ERMENONVILLE (60) : cimetière
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Le cimetière d’Ermenonville, de taille modeste, est sans aucun doute l’un des plus jolis du département. Situé tout en haut du village, il se présente sous la forme d’un bois (appréciable en été) dans lequel les tombes semblent se disposer de manière anarchique.
Il ne fait pas de doute que l’ombre tutélaire de Rousseau, qui enveloppe toujours le village, n’est pas pour rien dans cette dimension paysagère évidente. A l’entrée du cimetière, un panneau indique le cahier des charges précis à respecter (matériaux, type de monument...).
Curiosités
Pendant la Première Guerre mondiale, Ermenonville abrita un groupe de divisions d’entraînement de l’aviation. Au fond du cimetière se trouve le monument général érigé en hommage aux 72 personnels décédés pendant cette époque au centre GDE : tous les hommes cités ne reposent pas dans ce cimetière car les familles ont réclamé un certain nombre de corps, mais on y trouve les tombes des aviateurs non réclamés.
Trois tombes similaires sont celles de Anne Grimout, Marie-Josée Treillou et Nathalie Marroig, toutes trois victimes du crash du Rio-Paris de juin 2009. Elles étaient conseillères municipales d’Ermenonville.
La tombe la plus énigmatique du cimetière est celle, datée de 1877, d’un certain Richez, dont la stèle reproduit, dans une facture bien moins ancienne, le prix de la Saint-Sébastien (concours d’archerie).
Célébrités : les incontournables...
On évoquera également la comédienne Geneviève KERVINE (Geneviève Kervingant : 1931-1989), et son époux, le chanteur et acteur Jean BRETONIÈRE (1924-2001), dont les cendres furent dispersées par avion au dessus de la forêt d’Ermenonville.
... mais aussi
En dehors de Christian Marin, les notabilités du cimetière d’Ermenonville sont une histoire de propriétaires du domaine. C’est même le cas de Jean Richard qui, rappelons le, était propriétaire de la mer de Sable.
Le domaine et le château d’Ermenonville, à partir de 1763, entrèrent dans la famille Girardin. Le plus fameux d’entre-eux, René Louis de Girardin (1735-1808), fut celui qui donna son aspect au domaine : il fut le créateur des jardins, premier jardin anglais sur le continent, et fut ainsi à l’origine de la mode des jardins paysagers anglo-chinois et des parcs à fabriques à la fin du XVIIIe siècle. C’est toujours lui qui fit venir à Ermenonville Rousseau et en devint le protecteur. C’est ce qui explique la présence, dans son parc, du premier tombeau du célèbre philosophe, que l’on imagine davantage à sa place que dans l’obscur et sordide Panthéon.
- Le lac dans le parc d’Ermenonville
- Au second plan, l’île au peuplier du tombeau de Rousseau.
René de Girardin ne repose pas ici pourtant : mort à Vernouillet (78), il fut selon sa volonté enterré à côté de son ami, le chevalier Tautest du Plain, dans le cimetière de la commuen qui a été transféré vers un autre endroit depuis. J’ignore pour l’instant si sa dalle devenue illisible est encore visible.
Le domaine d’Ermenonville demeura dans la famille Girardin jusqu’en 1878. Leur présence est visible néanmoins dans le cimetière par trois tombes :
la chapelle anonyme à l’entrée du cimetière est l’une des chapelles de famille des Girardin [1].
le prélat Eleuthère de Girardin (1811-1881), son petit-fils, repose au fond du cimetière, près du calvaire.
Louise de Girardin-de Waresquiel (1836-1920), son arrière-petite-fille, repose ici sous une composition rocailleuse.
En octobre 1878, le château entra dans la famille de Constantin Radziwiłł (1850-1920) et de son épouse Louise Blanc, fille du richissime François Blanc, fondateur de la Société des bains de mer de Monaco.
Ils eurent un fils, Léon RADZIWILL (1880-1927), qui fut l’un des modèles de Robert de Saint-Loup dans la Recherche de Marcel Proust. Eperdument attaché au domaine d’Ermenonville (dont il fut maire), il mena une vie de noceur avant d’être assassiné à Monte-Carlo. Il est inhumé dans ce cimetière.
Dans ce cimetière reposent également issus de la même famille :
La princesse Dolly RADZIWILL (1886-1966) : épouse en seconde noce de Léon (qui précède), elle fut un personnage incontournable de la vie mondaine de l’entre-deux-guerres, elle recevait dans son hôtel particulier du boulevard de La Tour-Maubourg, l’élite internationale. Elle se remaria avec le peintre danois Mogens TVEDE (1898-1977) avec lequel elle repose sous une très simple stèle.
Le prince Sigismond (Zygmunt) RADZIWILL (1822-1892) et son épouse.
[1] La branche aînée possède un caveau dans la 28ème division du Père Lachaise.
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