écuries sont toujours là, et sont désormais affectés à l’association des « Chats libres » de Toulouse.
Près de la porte de la Colonne, une ancienne maison de gardien abandonnée attend des jours meilleurs : la grille du jardinet, les papiers peints déchirés au mur, quelques vieux meubles, sont encore là. C’est sympathique et charmant.
- De nombreuses oeuvres dignes d’intérêt :
- Le buste de l’ingénieur Jean Abadie, qui réalisa les premières fontaines de la ville alimentées par l’élevation des eaux de la Garonne, est l’oeuvre d’Alexandre Falguière (1860).
- un monument est dédié à la mémoire de Maurice Barrat (+1896 du paludisme), explorateur toulousain en Afrique. Son corps fut jeté dans l’océan. Le médaillon en bronze qui orne sa tombe est de Jean Rivière.
- La belle tombe ornée des architectes et ingénieurs Bouzigues.
- Un magnifique exemple de larves (têtes d’homme au visage maussade d’inspiration romaine).
- La tombe ornée de Bertrand Lavigne, auteur de quelques ouvrages d’histoire locale.
- L’obélisque avec médaillon et bas-relief du philanthrope Théodore Ozenne (+1895).
- La statue endommagée de la famille Salusse, moulage des Virebent.
- La tombe Toulza, ornée de bas-reliefs en bronze et d’une statue par A. Carrier.
- La belle composition sur la tombe Wagner.
Célébrités : les incontournables...
Charles BOREL-CLERC
Just FONTAINE
Léon LAJAUNIE
Antonin MERCIÉ
Mady MESPLÉ
... mais aussi
Pierre Catherine AMILHAU (1793-1860) : premier président de la cour royale de Pau, il fut député de Haute-Garonne de 1830 à 1846, et vota avec la majorité gouvernementale. Il repose dans le tombeau de famille, des notables qui donnèrent de nombreux maires à la ville.
Georges ANCELY (1847-1919) : issu d’une famille de joaillier de Toulouse, il prit un très grand nombre de clichés de Toulouse et des communes environnantes, donnant naissance à une véritable patrimoine photographique d’autant plus de valeur qu’unique.
Le général Marie Etienne de BARBOT (1770-1839), qui participa aux campagnes révolutionnaires puis à celles de l’Empire. Son nom apparaît sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile. Le bas-relief de sa tombe est de Griffoul-Dorval.
La famille de musiciens et d’artistes lyriques BELGARRIC.
Aristide BERGÈS (1835-1904) : Ariégeois d’origine, papetier à Lancey (Isère), il créa les « conduites forcées » pour l’alimentation de ses turbines hydrauliques (1867), puis appliqua, le premier, l’énergie des hautes chutes ainsi captée à une dynamo de Gramme, produisant l’électricité, devenant le « Père de la Houille Blanche » (vocable qu’il avait imaginé lui-même). L’imposant monument, en forme de Temple antique ruiné, est de Chiattone, de Lugano. On y voit un bas-relief de l’usine de Lancey.
Dans le tombeau CABANIS repose Gaston (1813-1847), qui fut maire de Toulouse de 1845 à 1847. Il fut également député du département, dans la majorité conservatrice, de 1846 à 1848. Il s’agit du tombeau de famille du romancier et académicien José Cabanis, qui ne repose pas ici mais au inhumé au cimetière de Balma.
Le comédien Paul CAMBO (Paul Mignonat : 1908-1978) : comédien de théâtre et de cinéma, il fut un jeune premier idéal des années 30. On se souvient de lui dans Ramuntcho.
Le général Louis Victorin CASSAGNE (1774-1841), qui participa aux campagnes de la Révolution et de l’Empire. Il fit partie des armées d’Italie, d’Orient (il participa à la campagne d’Egypte), de Bruges et des côtes de l’Océan... Il servit encore en Autriche, en Prusse, en Espagne. Son nom figure sur l’arc de triomphe de l’Étoile.
Le tombeau CASTELBAJAC contient la dépouille de Léontine de Villeneuve (1803-1897), qui fut le « dernier amour » de Châteaubriand ( il avait 60 ans, elle 25 !).
Le Compagnon de la Libération Jean COGGIA (1916-1943) : étudiant en médecine, il s’engagea dans les FFL, ce qui ne fut pas simple car il se fit arrêter à deux reprises. Installé à Bizerte, il appartint à un réseau de renseignements. Dénoncé, il fut arrêté mais parvint à s’échapper. Il meurt peu de temps plus tard dans un assaut de la station clandestine par les Allemands. Inhumé à Pont-du-Fhas, en Tunisier, il fut transféré en 1943, après la libération de la Tunisie, à Bône. Il repose aujourd’hui dans ce cimetière.
Le Compagnon de la Libération Philibert COLLET (1896-1945) : engagé volontaire en 1915, il dirigea le groupe franc du Premier régiment de tirailleurs algériens. Pendant la révolte du Djebel Druze de 1925 à 1927, Collet avec son Groupement Tcherkess, faisant partie des Troupes spéciales du Levant, participa à la tête de ses hommes à de nombreuses opérations. Le 21 mai 1941, Collet passa avec une partie de ses hommes en Transjordanie rejoignant les Forces françaises libres. Général, il participa à la Campagne de Syrie. Il mourut de maladie à Toulouse.
Louis DEFFÈS (1819-1899) : compositeur de musique, Grand prix de Rome (1847), Directeur du Conservatoire de Toulouse (1883), il n’est pas oublié par la ville car il fut l’auteur de la musique de la « Toulousaino ». Auteur de plusieurs opéras, il fut très apprécié de ses contemporains. buste et statue qui orne sa tombe sont de Abel Fabre.
Le doyen de la faculté de droit Antonin DELOUME (1836-1911).
Marcel DIEULAFOY (1844-1920) : ingénieur des ponts et chaussées, il découvrit l’Orient et les antiquités, deux orientations qui furent déterminantes dans sa carrière. Il visita Athènes et Constantinople sur la route de Téhéran, puis mena une expédition à Suse. Il obtint une modeste somme auprès du département des Antiquités orientales du Louvre, obtint du gouvernement persan l’autorisation de fouiller le site, et avec son épouse repartit en Perse. L’expédition Dieulafoy, dans des conditions difficiles, réussit tout de même à envoyer de nombreuses découvertes au musée du Louvre. Elu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1895, il se concentra à partir de ce moment à la recherche sur l’histoire de l’architecture, notamment avec l’étude de château Gaillard. Il s’intéressa également à l’Espagne et au Portugal, particulièrement dans le domaine de la sculpture. Avec lui repose son épouse, Jane DIEULAFOY (Jane Henriette Magre : 1851-1916), qui parcourut avec lui les routes du Proche-Orient, répertoriant, photographiant tous les monuments. Elle prit alors l’habitude de s’habiller et de se coiffer en homme afin de pouvoir suivre son mari partout. Ayant de grandes dispositions pour le dessin, Jane tint le journal des fouilles archéologiques et de la société persane. Les nombreux croquis et photographies illustrent parfaitement le développement de l’ethnologie, de l’anthropologie et de l’archéologie de l’époque. Publié en feuilleton dans la revue Le Tour du Monde, de 1883 à 1886, il rencontra un grand succès.
Pierre (1866-1945) et Jeanne (1879-1958) DUCIS : lui fut artiste de théâtre à Toulouse, elle était fille d’un directeur de salle. Ils devinrent gérants des Casinos de Nice et de Menton, et propriétaires du Casino d’Enghien. Couple de philanthrope, ils fondèrent également diverses oeuvres. Ils reposent dans un caveau noir massif où existait anciennement un étonnant squelette qui, après avoir été décapité, fut enlevé. La mort figure à la manière d’une porte mystérieuse, des sentences lourdes inscrites de chaque coté.
Armand DUPORTAL (1814-1887) : fondateur du journal L’Emancipation (1848), déporté du 2 décembre 1851, Préfet de la Haute- Garonne le 4 septembre 1870, il dirigea l’éphémère insurrection communaliste de mars 1871, fut arrêté, mais acquitté par la Cour d’Assises de Pau. Il fut député du département de 1876 à 1887.
Joseph ENGELMAJER (1920-2007), qui fut le fondateur de l’association Le Patriarche, destinée au soin des toxicomanes, et qui a été suspectée d’être un mouvement sectaire.
L’architecte Jacques ESQUIÉ (1817-1884) : ancien élève de Urbain Vitry et de Duban, il devint architecte en chef de la Ville de Toulouse. Il réalisa de nombreux bâtiments dans la région (il assura en particulier la restauration de la basilique Saint-Sernin sous la direction de Viollet-le-Duc).
Paul FEUGA (1863-1939) : maire de Toulouse de 1919 à 1925, il fut sénateur du département de 1924 à 1933. Il repose sous un beau tombeau en briques.
Le chef résistant FORAIN (François Verdier : 1900-1944), qui fut torturé par la Gestapo et dont on retrouva le corps mutilé en forêt. Sa mémoire est vive dans la région, qui donna son nom à de nombreuses infrastructures, dont une station du métro toulousain.
Le peintre François GAUZI (1862-1933) : condisciple de Lautrec à l’atelier Cormon, son meilleur ami pendant plus de dix années (Lautrec l’a pris comme modèle de nombreuses fois). Il publia Lautrec et son temps, un ouvrage fourmillant de renseignements biographiques sur ce dernier. Il repose avec son beau-frère, le poète Joseph ROZÈS de BROUSSE (1876-1960).
La famille GISCARD est une famille de sculpteurs et manufacturiers toulousains, producteurs d’ornements architecturaux en terre cuite. Avec les Virebent dont ils étaient les concurrents, la manufacture Giscard est à l’origine de la plupart des ornements de l’architecture néo-classique toulousaine. Dans ce caveau de famille repose, parmi d’autres membres de la famille, Henri GISCARD (1895-1985), qui fut second prix de Rome et exposa au Salon des artistes français. Leur tombe est ornée de deux beaux bas-reliefs.
Bernard GRIFFOUL-DORVAL (1788-1861) : sculpteur, il est intimement lié à Toulouse où il vécut l’essentiel de sa vie et où figurent ses oeuvres les plus importantes. L’œuvre de Griffoul-Dorval en tant que sculpteur fut surtout une œuvre de commandes. Il réalisa pour les municipalités des portraits officiels, des statues monumentales, des éléments décoratifs. Il fut également un formateur, comptant parmi ses élèves Falguière. Sa tombe est très abîmée.
Le sculpteur Jacques LABATUT (1851-1935), ancien élève de Jouffroy et d’Antonin Mercié, il reçut le Premier Prix de Rome. Plusieurs de ses sculptures furent exposées à Exposition universelle de Paris de 1889.
L’explorateur et collectionneur Georges LABIT (1862-1899), à l’origine, en 1893, du musée de Toulouse qui porte son nom et qui est considéré comme l’un des plus anciens musées d’art asiatique de France (le second après Guimet en terme de collections). Son caveau a été refait récemment.
Le poète, peintre et critique d’art Marc LAFARGUE (1876-1967), qui fut l’auteur d’études (Delacroix, Poussin, Lorrain, Corot).
L’architecte Jean-Pierre Alexandre LAFFON (1819-1882), qui réalisa plusieurs ouvrages dans Toulouse dont l’Ecole vétérinaire.
Le résistant juif Marcel LANGER (1903-1943), qui fut membre des Brigades internationales. Il fut guillotiné par les Allemands. Une station du métro de Toulouse porte son nom. Il ne doit pas être confondu avec un Compagnon de la Libération qui est son exact homonyme.
Le peintre Joseph LATOUR (1806-1863) : voyageur et collectionneur, il peignit et dessina les paysages qu’il traversa. D’inspiration romantique, il n’en préfigura pas moins les démarches et méthodes de l’école de Barbizon. Il laissa en particulier une série de lithographies consacrées aux Pyrénées. Ses oeuvres sont conservées dans plusieurs musées du sud de la France. Sa tombe, ornée d’un médaillon, est dans un état pitoyable et est devenue quasiment illisible.
Le Compagnon de la Libération André LAVERGNE (1913-1992) : officier de carrière, nommé lieutenant en 1939, il se rallia à la France libre en 1940 dès que le Tchad prit fait et cause pour de Gaulle. Membre de la Colonne Leclerc en 1942, il participa au débarquement de Normandie avec la 2eDB. Il servit ensuite en Indochine puis en Algérie. Élevé au grade de général de brigade, il dirigea les Forces françaises à Djibouti de 1962 à 1964 puis obtint le poste de directeur de la Sécurité militaire. En 1967, il fut fait général de division et dirigea les Forces françaises de l’Océan Indien. [1]
Jules LÉOTARD (1838-1870) : inventeur du trapèze volant et plus particulièrement de la voltige entre deux trapèzes. Fasciné par le cirque alors qu’il faisait des études de Droit, il rejoignit le Cirque Napoléon (devenu par la suite le Cirque d’Hiver), à Paris, où il fit sa première apparition publique au trapèze volant. Le 12 novembre 1859, il exécuta un premier passage entre deux trapèzes en effectuant un saut périlleux. C’est lui qui, pour laisser son corps libre de ses mouvements et faire apparaître sa musculature, porta le maillot collant inventé pour ses besoins, nommé depuis le léotard et utilisé par les hommes en gymnastique artistique. Il fut de son vivant très populaire, inspirant les journaux, le cinéma et même plusieurs chansons à sa gloire. Il mourut très jeune, non pas d’une chute, mais de la variole noire. Sa chapelle, ornée d’un discret médaillon, est quasiment illisible.
Maurice MAGRE (1877-1941) : poète, écrivain et dramaturge français, il fut un défenseur ardent de l’Occitanie, et contribua grandement à faire connaître le martyr des Cathares du XIIIe siècle. Sa quête spirituelle sans fin le mena vers l’ésotérisme. Dans le même caveau repose son frère, André MAGRE (1873-1949), qui fut haut fonctionnaire (il fut préfet du Tarn, des Vosges, et de Meurthe-et-Moselle, puis secrétaire général de la présidence de la République de 1932 à 1940). Il fut également poète.
Joseph MALARET (1770-1846) : maire de Toulouse (1811 à 1814, et 1815, durant les Cents Jours), Pair de France (1839), député durant les Cent jours puis de 1830 à 1834, il fut l’arrière-grand-père des « Petites Filles Modèles », Camille et Madeleine de Malaret, par le mariage de son petit-fils, Paul, avec Nathalie de Ségur, fille de la Comtesse. Une tradition de famille veut que ce soit chez les Malaret, à Toulouse que le Prince Louis Napoléon ait rencontré la future impératrice Eugénie.
Alexandre MARTY (1894-1918), qui fut l’un des As de l’aviation 14-18.
Marcel MOINE (1894-1985) : ingénieur des Arts et Métiers, il fut l’un des directeurs technique historiques chez Latécoère. Il a formé les équipes de mécaniciens de l’Aéropostale et a participé à la conception des avions Laté 25, Laté 28 et Laté 26 avec lequel Mermoz réalisa la première traversée de l’Atlantique Sud.
Jean-Pierre MOULIVE (1813-1842) : sculpteur français, élève de Bernard Griffoul-Dorval, il fut Second Grand Prix de Rome en 1838. Il mourut trop jeune pour faire véritablement carrière. Plusieurs de ses sculptures sont exposées au Musée des Augustins de Toulouse.
La chapelle de la famille PAUILHAC-MARSAN, devenue richissime depuis l’association qu’elle fit avec la famille Bardou dans la vente de papier à cigarettes (la fameuse marque Job).
Le sculpteur Charles PONSIN-ANDAHARY (1835-1885), ancien élève de Jouffroy, qui fit toute sa carrière à Toulouse, où il laissa de nombreuses oeuvres. Il fut l’auteur de la pleureuse, destinée à sa femme, sur sa tombe.
Henri RACHOU (1856-1944) : peintre de genre, portraitiste et paysagiste, élève de Léon Bonnat, il fut aussi l’ami de Toulouse-Lautrec, dont il réalisa le portrait. Il expose au Salon à partir de 1880 et fut conservateur du musée des Augustins de Toulouse.
Henri RAMET (1859-1941) : juriste (il fut président de la Cour d’appel de Toulouse), celui qui fut maire de Martel, dans le Lot, de 1935 à sa mort, fut historien du Quercy.
Le Compagnon de la Libération Jean RÉMY (1899-1955) : officier de métier, il participa très jeune engagé à la Première Guerre mondiale, puis prit part aux opérations de pacification du Levant. Nommé capitaine en 1937, il demeure en poste en Syrie avant de rallier les Forces Françaises Libres en juillet 1941. Il prit le commandement du 1er Régiment de marche de spahis marocains et se distingua particulièrement à El Alamein. Il prit ensuite part à la Campagne de France et poursuivit la guerre dans les Vosges et en Alsace avant de la terminer en Allemagne dans le nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden. Il servit après la guerre en Algérie.
L’historien d’art Henri ROUZAUD (1884-1918).
Le poète occitan Joseph ROZES de BROUSSE (1876-1960), Majoral du Félibrige, qui fut le grand défenseur et organisateur des Jeux floraux. Avec lui repose son beau-frère, François Gauzi.
Le sculpteur toulousain Antoine Joseph SALAMON (1810-1850), dont l’ange ornant la tombe, moulage de Virebent, est décapité.
Le compositeur Gaston SALVAIRE (1847-1916), qui fut Prix de Rome en 1872. Egalement chef de choeur, chef d’orchestre et critique musical (notamment dans Gil Blas), Gaston Salvaire fut l’auteur d’une dizaine d’œuvres scéniques, largement concentrées dans le dernier quart du XIXe siècle, en particulier de quatre ballets.
Le journaliste Remy SANS (1847-1909), directeur de la Dépêche.
Philippe STRUXIANO (1891-1956) : joueur de rugby à XV évoluant au poste de demi de mêlée, il connut sept sélections en équipe nationale de Rugby à XV, de 1913 à 1920, et fut six fois capitaine. Champion de France en 1912 puis en 1922, il finit sa carrière comme entraîneur-joueur à l’Avignon Rugby Club.
Le peintre d’histoire Jean SUAU (1755-1841), qui fut professeur à l’École des Arts et l’un des maîtres d’Ingres.
Louis VESTREPAIN (1809-1865) : ouvrier savetier devenu maître bottier, il fit partie de la catégorie des poètes-ouvriers occitans en participant à la renaissance occitane de Toulouse, sa ville natale. En 1860, l’auteur réunit dans un même recueil, Las espigas de la lenga mondina, une sélection de ses précédentes publications. S’inspirant des auteurs phares de son époque, dont Jasmin qui semble son modèle principal, Louis Vestrepain s’essaya tant à la poésie lyrique, qu’au genre folklorique. Souvent satiriques, ses poèmes mêlent occitan et français, et sont autant de portraits en rime de la vie quotidienne de Toulouse au XIXe siècle, dévoilant les mœurs et coutumes de son époque.
Jacques Pascal VIREBENT (1746-1831) fut le fondateur d’une lignée d’architectes et fabricants d’ornements architecturaux de Toulouse. Il contribua à transmettre le patrimoine architectural toulousain, et conçut le dessin d’ordonnancement des façades sud et nord de la Place du Capitole, qui devint un modèle du genre. Avec lui repose en particulier son fils Auguste (1792-1857), architecte et sculpteur, qui fut le fondateur, avec ses frères , de l’atelier de céramique de Launaguet (1831), qui, pendant plus d’un siècle, fournit à tant de maisons de la ville leurs ornements de terre cuite.
L’architecte et urbaniste Urbain VITRY (1802-1863) : professeur à l’École des Arts, il fut à l’origine du renouveau de l’enseignement de l’architecture à Toulouse. Son œuvre, immense, marqua la physionomie de Toulouse au XIX siècle et au-delà. Il établit le plan général des alignements de la ville. Il réalisa des bâtiments communaux, comme les abattoirs, maintenant musée d’art contemporain (1825-1832), l’observatoire de Jolimont, l’amphithéâtre de l’école de médecine (aujourd’hui Théâtre Daniel-Sorano). En tant qu’architecte privé, il connut un grand succès avec ses hôtels, maisons de ville et de campagne. Son architecture néo-classique, italianisante, d’une grande sobriété, utilisa au mieux le matériau local, la brique parfois rehaussée de pierre blanche, et les ornements de la fabrique Virebent. Comme on l’a vu, c’est son projet pour le nouveau cimetière de Terre-Cabade, dans un style néo-égyptien, qui fut accepté, ce qui en fit le « père » de ce cimetière. Sa tombe est pourtant anonyme.
Le peintre Edmond YARZ (1845-1900), qui débuta au Salon en 1876 et laissa de nombreuses vues de Toulouse.
Crédit photo :
deux photos de Nadine de Souzamarquet
photo Marty : David Mechin in www.albindenis.free.fr/Site_escadrille
photos Cassagne, Collet, Labatut, Magre, Rachou, Remy et Yarz : www.jacobins.mairie-toulouse.fr
Saluons la très bonne brochure réalisée par la commune de Toulouse sur son cimetière. elle est accessible en ligne en cliquant ici
[1] La conservation du cimetière m’a bien envoyé à un tombeau Lavergne mort en 1992, mais il s’agissait de Robert, né en 1930. André repose-t-il avec certitude à Terre-Cabade ?
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