SAINT-DENIS-LES-REBAIS (77) : cimetière protestant de Vaultavosne
par
Article et photos de Jean-Pierre Bordier.
Sur la commune de Saint-Denis-les-Rebais, près du hameau des Pleut, on découvre, en plein bois, le minuscule cimetière protestant de Vaultavosne. Ce lieu-dit abritait depuis le Moyen Âge un bâtiment habité et un pressoir, propriété de l’abbé de Rebais, seigneur du lieu. Devenu bien national à la Révolution, l’ensemble est racheté par deux protestants et transformé par la commune en temple, inauguré en 1811. Celui-ci s’est effondré avant 1858, il ne reste que le cimetière qui le jouxtait, encore utilisé de nos jours.
Le lieu est charmant et romantique à souhait. Le chiendent et les plantes sauvages croissent librement entre les tombes, évoquant un retour à la nature bien oublié de nos jours dans beaucoup de cimetières campagnards, promis à un hygiénisme de bon aloi. Le long d’un mur, s’alignent d’anciennes stèles de tombes relevées.
Lorsque je suis retourné dans ce cimetière, en octobre 2018, j’eu la surprise d’y découvrir la sépulture d’un certain Guillaume Anne Lestevenon de Berkerrode, diplomate Hollandais.
Voici ce qu’en dit sa fiche Wikipédia (qui le nomme Berkenrode) : « Issu d’une famille de régents d’Amsterdam, Willem Anne Lestevenon naît en 1750 à Paris, où son père, Mattheus Lestevenon, est ambassadeur des Provinces-Unies près du roi de France. En 1760, il est envoyé à Leyde étudier le droit. À sa sortie, en 1768, il devient bailli de la ville et de la baronnie de Bréda. Dix ans plus tard, il s’installe à Haarlem et rentre au vroedschap de la ville. Échevin, il est envoyé aux États de Hollande en 1783 puis aux États généraux des Provinces-Unies l’année suivante.
En 1784, les États le désignent ambassadeur à Bruxelles près de Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine, gouvernante des Pays-Bas autrichiens. Il est un ardent partisan des patriotes bataves, ce qui conduit Guillaume V d’Orange à le limoger. Il reste toutefois à la tête des patriotes de Haarlem, où il devient marguillier.
Lorsque la Révolution batave éclate et que Guillaume V fuit en Angleterre le 19 janvier 1795, Lestevenon renverse la municipalité de la ville pour remplacer les orangistes par des patriotes. Lui-même est envoyé comme représentant aux États généraux. Considéré comme l’un des diplomates les plus habiles de son pays, il fait partie des représentants bataves chargé de négocier avec la France le Traité de La Haye, signé le 16 mai.
Le 27 janvier 1796, il est élu député de Haarlem à la première assemblée nationale batave et siège à la commission des Relations extérieures. Le 18 juin, il est envoyé à Paris représenter la République batave dans les négociations avec les princes allemands, l’empereur François II et la France, avec Jan David Pasteur. Il est mêlé à un scandale sexuel au milieu de l’année 1797 et démissionne de toutes ses fonctions. »
Ce fameux scandale, dit un site dont je n’ai hélas pas relevé la référence, serait la révélation de son homosexualité alors qu’il était marié et père de famille.
Son épitaphe est toute différente : « Ici repose Guillaume Anne Lestenon de Berkerrode, originaire de Hollande. Né à Paris le 14 octobre 1750 décédé à la Ferté-Gaucher le 4 octobre 1830.
Les hautes missions diplomatiques qui lui furent confiées près les cours de Londres de Rome et de Vienne ont révélé en lui une profonde instruction, un esprit élevé et une haute capacité.
Les bienfaits qu’il répandit autour de lui, les vertus dont il était le modèle, le charme de ses relations intimes, ont attesté que jamais âme ne fût plus belle que celle qui l’animait.
Ami des pauvres, amant de la Liberté, partisan de toutes les généreuses inspirations, il vécut 80 ans et son existence fut beaucoup trop courte et tous ceux qui l’ont connu le regretteront éternellement.
A sa mémoire ».
Merci à Jean-Pierre Bordier.
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