PLUNERET (56) : cimetière
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Dans le petit bourg de Pluneret, en Bretagne, repose Sophie Rostopchine, plus connue sous son titre de comtesse de SÉGUR (1799-1874). Quoique morte à Paris, elle souhaita être inhumée dans cette commune dans laquelle elle venait régulièrement, dans le château voisin de Kermadio, fief de son gendre, le député catholique du Morbihan Fresneau.
Elle avait quitté la Russie en 1817 et avait épousé le comte Eugène de Ségur. C’est tardivement (elle avait dépassé 50 ans) qu’elle se mis à écrire les romans qui firent sa postérité : les Petites-filles modèles, les Malheurs de Sophie, le Général Dourakine... On connaît ses oeuvres, en particulier grâce à la Bibliothèque rose qui fit paraître tous ses titres.
La comtesse de Ségur est intriguante : elle est à la fois une grand-mère modèle, adorant ses petits-enfants, leur racontant des histoires au coin du feu... Elle est également une épouse délaissée, créant une oeuvre dont le sadomasochisme est évident. Elle est aussi une femme qui partage les valeurs de son rang et de son époque, et qui prêche la morale de sa caste : respect de l’ordre établi qui est manifestement voulu par Dieu, antisémitisme et horreur des parvenus, respect pour l’argent... Elle est en tout cas une romancière de talent, car la mièvrerie de ses histoires n’altère pas la finesse psychologique avec laquelle elle dépeint ses personnages.
- acte de décès de la comtesse de Ségur - Paris.
Ultérieurement on enterra près d’elle à Pluneret, son fils Mgr Gaston de Ségur (1820-1881), qui était devenu prêtre après avoir fréquenté, comme peintre, l’atelier de Paul Delaroche. Perdant progressivement la vue, il n’avait pu devenir évêque mais bien en cours à Rome, il avait bataillé pour l’Infaillibilité pontificale.
Après son décès, en 1881, son cœur, embaumé comme celui de sa mère, reposa à côté de ce dernier dans la chapelle du Monastère de la Visitation, 110 Rue de Vaugirard à Paris, où il se trouve encore.
Il est intéressant de noter que leur tombe est l’objet d’un culte singulier : on y dépose des ex-voto, de la menue monnaie et même de petites chemises d’enfants, en témoignage des guérisons multiples obtenue, bien qu’ils soient plus particulièrement invoqués pour les maladies des yeux. Les ex-voto sont indifféremment posés sur les deux tombes, mais il semblerait qu’ils soient davantage adressés à la comtesse qu’au prélat.
On trouve également dans ce cimetière un médaillon en marbre sur la tombe de Jean-Jacques Robo (1820-1894), qui fut recteur de Pluneret de 1874 à sa mort.
Le tombeau massif qui fait face à celui des Ségur est celui de la famille Espivent de Villeboisnet, propriétaire du château de Treulan, à Pluneret.
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