Les derniers poilus refusent des obsèques nationales

article du Monde - 9 novembre 2007
jeudi 7 février 2008
par  Philippe Landru

A 110 ans, Louis de Cazenave et Lazare Ponticelli ont passé l’âge de se faire commander. Fini le temps où on les faisait sortir de la tranchée au sifflet. Les deux derniers poilus français veulent qu’on les laisse finir en paix.

L’un et l’autre ont peu apprécié qu’en 2005 le Haut conseil de la mémoire combattante, présidé par le chef de l’Etat, décide, sans les consulter, d’organiser des « obsèques de portée nationale » au dernier combattant de 14-18. L’idée de faire reposer le der des ders au Panthéon ou au côté du soldat inconnu avait alors germé. Sauf que les deux rescapés n’ont que faire de cette prestigieuse compagnie. Ils ont prévu d’autres dispositions.

Louis de Cazenave veut être enterré avec sa famille dans le cimetière de Saint-Georges d’Aurac (Haute-Loire), où il est né le 16 octobre 1897. Il ne décrochera pas de cette position. Le bonhomme n’a jamais aimé médailles et honneurs : « De la fumisterie ! »

Revenu du front en pacifiste convaincu, il avait fallu insister pour qu’il accepte la Légion d’honneur, dans les années 1990. « Ils peuvent se l’accrocher quelque part », avait-il lancé à son fils. « Certains de mes camarades n’ont même pas eu le droit à une croix de bois », peste-t-il. Alors l’homme n’exprime plus qu’une dernière volonté : « Être tranquille. »

« UN AFFRONT FAIT À TOUS LES AUTRES »
Comme chaque année, si sa santé le permet, Lazare Ponticelli assistera le 11 novembre, à 11 heures, à la cérémonie du souvenir au monument aux morts du Kremlin -Bicêtre (Val-de-Marne), ville où il habite depuis les années 1920. Cet immigré italien, né le 7 décembre 1897, s’est engagé dès 1914 pour défendre cette France qui lui « avait donné à manger ». Mais il estime avoir assez donné à sa patrie d’adoption. « Je refuse ces obsèques nationales. Ce n’est pas juste d’attendre le dernier poilu. C’est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu’ils méritaient. On n’a rien fait pour eux. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant... Même un petit geste aurait suffi. »

A ses yeux, le travail de mémoire « arrive tard ». « On s’en est foutu un peu. Il a fallu que ce soit Chirac qui commence à bouger quand on n’était plus nombreux et qu’on était fatigués. » Sa fille Janine se veut plus conciliante : « Je souhaite pour papa une cérémonie très simple dédiée à tous les poilus et aux femmes qui ont participé à cette guerre. J’exige aussi que son corps nous soit restitué afin qu’il repose dans le caveau familial. »


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