VOUVRAY (37) : cimetière
par
Le cimetière de Vouvray n’est pas en centre-ville, c’est le moins que l’on puisse dire ! Il faut grimper tout en haut du coteau. Après avoir franchi des parcelles viticoles parfois emmurées, on parvient au quadrilatère classique dans ce type de campagne où la vigne est reine. Le sol argileux, boueux en cas de pluie, sera le terrain de votre promenade.
Pour une commune de cette taille, le cimetière contient pas mal de célébrités. Sa visite est très agréable, le cimetière ayant conservé pas mal de ses monuments anciens. C’est essentiellement dans la partie centrale de la nécropole que se concentrent les tombeaux dignes d’intérêt.
Curiosités
Une des grandes spécialités funéraires de la région, en grand nombre à Vouvray : les tombeaux tabulaires.
Le monument aux morts ne manque pas de caractère.
Dans l’un des coins du cimetière, la tombe de « Robert Spies, soldat hanovrien mort à l’ambulance de Vouvray le 19 janvier 1871 » est toujours entourée de sa grille.
Celle du jeune Louis Boivinet, mort en 1895 à « vint quatre ans et trois mois », décédé à « l’expédition de Madagascar », témoignage dans les lointaines terres de Touraine de l’épopée coloniale française.
Célébrités : les incontournables…
… mais aussi
Charles BORDES (1863-1909) : professeur et compositeur français, ancien élève de Marmontel pour le piano et de César Franck pour la composition, il fut organiste et maître de chapelle à Nogent-sur-Marne, puis à partir de 1890 en l’église Saint-Gervais à Paris. Il y créa la chorale des chanteurs de Saint-Gervais et organisa Les semaines saintes de Saint-Gervais (1892), pendant lesquelles la messe était accompagnée de musiques italiennes ou françaises de la Renaissance. En 1897 il publia Archives de la tradition basque, une collecte de chants populaires. Il fut l’un des cofondateurs en 1896 de la Schola Cantorum, une société de musique sacrée qu’il fonda avec Vincent d’Indy et Alexandre Guilmant. On y redécouvrit le plain-chant, Palestrina, Josquin des Prés, Victoria. Il fonda ensuite les Schola Cantorum d’Avignon (1899) et de Montpellier (1905). Il repose dans le tombeau familial auprès de son père, qui était maire de Vouvray sous le Second empire, et son grand-père, d’origine belge, qui s’était enrichit dans la draperie. Son identité est simplement signalée par une petite plaque quasiment illisible.
Un vaste enclos funéraire, à l’intérieur du cimetière, marque la présence de toute une famille (Bruley-Derouet). L’ensemble est composé d’une petite vingtaine de tombes, d’âges divers, certaines étant fort anciennes. Ici reposent en particulier Bernard Prudent BRULEY (1715-1787). Originaire d’une famille Lorraine, il s’établit à Tours en 1750 où il remplit d’abord les fonctions de secrétaire de l’Intendance puis celles de Conseiller du roi, président trésorier de France au bureau de la Généralité. Il fut en outre l’auteur des paroles d’un petit opéra dont la musique fut composée par J-B Dupré, organiste de la collégiale Saint-Martin de Tours. Avec lui repose son fils, Prudent Jean BRULEY (1759-1847), avocat du Roi au Parlement avant la révolution, qui fut nommé en 1790 colonel de la Milice Citoyenne, puis la même année Maire de Tours. Député à l’assemblée Législative de 1791, il se fit connaître pour ses idées libérales. Il fut emprisonné cinq mois sous la terreur, puis devint Président du premier Conseil Général d’Indre et Loire sous le Directoire et l’Empire, puis de nouveau en 1830. Dans une autre tombe de l’enclos repose le fils de ce dernier, Prudent BRULEY (1787-1849), qui fut nommé préfet du Tarn et Garonne en 1835, puis préfet de la Sarthe en 1839. Il semble que les restes des deux premiers aient été rapportés de Tours en 1889 dans ce cimetière. Il est possible que des éléments d’architecture issus des anciens tombeaux aient été rapportés également, comme le calvaire ancien qui se trouve à la tête de l’enclos funéraire et sur lequel on peut lire une inscription de 1808.
Alexandre Anatole BRÉNIER de la RENAUDIÈRE (1807-1885) : diplomate français, il fut entre janvier et avril 1851 un très éphémère ministre des Affaires étrangères. Il entra au Sénat en 1861.
Emile DELAHAYE (1843-1905) : ingénieur français, pionnier de l’automobile, il fonda en 1895 la marque mythique qui porta son nom. Il créa le Type 1, première automobile à recevoir l’allumage électrique. Pour fonder son usine parisienne, il s’associa en 1898 avec Léon Desmarais et Georges Morane. Delahaye disparut quand la marque fut absorbée par Hotchkiss en 1954. Il repose dans une belle chapelle en triste état (vitre cassée).
L’escrimeur Maurice HUET (1918-1991) qui, avec l’épée, fut sacré champion olympique d’escrime par équipes aux Jeux olympiques d’été de 1948 à Londres. Il fut ensuite vice-champion du monde d’escrime en épée par équipes en 1950 à Montecarlo, en 1953 à Bruxelles et en 1955 à Rome. Sa tombe se signale par les anneaux olympiques.
Le peintre Albert de MEDINE (1829-1899).
Charles Henri VAVASSEUR (1867-1950) : viticulteur, maire de Vouvray de 1908 à 1944, il fut député d’Indre-et-Loire de 1919 à 1924 et siégea avec la Gauche démocratique à l’Assemblée.
Commentaires