LAMOTTE-BEUVRON (41) : cimetière
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Le cimetière de Lamotte-Beuvron n’offrirait pas grand intérêt si ne s’y trouvait la tombe de deux sœurs peu connues dont pourtant tous les Français (et au delà...) connaissent l’invention.
A partir du Second Empire, Lamotte-Beuvron, bien reliée par chemin de fer à Paris, était devenue la « capitale de la chasse » solognote, fréquentée par hommes d’affaires et hommes politiques. Face à la gare, l’hôtel Tatin était alors un relais gastronomique réputé. C’est là que, dans les dernières années du XIXe siècle, les restauratrices, les sœurs Stéphanie (1838-1917) et Caroline (1847-1911) TATIN inventèrent - par hasard dit-on - la célèbre tarte Tatin.
Un dimanche d’ouverture de la chasse, alors qu’elle préparait une tarte aux pommes pour un de ces repas de chasseurs, Stéphanie, étourdie, oublia dans le feu de l’action de mettre une pâte dans le moule et l’enfourna simplement avec des pommes. S’apercevant de son oubli, elle décida de rajouter simplement la pâte par dessus les pommes et de cuire la tarte ainsi. Une autre tradition raconte que dans l’empressement, l’une des sœurs Tatin aurait renversé la tarte en la sortant du four et pour lui donner une allure présentable l’aurait repassée au four. Une autre version encore prétend que l’une des sœurs aurait laissé brûler la tarte et, pressée par le temps, elle aurait rajouté de la pâte par-dessus avant de l’enfourner à nouveau. Il semblerait qu’en réalité, la tarte « renversée » aux pommes ou aux poires était une ancienne spécialité solognote que l’on retrouvait dans tout l’Orléanais. Elle fut simplement rendue célèbre par les sœurs Tatin qui passèrent ainsi à la postérité.
Ce dessert fut en réalité révélé aux gastronomes par le plus célèbre d’entre eux, Curnonsky, surnommé « le prince des gastronomes » qui en fit l’éloge en 1926 dans le volume de La France gastronomique consacré à l’Orléanais sous le nom de « tarte des demoiselles Tatin » : la légende pouvait dès lors se répandre. L’hôtel des sœurs Tatin existe toujours.
Un indice pour trouver la tombe des soeurs Tatin (qu’on ne saurait confondre avec les soeurs Papin, qui s’illustrèrent dans un tout autre domaine !) : leur tombe se situe juste derrière la seule sépulture du cimetière à posséder un médaillon, celle d’un ancien maire de la commune (Ernest Gaugiran).
Est-ce à la suite de mon article ? Toujours est-il qu’une plaque récente a été déposée sur leur tombe, rendant leur identification plus facile.
Merci à Michel Schreiber pour la photo de la plaque.
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