Les dépouilles des deux résistantes n’iront pas au Panthéon
par
Les cercueils des deux résistantes ne contiendront que de la terre le 27 mai. Il a été demandé à l’Élysée de ne pas déplacer les corps inhumés aux cimetières de Saint-Maur (Val-de-Marne) et Bossey (Haute-Savoie).
Les dépouilles de Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle-Anthonioz n’entreront pas au Panthéon le 27 mai prochain.
Si leurs entourages ne se sont pas opposés à la « panthéonisation » des deux figures de la résistance, ils ont en revanche fait savoir à l’Élysée qu’ils ne souhaitaient pas que les corps soient exhumés pour un transfert vers Paris.
« Nous sommes très heureux que Germaine entre au Panthéon, explique sa nièce Émilie Sabeau-Jouannet, mais nous ne tenons pas à ce que son corps quitte la tombe familiale, je souhaite qu’elle ne soit pas séparée de la famille ». Enterrée en 2008 dans l’un des cimetières de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), elle aurait dû faire l’objet d’une exhumation dans deux mois. Un déchirement auquel ne peut se résoudre sa nièce qui déplore déjà de n’avoir jamais pu se recueillir sur la tombe de sa grand-mère, Émilie Tillion- également mère de Germaine Tillion- exterminée dans les chambres à gaz nazies en 1945. « Je suis très attentive à cela. Lorsqu’à son décès la question s’est posée, j’ai toujours refusé que nous pratiquions l’incinération de son corps » complète Mme Sabeau-Jouannet en rappelant que Germaine Tillion avait elle aussi connu l’enfer du camp de Ravensbrück : « L’incinérer n’aurait pas été convenable » conclut celle qui veille sur l’héritage moral et intellectuel de sa tante.
De la terre dans une urne
Du côté de la Présidence de la République, seule apte à nommer les candidats au Panthéon, on a arbitré en faveur de la famille. D’autant que cette dernière peut s’opposer formellement à un tel transfert.
Selon nos informations, il en est de même pour la dépouille de Geneviève De Gaulle-Anthonioz, nièce du général (qui d’ailleurs ne repose pas au Panthéon) et ancienne présidente d’ATD Quart-Monde. Inhumée en 2002, également amie intime de Germaine Tillion, elle avait manifesté le souhait d’être enterrée près de son mari Bernard à Bossey en Haute-Savoie. C’est donc le respect de ses dernières volontés qui a primé.
Toutefois, le 17 mai, sur les écrans de télévision qui retransmettront l’événement, les téléspectateurs apercevront bien quatre cercueils (ou catafalques). Ceux du ministre Jean Zay, du journaliste Pierre Brossolette et ceux de Geneviève De Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion. Mais les deux derniers ne contiendront qu’une simple urne dans laquelle sera déposée de la terre prélevée sur leurs tombes. Un compromis « symbolique et honorifique » qui permet bien in fine à François Hollande de faire entrer dans le temple laïc de la montagne Sainte-Geneviève, deux hommes et deux femmes. La parité valait bien une entorse au règlement.
Commentaires