LUISANT (28) : cimetière
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Trois générations d’une famille ancrée en politique nous attendent dans le même tombeau, facile à trouver à l’entrée en bordure d’allée, au cimetière de Luisant. Ils en constituent l’essentiel de l’intérêt sur le plan du patrimoine funéraire.
Pol (et pas Paul) MAUNOURY (1824-1899) : avocat de formation, il quitta la France après le coup d’Etat de Napoléon et alla en Egypte, où il fut, de 1863 à 1867, avocat-conseil de la compagnie du canal de Suez. Secrétaire de Nubar-Pacha, il prit une part importante à la réorganisation judiciaire du pays et à l’introduction des lois et de la jurisprudence françaises. Il rentra en France en 1874 et fut élu député du département en 1876. Il siégea à la gauche républicaine et garda son mandat jusqu’en 1889. Il était en outre maire de Luisant.
Maurice MAUNOURY, son fils (1863-1925), qui naquit en Egypte, fut également avocat. Il « hérita » des mandats de son père : maire de Luisant en 1912, puis député de la Gauche radicale du département de 1910 à 1924. Ephémère ministre des colonies (cinq jours seulement en juin 1914 !), il partit pour le front (ce qui n’était pas classique pour un parlementaire) et dut être amputé d’une jambe. Il fut encore ministre de l’Intérieur de 1922 à 1924, où il représenta une caution « de gauche » au gouvernement de Poincaré.
Maurice BOURGÈS-MAUNOURY (1914-1993) : petit-fils du précédent, il fut celui qui exerça les postes les plus importants de la famille. Pendant la Seconde Guerre mondiale, après la mort de Jean Moulin, le général de Gaulle le délégua comme son représentant auprès des divers mouvements de la Résistance. Son activité dans la Résistance lui valut le titre de Compagnon de la Libération. Sous la IVe République, il joua un rôle important au sein du parti radical et sur la scène politique : député de la Haute-Garonne (1946-1958), ministre des Travaux publics (1950), secrétaire d’État à la présidence du Conseil (1950-1951), ministre de l’Armement et ministre des Finances (1953). Pierre Mendès France lui confia, en 1954, le ministère de l’Industrie et du Commerce, poste dont il démissionna pour prendre en charge le ministère des Forces armées en 1955. Nommé deux fois ministre de l’Intérieur (en 1955-1956 et en 1957-1958), il fut président du Conseil pendant quelques mois en 1957. Adversaire de la Ve République, il ne joua par la suite aucun rôle politique. Il repose bien dans le tombeau de famille : rien de rappelle sa présence (ni son identité, ni même la médaille des Compagnons), mais celle-ci m’a bien été confirmée par la municipalité de Luisant.
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