RENOIR Auguste (1841-1919)
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Celui qui reste l’un des peintres les plus connus en France demeure en grande partie inclassable : s’il reste attaché à l’école impressionniste (à tel point qu’il en est l’un des plus éminents représentants), il s’en éloigna souvent. Par le sujet en premier lieu : admirateur de Raphael et de Ingres, Renoir préféra peindre la femme que les paysages. Il l’aima plantureuse...
- Acte de naissance d’Auguste Renoir - Limoges, 1841.
Sa carrière peut se décomposer en 4 parties distinctes : de 1870 à 1883, dans le sillage de ses amis Monet et Sisley, il est dans sa période impressionniste. Les toiles les plus caractéristiques de cette époque sont le Déjeuner des canotiers et le Moulin de la Galette.
De 1893 à 1890, il est dans sa période ingresque : les traits se font plus précis, les couleurs plus chaudes...
De 1890 à 1900, c’est la période dite nacrée : il conserve les sujets Ingres mais reprend la fluidité des traits. La principale œuvre de cette période est les Jeunes filles au piano.
Installé à Cagnes-sur-Mer (où il décède), la quatrième période est dite cagnoise. Il s’adonne alors également à la sculpture avec son ami, le jeune sculpteur catalan Richard Guino. C’est ce dernier qui est l’auteur des ornementations en bronze sur les tombes de la famille Renoir, à commencer par celui du peintre.
Aline, La femme de Renoir, s’éteignit à Nice le 27 juin 1915 dans leur appartement niçois. On l’inhuma dans le cimetière du château à Nice, dans le caveau prêté par la famille Roumieux. Le vieux peintre mourut à son tour à Cagnes, le 3 décembre 1919. Il rejoignit son épouse dans le même caveau au cimetière du château de Nice. Deux ans et demi plus tard, le 7 juin 1922, les dépouilles mortelles du couple Renoir furent transférées dans le cimetière d’Essoyes, village natal d’Aline.
Dans le même tombeau qu’Auguste Renoir reposent également deux de ses fils qui se sont chacun illustrés dans leur art :
Pierre RENOIR (1885-1952), le fils aîné d’Auguste, devint acteur et intégra en 1928 la troupe de Louis Jouvet après avoir été sérieusement blessé durant la Première Guerre mondiale. Il joua son premier grand rôle en 1932 sous la direction de son frère Jean (La Nuit du carrefour) en incarnant le commissaire Maigret. De tous les rôles qu’il eut jusqu’en 1951, le plus marquant fut celui de l’officier de la Bandera, de Julien Duvivier. Pierre Renoir fut le père de Claude (voir plus loin), et donc le grand-père de la comédienne Sophie Renoir, qui possède toujours la maison familiale d’Essoyes. Sur la tombe familial, un médaillon en bronze non signé (de Guino ?) le représente dans sa jeunesse.
Jean RENOIR (1894-1979) fut le second fils d’Auguste. Il devint cinéaste et ses films, longtemps incompris, sont aujourd’hui considérés comme des chefs-d’oeuvres qui annoncèrent, par leur réalisme et les mutations qu’ils imposèrent, la génération de la Nouvelle Vague.
Sa carrière fut longue (de 1924 à 1971). On lui doit, pour ne citer que les plus connus, Les Bas-fonds, avec Louis Jouvet, la Grande illusion, avec Erich Von Stroheim, Gabin et Fresnay, La Bète humaine, d’après Zola, et French cancan (toujours avec Gabin), La Règle du jeu et la Marseillaise, considérés comme ses chefs-d’oeuvres, Boudu sauvé des eaux, avec Michel Simon. Mal adapté au cinéma américain, l’essentiel des films qu’il tourna à Hollywood ne furent pas des œuvres majeures.
Tout comme son frère, un médaillon de bronze le représente enfant sur la tombe.
Dans ce même tombeau repose enfin Dido FREIRE (1907-1990), seconde épouse de Jean Renoir, qui était la fille d’un diplomate brésilien et la nièce du réalisateur Alberto Cavalcanti, et qui fut script sur plusieurs films de son mari.
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L’évocation n’est pas terminée : effectivement, derrière le tombeau Renoir se trouve un autre tombeau de famille. Il est la dernière demeure de :
Aline Victorine CHARIGOT (1859-1915), qui après avoir été le
modèle du peintre (elle apparaît sur de nombreux tableaux, en particulier le Déjeuner des canotiers et la Danse à la campagne), devint son épouse. C’est elle qui était native d’Essoyes et qui fit connaître son village à Renoir qui y acheta une maison. Elle fut la mère des trois fils du peintre.
Richard Guino avait également réalisé un buste pour sa tombe, inspiré d’ailleurs de l’une des toiles de Renoir, mais celui-ci fut volé en juillet 2005 (comparaison des deux photos). Elle n’est donc pas inhumé avec son mari mais avec son troisième fils, Claude.
- Avant 2005, le buste est toujours là...
Claude RENOIR (1901-1969) fut le troisième enfant du couple.
Surnommé Coco, il fut souvent peint par son père dans sa jeunesse. Plus tard, son père le forma à l’art de la céramique : il acquit dans ce domaine un don certain. Dans les années 30, il fut attiré par le cinéma et devint producteur de certains des films de son frère Jean.
Claude RENOIR Jr (1913-1993), qui était le fils de Pierre Renoir et qui fut le père de la comédienne Sophie Renoir, ne doit pas être confondu avec son oncle qui portait le même prénom et dont il partage le tombeau. Il fit une brillante carrière dans le domaine du cinéma en tant qu’opérateur de prises de vues, puis directeur de la photographie, souvent aux côtés de son oncle Jean, mais aussi d’autres prestigieux réalisateurs tels que : Henri-Georges Clouzot pour Le mystère Picasso en 1955, Alexandre Astruc pour Une vie, Roger Vadim pour Et mourir de plaisir, Jacques Becker pour Rendez-vous de juillet, ou encore Marcel Carné pour Les tricheurs...
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