MANGIN Famille
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Plusieurs tombeaux dans Paris permettent de raconter une histoire familiale essentiellement composée de militaires, et pour le coup de corriger certaines erreurs que l’on lit régulièrement sur eux sur le net.
Cette famille Mangin est originaire de Metz (57). Le premier tombeau qui nous intéresse est celui de Montparnasse, dans la 8ème division.
Ce vaste tombeau familial évoque certains individus effectivement inhumés ici, mais également le souvenir d’autres membres de la famille inhumés ailleurs.
Repose ici en particulier Henri Claude MANGIN (1786-1835) qui fut préfet de police de Paris au moment des Trois Glorieuses. C’est lui qui ordonna la saisie des presses des quatre journaux qui, bravant les ordonnances de Saint-Cloud, avaient paru sans autorisation. Ce fut là le signal de la révolte des ouvriers typographes qui servit de détonateur à la révolution de 1830.
Le tombeau évoque ensuite plusieurs membres de la famille, à savoir :
Le général Eugène Mangin (1819-1867), inhumé à Metz
- La plaque indiquant les personnes de la famille reposant dans le tombeau du cimetière de l’Est de Metz n’existe plus. Seul subsiste une plaque, "à la mémoire" du préfet de police et du général Charles Mangin.
Le lieutenant Henri Mangin (1858-1885), inhumé à Lang Son
Ferdinand Mangin (1885-1903), inhumé à Ceylan
Le capitaine Georges Mangin (1873-1908), inhumé à Fort Capellani (Mauritanie)
Le père blanc Eugène Mangin (1878-1922), inhumé à Segon (Soudan)
Le lieutenant Henri Mangin (1907-1933), inhumé à Marrakech
Une famille de militaires donc, et particulièrement dans le domaine de l’infanterie coloniale. Il y a dans ce caveau cénotaphe de Montparnasse une volonté de rassembler une famille dont beaucoup tombèrent au combat aux quatre coins de la planète.
Le plus célèbre membre de la famille est également évoqué sur cette tombe : il s’agit du général Charles MANGIN (1866-1925).
Ancien élève de Saint-Cyr, il combattit sur un très grand nombre de sites africains à la tête des tirailleurs sénégalais. Il participa notamment à la mission Congo-Nil en 1898-1900 sous les ordres de Jean-Baptiste Marchand, notamment lors de la « Crise de Fachoda », puis prit part à la conquête du Maroc, sous les ordres de Lyautey. C’est à cette époque qu’il fut convaincu de la valeur de ces troupes, et qu’il devint un partisan ardent d’une armée africaine, la « force noire », plus nombreuse et plus puissante, au service de la France.
Acteur principal de la Première Guerre mondiale, il y fut un adversaire de Pétain. Il démontra la supériorité de l’attaque sur la défense, préfigurant ainsi les analyses de De Gaulle. Il fut un personnage très dur, peu bienveillant envers les prisonniers, partisan d’une répression féroce lors des mutineries.
Il mourut subitement (on parla d’un empoisonnement). Si sa mémoire est évoquée ici, ainsi que sur le tombeau de famille de Metz, il repose en réalité aux Invalides. Il avait épousé en secondes noces Antoinette Charlotte Cavaignac, fille de Jacques Marie Eugène Godefroy Cavaignac, ministre de la IIIe République et petite-fille du général Cavaignac. Elle repose dans ce tombeau de Montparnasse.
La mémoire de l’un de ses fils est évoquée sur la tombe : le Compagnon de la Libération Stanislas MANGIN (1917-1986).
Ancien élève de Saint-Cyr comme son père, il entra dans la Résistance où il fut chargé du renseignement. Il participa également à la libération de l’Italie, puis de la France. Il fut après la guerre haut fonctionnaire, en particulier Maître des requêtes au Conseil d’État puis conseiller d’État.
C’est pourtant au Père Lachaise qu’il repose, dans la 44ème division. Il n’y
repose pas seul, mais est avec son beau-frère (l’époux de sa soeur Françoise) Jacques LECOMPTE-BOINET (1905-1974). Fonctionnaire dans les services financiers de la Préfecture de la Seine, il s’engagea également dans la Résistance. Organisateur de réseaux, il participa à la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943. Passé à Londres en octobre 1943 puis à Alger, pour participer à la première session de l’Assemblée consultative, il devint en 1944 pendant quelques jours ministre des Travaux publics. Après la guerre, il devint ambassadeur (Colombie, Finlande, Norvège). De 1955 à 1961, il occupa également les fonctions de délégué de la France au Conseil de l’Europe puis.
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