BEAUVAIS (60) : cimetière général
par
- Physionomie de l’ancien couvent.
- Le cimetière actuel occupe les deux tiers de son ancienne superficie.
Le cimetière général de Beauvais est très mal connu dans le monde de la taphophilie : sans doute parce les "personnalités" qui y furent inhumées ont une notoriété très locale. Il mérite cependant la visite, en particulier sa première partie, où la proportion de tombeaux anciens est la plus dense.
Ce cimetière central de Beauvais est ancien : c’est en 1791 qu’il prit la place de l’ancien couvent des Capucins qui s’y était installé en 1603.
Au loin se dessine la magnifique cathédrale de Beauvais.
Curiosités
Les chapelles massives, familiales, à la symbolique fortement catholique, dominent le lieu.
On remarque en particulier une surabondance d’anges.
On retrouve sur une vieille stèle le si reproduit "ange en pleurs" dont l’original, rappelons le, se trouve dans la cathédrale d’Amiens proche.
Une des caractéristiques particulièrement fortes de ce cimetière est l’évocation des professions des défunts. C’est une chose que l’on observe régulièrement dans les grands cimetières urbains de la France du nord, mais je ne l’ai jamais vu avec autant de régularité qu’ici (surtout, et contrairement à beaucoup d’autres lieux, ce ne sont pas uniquement les professions "notables" qui sont rappelées). On notera également l’extrême conformisme de la quasi totalité des plaques : les hommes sont à gauche, leurs épouses à droite.
Beauvais était une ville dans laquelle les différentes formes d’artisanat étaient mis en valeur. Cela est également vrai dans un certain nombre de bas-reliefs, tels celui de la famille de céramiste Greber (voir plus bas), représentant un potier à son tour, ou encore ceux du boulanger et du pétrisseur de la tombe du boulanger Antonin Lefort.
Le cimetière dispose d’une chapelle de taille respectable.
Le plus beau tombeau du cimetière est la reproduction du lit mortuaire de Madame Koch.
Le cimetière possède plusieurs oeuvres, le plus souvent sur les tombes de médecins, signées on non :
- Le buste en bronze du docteur Piedecocq, victime de son devoir en 1930, signé L. Dore.
- Le buste en pierre du docteur Gérard.
- Celui du docteur Le Vaillant du Buisson.
- Vanité illusoire du pharmacien brestois Loisel, qui rappelle en une litanie tous ses vains "titres de gloire" (tout y passe : du mérite agricole à toutes les sociétés savantes auxquelles il appartenait). Au moins, sa chapelle granitique sur le thème maritime nous offre-t-elle un bas-relief en bronze par A. Thomas et un joli vitrail.
- Un buste (et deux bas-reliefs : voir plus haut) sur la tombe du boulanger Antonin Lefort.
- Le beau monument du sergent-major Georges Blanchet, mort en 1900 en sauvant un enfant de la noyade. Le bas-relief est une œuvre de Corneille Theunissen.
- Identification illisible.
- Signé Henri Greber
L’une des parcelles militaires (on en trouve plusieurs dans ce cimetière) possède un monument aux morts imposant.
Dans un coin du cimetière (relativement discret) se trouve un "monument à la mémoire des soldats allemands de 1870-1871".
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Guy AMIOT D’INVILLE (1918-2002) : issu d’une vieilles famille de l’aristocratie, officier, il fut le seul survivant des quatre frères dont les trois autres périrent dans la Seconde Guerre mondiale (dont Hubert, qui fut Compagnon de la Libération, et qui repose au cimetière de Viterbe, en Italie). Une plaque sur la tombe rappelle la mémoire de ces trois frères décédés (deux sur le front, un en déportation).
L’architecte Jean-Baptiste Léon AUX COUSTEAUX (1814-1881).
Le général Charles-Henri de BELGRAND de VAUBOIS (1748-1839), qui après avoir participé aux guerres de la Révolution fut de l’expédition en Égypte. Il reçut le commandement de l’île de Malte et capitula devant les Anglais en 1800. Sénateur (1800), comte d’Empire, il fut fait Pair de France sous la Restauration.
L’architecte Fidélie BORDEZ (1871-1949).
Michel COMMELIN (1909-2012) : indéracinable conseiller général de 1964 à 2001 et vice-président du conseil général de l’Oise, il fut l’une des grandes figures du RPR dans le département. Il fut en 1978, pendant un mois de remplacement, un éphémère député de l’Oise.
Le général Jacques François DELACHAIZE (1743-1823), qui participa aux guerres de la Révolution. Nommé Préfet du Pas-de-Calais en 1803 ? maintenu sous la première Restauration, il fut destitué par Bonaparte sous les Cent-Jours. Son administration lui avait permis d’être nommé candidat au Sénat conservateur. Il était baron d’Empire.
Cyprien DESGROUX (1854-1927) : avocat, élu maire de Beauvais en 1906, il fut député de 1921 à 1924.
Le géologue et botaniste Louis GRAVES (1791-1857), bordelais d’origine, auteur de monographies minutieuses sur les cantons du département, qui fut l’un des membres fondateurs de la Société géologique de France et de la Société botanique de France.
La famille de céramistes GREBER, dont Charles (1853-1935), qui marqua durablement cet art bien au-delà de Beauvais. Derrière sa tombe, en dehors du cimetière, se remarque l’ancienne maison familiale de céramique, ornée magnifiquement par Henri Greber, en particulier d’un bas-relief représentant un potier à son tour assez similaire à celui qui orne la tombe (voir plus haut). Cette dernière, outre cette oeuvre, possède deux bustes en pierre et un autre bas-relief d’inspiration religieuse. [voir aussi : les Gréber, une famille de céramistes].
Robert SÉNÉ (1907-1998) : résistant, maire de Beauvais en 1947 puis sénateur de l’Oise de 1948 et 1957, il démissionna de son mandat de sénateur et fut remplacé à ce poste par Marcel Dassault. Il avait crééle journal L’Oise libérée en 1944 et l’avait dirigé jusqu’à son rachat par Marcel Dassault en 1956.
L’horloger Auguste Lucien VÉRITÉ (1806-1887), qui fabrique notamment deux exceptionnelles horloges astronomiques, dont celle de Beauvais, placée dans la cathédrale.
Photo Louis Graves : Bernard Giguet
Vérité : Nicolas Ropion
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