PUYLOUBIER (13) : cimetière

visité en mai 2023
samedi 27 mai 2023
par  Philippe Landru

Le cimetière de Puyloubier offre une belle vue sur les derniers contreforts de Sainte-Victoire.

Depuis 1954, la Légion étrangère a installé sur la commune une maison de retraite pour ses légionnaires. L’institution des invalides de la Légion étrangère occupe un vaste domaine à l’est du village, accueillant les anciens légionnaires valides et invalides blessés, malades ou inadaptés.

Le cimetière de la commune reflète cette dimension militaire. L’espace central est occupé par un vaste monument aux Morts répertoriant les identités des légionnaires décédés lors des différentes opérations depuis sa création (la dernière en date fut celle d’Afghanistan).

A droite de ce monument ont été placées les grilles du premier monument élevé en 1892 sur la terre même de Camerone au Mexique, et rapportées ici en 1975.

Devant ce monument, une tombe collective simple contient les dépouilles du :

  • général Paul-Frédéric ROLLET (1875-1941), qui commanda à partir de 1917 le régiment de marche (RMLE) de la Légion étrangère. Sous son commandement, le régiment se couvrit de gloire lors des combats de Hangard-en-Santerre, de la Montagne de Paris, puis en perçant la ligne Hindenburg. À la fin de la guerre 1914-1918, il participa à la pacification du Maroc avec son régiment devenu le 3e REI. En 1925, il prit le commandement du 1er régiment étranger à Sidi-Bel-Abbès où il resta jusqu’à l’organisation des fêtes du « centenaire » de la création de la Légion étrangère, en 1831, célébrées le jour anniversaire du combat de Camerone. il prit ensuite le commandement de l’Inspection de la Légion étrangère, poste créé tout spécialement à son intention. Il a consacré les dernières années de sa carrière à l’organisation de la Légion étrangère moderne et à la réalisation d’une œuvre sociale considérable au profit des légionnaires. Figure légendaire de la Légion étrangère, il est encore surnommé "Père de la Légion". Son portait est traditionnellement affiché dans tous les bureaux de la Légion Étrangère au dessus de celui du COMLE et du chef de corps.
  • du prince Aage de DANEMARK (1887-1940) : prince de Danemark puis comte de Rosenborg (il était le petit-fils du roi Christian IX de Danemark et l’arrière-petit-fils maternel du roi des Français Louis-Philippe Ier, créateur de la Légion étrangère), il renonça à ses droits dynastiques après avoir épousé une femme issue de la noblesse italienne, mais non de sang royal. Il servit durant 17 ans au sein de la Légion étrangère, et devint l’une des figures emblématique de la campagne d’Algérie du début du XXe siècle. Il fut d’abord enterré au cimetière d’El-Hank à Casablanca (Maroc), puis selon son vœu, sa dépouille fut transférée sept ans plus tard, à Sidi Bel Abbès (Algérie), avant le dernier transfert en ce lieu en 1962.
  • L’adjudant-chef Jerzy STRUZYNA (1909-1946), mort en Indochine.
  • Légionnaire allemand Heinz ZIMMERMANN (1937-1961), tué en Algérie, qui fut l’un des derniers légionnaires mort durant cette guerre. Le 29 septembre 1962, après le départ des unités Légion d’Algérie (et de la maison mère à Sidi-bel-Abbès), les cercueils du général Rollet, du prince Aage de Danemark et du légionnaire de 1re classe Zimmermann furent rapatriés au cimetière de Puyloubier.

Dans le mur du monument furent scellées les cendres du Compagnon de la Libération Otto WAGNER (1902-1974). Saint-Cyrien à titre étranger, il servit d’abord l’armée de son pays natal puis le gouvernement en exil de celui-ci après l’annexion des Sudètes. Engagé dans la Légion étrangère et les Forces françaises libres, il participa aux combats de la Seconde Guerre mondiale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord puis sur les côtes de l’Océan Atlantique. Il fut fait Compagnon de la Libération. De retour en Tchécoslovaquie après le conflit, il réintégra l’armée tchécoslovaque mais en fut limogé quelques années plus tard par opposition au régime communiste. Selon son désir, ses cendres ont été transférées ici en 1976. Le site des Compagnons de la Libération l’indique au cimetière de la Légion étrangère d’Aubagne (13).

Face au monument aux Morts se trouve une cinquantaine de tombes de légionnaires, certaines abritant deux dépouilles qui ne sont parfois liées ni géographiquement, ni dans le temps.

Parmi ces sépultures se trouvent les tombes de :

  • le prêtre catholique Jules HIRLEMANN (1901-1987), qui passa dans les Forces françaises libres en août 1940, au moment où le Tchad, où il se trouvait, se rallia à la France libre. Aumonier militaire, il participa aux campagnes d’Erythrée et de Syrie. Il se distingua ensuite par son dévouement constant à la bataille de Bir-Hakeim, à la bataille d’El Alamein, lors de la campagne de Tunisie puis à la campagne d’Italie. Il se tint dans les postes avancés et suscita l’admiration par son courage en visitant les blessés en première ligne. Lors de la bataille des Vosges, où il resta en première ligne au plus fort des combats, il organisa l’évacuation des blessés et la recherche des morts. Il fut nommé aumônier de la Légion étrangère en septembre 1944, at s’acquitta de cette mission à Sidi Bel Abbès jusqu’en 1959. Il était Compagnon de la Libération.
  • le lieutenant-colonel Pierre-Paul JEANPIERRE (19612-1958), qui après la campagne de Syrie-Liban refusa de rejoindre les rangs des FFL et retourna dans les rangs de la Légion étrangère à Marseille. De là, il gagna la Résistance (réseau Vengeance du mouvement « Ceux de la Libération ») lors de l’invasion de la zone libre. En 1944, il fut fait prisonnier et interné au camp de Mauthausen puis libéré par les Alliés. Il participa ensuite, en tant que parachutiste, aux guerre d’Indochine puis d’Algérie, où il livra la bataille d’Alger, avant d’être abattu dans son hélicoptère.
  • René MOREL (1909-1974). Officier d’infanterie, il décida, pendant la Seconde Guerre mondiale, de rejoindre les forces françaises libres. Au sein de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, il combattit en Norvège, au Moyen-Orient, en Afrique, en Italie et en France. Il participa ensuite aux conflits en Indochine et en Algérie : en 1961, fidèle au général de Gaulle, il refusa de participer au putsch des généraux et subit deux attentats. Il occupa d’importants postes de commandement et d’état-major tout le reste de sa carrière qu’il termina au grade de général de division. Il était Compagnon de la Libération.

Enfin, en face de cet ensemble militaire se trouve le caveau de l’Amicale de la Légion.

Toujours dans le cimetière, mais en dehors du carré militaire où il avait demandé à être inhumé, repose le père Louis DELARUE (1913-1998). Ancien aumônier parachutiste, notamment à la Légion étrangère pendant la guerre d’Algérie, il approuva la torture et les interrogatoires « musclés » de l’époque au nom de l’urgence à réunir des renseignements opérationnels. En avril 1961, il fut « en accord complet » avec le « putsch » des généraux, mais, cloué au lit après s’être cassé une jambe, il n’y participa pas. Après sa retraite, il sortit de sa réserve à deux reprises. D’abord, il publia un livre de souvenirs intitulé Avec les paras du 1e REP, où il exalta l’héroïsme des parachutistes de la Légion étrangère. Ensuite, il témoigna au procès du général Raoul Salan, poursuivi pour avoir inspiré l’Organisation armée secrète (OAS) contre le général de Gaulle.

En dehors de cette forte dimension militaire, c’est également dans ce cimetière que reposent :

- Henri FROIDFOND (1906-1962) : journaliste au quotidien régional
Le Méridional - La France, il fut maire de la commune de Puyloubier.

- l’actrice Yvonne GAMY (Yvonne Gamerre : 1904-1997). Elle commença sa carrière de comédienne au milieu des années 1920, puis se tourna rapidement vers le théâtre de boulevard, et les comédies dites "provençales". On l’a vit également à la télévision. Marcel Pagnol la recruta pour deux de ses films : si elle joua dans sa version de Manon des sources, en 1952, elle participa en 1985 à celle de Claude Berri où elle jouait un rôle court mais fort : celui de Delphine, la vieille aveugle, qui apprend à César Soubeyrand-Yves Montand qu’il était le père de Jean de Florette.


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samedi 29 octobre 2022

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vendredi 14 février 2014

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