BEAUGENCY (45) : cimetière
par
La star du cimetière (sans doute plus pour très longtemps !) est la comédienne Edwige FEUILLÈRE.
Y reposent néanmoins également :
Robert BOTHEREAU (1901-1985), ajusteur mécanicien, il adhéra, dès 1919, au
syndicat confédéré des métaux CGT. Remarqué de Léon Jouhaux, il fut intégré au bureau confédéral de la centrale syndicale. Ses engagements syndicaux et républicains et son sens de l’organisation lui permirent de prendre une stature nationale. Dès 1939, avec Jouhaux, il appela la CGT à dénoncer le pacte germano-soviétique (ce qui provoqua la deuxième scission de la confédération, puisque les dirigeants du Parti communiste français s’y refusèrent). Il reconstitua pendant la guerre dans la clandestinité une structure de la CGT dissoute par le régime de Vichy et créa un réseau de Résistance dans sa région d’origine de Beaugency. Avec l’entrée des communistes dans la Résistance en juin 1941, un rapprochement des deux tendances de la CGT fut de nouveau possible. Cette proclamation se heurta pourtant rapidement à la réalité, au lendemain de la guerre, de jour en jour plus évidente, de la stratégie de noyautage de tous les rouages de l’appareil syndical par l’appareil du PCF. En septembre 1944, opposé à la mainmise du PCF sur la CGT qu’il avait contribué à réunifier, il rassembla les tendances non communistes en 1945 autour du journal Résistance ouvrière — qu’il rebaptisa Force ouvrière. En 1947, Bothereau quitta la CGT avec Jouhaux et trois autres membres du bureau, pour créer une confédération syndicale libre et indépendante, restaurant à la fois l’esprit de l’ancienne CGT et la tradition du syndicalisme indépendant. Au congrès constitutif de la CGT-FO, en avril 1948, il devient le premier secrétaire général de la nouvelle confédération. En novembre 1963, il quitta volontairement son poste de secrétaire général de la confédération Force ouvrière, organisa sa succession — André Bergeron lui succéda — et prit soin de ne pas prendre parti dans la vie interne de la nouvelle direction de la confédération. Bothereau fut alors appelé à occuper plusieurs fonctions importantes : conseiller général de la Banque de France de 1963 à 1973, conseiller d’État en service extraordinaire de 1964 à 1967. À ce titre, il représenta la France auprès de l’Organisation internationale du travail.
La communarde Herminie CADOLLE (Eugénie Cadolle : 1842-1924), qui devint ensuite la créatrice d’une maison de lingerie à Buenos Aires puis à Paris, et la créatrice du premier soutien-gorge « moderne » (1889), appelé à cette époque « corselet-gorge » ou « maintien-gorge ».
L’aviateur Jean DEMOZAY (1915-1945), qui se distingua au cours de la Seconde
Guerre mondiale : il remporta 21 victoires aériennes homologuées et deux probables, ce qui fait de lui le troisième as français de la Seconde Guerre Mondiale. En juin 1943, il fut affecté au commandement des Forces Aériennes Françaises du Moyen-Orient. En avril 1944, il fut nommé au cabinet militaire du Commissaire de l’Air à Alger. Il créa alors le Groupe Aérien de Coopération "Patrie" destiné à soutenir les Forces françaises de l’intérieur du Sud-Ouest en France. Il mourut dans un accident d’avion dans les Yvelines. Il fut fait Compagnon de la Libération.
Le médecin Jacques Nicolas PELLIEUX (1750-1832), auteur d’une Histoire de Beaugency.
Marcel TEMPORAL (1881-1964) : architecte (c’est ce qui est écrit sur la tombe),
c’est davantage en tant que marionnettiste qu’il se fit connaître dans le Monde, sculptant lui-même ses marionnettes. Cherchant à réunir les traditions de l’art de la marionnette et à lui redonner son rang parmi les spectacles, il avait créé dès 1903 un théâtre, les Bonshommes Tempo, écrit des pièces, monté des spectacles pour l’Exposition de 1937, et fondé l’Association des compagnons de la marionnette. Avec lui repose son épouse, la soprano Marcelle GERAR (Marcelle Regereau : 1891-1970), qui fut une amie et interprète de Maurice Ravel.
Aux détours des allées, un simple hommage d’un fils à son père nous permet d’évoquer un épisode peu connu de l’histoire : "Lionel Roger Bernard / 1890-1968 / Mutin de la mer noire / Gloire à toi / Ton fils". Les mutineries de la mer Noire sont une série de
révoltes survenues dans les troupes terrestres et les bâtiments français de l’escadre de la mer Noire en 1919, alors que le gouvernement français soutenait les forces russes « blanches » (tsaristes) contre les révolutionnaires « rouges » (bolcheviques) pendant la guerre civile russe. L’intervention française, menée avec de trop faibles moyens navals et terrestres dans un pays hostile, fut un échec qui n’est pas dû aux mutineries, ces dernières n’intervenant qu’après la décision de mettre un terme aux opérations militaires. Après le retour de l’expédition, les mutineries reprirent et touchèrent presque tous les ports où stationnaient des navires de guerre : à Brest, Cherbourg, Bizerte, Lorient et Toulon avant de se terminer par une ultime mutinerie en Méditerranée orientale. Une centaine de marins furent condamnés par les tribunaux militaires, mais assez rapidement amnistiés. Ces événements furent par la suite récupérés par le Parti communiste français, car plusieurs de ses membres y avaient participé et revendiquaient un rôle majeur dans leur organisation. Ces troubles sont aujourd’hui analysés et compris dans le contexte de la vague révolutionnaire qui frappa l’Europe à la fin de la Première Guerre mondiale à la suite de l’épuisement des belligérants et aux espoirs mis par une partie de l’opinion dans la Révolution russe de 1917.
Plus rare, le cimetière de Beaugency possède un monument commémorant les victimes du STO.
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