Les Dessalines d’Orbigny : du naturalisme au cinéma

vendredi 3 janvier 2025
par  Philippe Landru

La famille Dessalines d’Orbigny est une famille de haute bourgeoisie de La Rochelle, dont plusieurs représentants se sont distingués au XIXe siècle comme naturalistes, et qui a donné une lignée d’armateurs du XIXe au XXe siècle.

Ne serons présentés dans cet article que les membres de la famille ayant acquis une certaine notoriété. D’autres membres, qui reposent dans les caveaux de famille, apparaissent dans les arbres généalogiques.


1ère génération


- Charles Marie DESSALINES D’ORBIGNY (1770-1856) était un créole blanc né dans la colonie française de Saint-Domingue et issu d’une famille de planteurs esclavagistes, qui se trouvant en métropole pour les études, échappa à la mort lorsqu’un de leurs anciens esclaves révoltés, Jean-Jacques (Dessalines), se vengea en tuant ses anciens maîtres et seize de leurs enfants. À la suite de ses études, il s’engagea dans la marine et devint aide-chirurgien. Il se passionna alors pour l’histoire naturelle et devint correspondant du Muséum national d’histoire naturelle. Membre de diverses sociétés savantes, il participa à la fondation de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure.


2ème génération


- Alcide Charles Victor (1802-1857), premier fils du précédent. Paléontologue et naturaliste, il s’embarqua pour l’Amérique du Sud et publia, entre 1834 et 1847, son œuvre monumentale en neuf volumes Voyage dans l’Amérique Méridionale que l’on peut comparer à celle de Humboldt sur l’Amérique équatoriale. Il se spécialisa dans l’étude de petits fossiles marins, et du pollen trouvé dans les roches sédimentaires : il est ainsi considéré comme le fondateur de la micropaléontologie. Alcide d’Orbigny décrivit plus de 3 000 espèces dont 2 500 sont nouvelles. Il fut l’auteur d’une œuvre scientifique considérable. Il repose au cimetière de Pierrefitte-sur-Seine (93) où il s’était installé.

- Gaston Edouard (1805-1883), frère du précédent, également naturaliste spécialisé dans l’étude des algues marines. Il repose avec son père dans le caveau familial du cimetière Saint-Eloi de La Rochelle (17).

- Charles Henry (1806-1876) : botaniste et géologue, il dirigea la parution du Dictionnaire universel d’histoire naturelle (1841-1849 en seize volumes, considéré comme l’une des meilleures encyclopédies d’histoire naturelle du XIXe siècle. Il fut inhumé dans la 95ème division du cimetière du Père-Lachaise.


3ème génération


- Alcide Charles (1835-1907), fils de Gaston Edouard, il fonda en 1865 l’armement D’Orbigny, pour le commerce de charbon de terre et de fer, à La Rochelle dont il fut maire de 1893 à 1905 (il joua un important rôle dans la construction et le développement du port de La Pallice). Il se fit construire l’hôtel particulier, qui devint plus tard le Musée d’Orbigny Bernon. Il repose dans le caveau familial du cimetière Saint-Eloi de La Rochelle (17).

- Louis (1844-1861) et Marcel (1848-1861), frères du précédent, étaient en villégiature au château d’Orbigny, entre Saint-Jean-des-Sables et le village de Châtelaillon, quand ils moururent jeunes accidentellement, comme le relate cet article de L’Écho Rochelais du 6 mars 1861 :

Encore au cœur d’un membre d’une estimable famille de La Rochelle, une douleur d’autant plus déchirante qu’elle était plus inespérée, et qu’elle a été causée par un accident fortuit des plus déplorables. Dimanche dernier, deux enfants, les deux frères, petits-fils et neveux de naturalistes distingués de notre pays, s’étaient, selon leur habitude, dirigés dès le matin vers le rivage, pour recueillir soit des coquillages dont ils se plaisaient à faire collection, soit pour détacher des anfractuosités de la falaise des mosaïques naturelles qu’on y trouve fréquemment ; c’est la passion dominante de la famille des d’Orbigny qui a toujours aimé à étudier la nature dans ses diverses productions. Ces deux enfants avaient gagné le platin d’Angoulins. Un douanier, de service sur les lieux, les avait aperçus dans la journée du dimanche, détachant avec un marteau et un ciseau à froid des coquilles ou des pierres adhérentes aux roches de la côte. Cependant, la nuit vint, la soirée se passa, la matinée également et les enfants n’avaient pas reparu.

La famille se mit immédiatement à leur recherche, et c’est par un de leurs camarades qui les avaient accompagnés la veille, qu’on apprit qu’ils étaient allés sur les bords de la mer, à Angoulins. On rechercha donc leurs traces de ce côté ; on questionna, et l’on sut du douanier dont nous avons parlé qu’il les avait vus, en effet, longtemps occupés à leur besogne, dans un espace qu’il désigna ; on recommença les investigations plus attentivement sur les lieux indiqués et qu’on avait déjà parcourus, et l’on observa un affaissement de terrain, l’éboulement récent d’une éminence de la falaise.

On se mit, par pressentiment, à déblayer cet amas énorme de terre et de grosses roches, et l’on découvrit sous les décombres les cadavres des deux infortunés, écrasés, broyés de telle sorte qu’ils étaient méconnaissables. L’un d’eux tenait encore à la main le marteau, marteau fatal qui avait sans nul doute ébranlé la masse suspendue sous laquelle ils se trouvaient, lorsqu’ils avaient voulu, on le suppose, arracher l’une de ces pierres-arabesques, objet de leurs recherches studieuses. L’un avait 16 ans, l’autre 12…

Dans la journée de mardi, on les a ensevelis, et aujourd’hui mercredi, ils ont été amenés au cimetière de notre ville, pour reposer l’un près de l’autre, frères inséparables dans la mort, comme ils l’avaient été dans la vie !


4ème génération



- Suzanne (1870-1962) : fille de Gaston Alexis, elle fut poétesse (elle utilisa également le pseudonyme-anagramme Plécéla). Elle épousa Albert Capelle qui succéda à Alcide Charles à la tête de l’entreprise familiale.


6ème génération


- François BERAUD (1914-1953) : fils d’Armand et de Symone Renaud, arrière- arrière petit fils de Gaston Edouard, qui fut peintre et décorateur. Il repose avec son épouse dans le caveau familial du cimetière Saint-Eloi de La Rochelle (17).

Ils furent les parents de :

  • Luc BERAUD (né en 1945), scénariste de Claude Miller (en particulier de L’Effrontée) qui reçut 1977 une nomination au César du meilleur scénario original ou adaptation pour La Meilleure Façon de marcher. Il fit des débuts remarqués à la réalisation avec La Tortue sur le dos (1978), puis Plein sud (1981), interprété notamment par Patrick Dewaere. Après l’échec de sa comédie La Petite Amie (1988), il se tourna vers la télévision.
  • Agnès BERAUD (née en 1952), attachée de presse des Cahiers du cinéma et scénariste, et épouse du réalisateur Patrice Lecomte.

- Didier BERAUD (1929-2019) : Comédien et directeur de théâtre, il fit ses débuts au théâtre dans la troupe de Jean Dasté, à la Comédie de Saint-Etienne, en 1948. Trois ans plus tard, il revint à Paris et joua dans divers petits théâtres puis au Théâtre Hébertot, et au Théâtre National Populaire. Il partit pour le Maroc en 1954 et travailla à Rabat comme animateur pour le département Jeunesse et Sports. Il y développe un travail pédagogique fondé sur l’improvisation. Il rentra en France en 1956 et devint administrateur général du Centre dramatique de l’est à Strasbourg. Il fut enfin directeur de la maison de la culture de Grenoble de 1966 à 1972. Il repose dans le caveau familial du cimetière Saint-Eloi de La Rochelle (17).


Merci à Nicolas Badin pour les photos de La Rochelle.
Sources :
- Wikipedia
- racontemoiangoulins.fr
- didierberaud.home.blog
- www.bellone.be


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