PÉRIGUEUX (24) : Ils sont les mémoires de Périgueux
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Pourquoi ne pas profiter de la visite au cimetière, quasi incontournable en ce jour de la Toussaint, pour faire un peu d’histoire et découvrir au détour d’une allée des détails architecturaux remarquables ? Les trois cimetières de Périgueux, ceux de l’Ouest (dans la continuité de la gare), du Nord (après l’hôpital de Périgueux, juste avant le panneau de Trélissac) et de Saint-Georges (au bout du boulevard du Petit-Change) ne manquent pas de petits trésors et de détails insolites pour qui sait ouvrir l’œil. Voici un petit guide, cimetière par cimetière.
1. A l’ouest, la tombe des maires et de Catoire
L’une des tombes marquante du cimetière de l’Ouest se situe à l’entrée, il s’agit de celle des maires. Au début de son mandat, il y a plus de trente ans, Yves Guéna avait demandé au Conseil municipal de l’époque de voter une délibération pour que les anciens maires de Périgueux, enterrés dans ce cimetière, soient regroupés à l’entrée. L’objectif entrait dans le cadre de la restructuration du cimetière créé en 1833 et qui comptait bon nombre de tombes dégradées. Des maires ayant vécu aux XVIe et XIXe siècles sont donc réunis sous la statue couchée du gisant, en habit du XIXe siècle.
En prenant l’allée de droite, on remarque également la chapelle du comte de Wlgrin de Taillefer, qui a donné son nom à la rue de centre-ville de Périgueux. Cet aristocrate avait son hôtel particulier, rue Romaine, à côté de la tour de Vésone. C’est le premier grand archéologue de Périgueux. Ce passionné d’antiquités a lancé, dans son quartier, les premières fouilles de Périgueux, au XIXe siècle.
La tombe de l’architecte Catoire, qui a façonné le centre-ville moderne, se situe à l’autre bout du cimetière. Le style est plus que dépouillé et il faut être très attentif pour apercevoir l’inscription de son nom gravée dans la pierre. Sa tombe très basique rappelle les origines modestes de celui que l’on pourrait surnommer le « Haussmann » de Périgueux car il a percé les grandes artères de la ville. « C’est un enfant de l’Assistance publique. Il fait de hautes études à Paris et il est appelé à Périgueux alors qu’il a 22 ans. Sur les bâtisses qu’il a conçues, on observe généralement un fronton triangulaire », explique Martine Balout, responsable du service patrimoine de la Ville. Hommage posthume à ce personnage phare de Périgueux : ce triangle caractéristique a été reproduit sur le sommet de sa stèle.
2. Au nord, l’immense chapelle des Magne
Le cimetière du Nord construit dans les années 1860 est grand et abrite de grandes figures de Périgueux. À l’entrée, l’immense chapelle de la famille Magne est immanquable. On y retrouve, à l’intérieur, les plaques de Pierre Magne, fils de teinturier périgourdin devenu ministre sous Louis Philippe dans les années 1830 [non : bien plus tard !!!]. Son petit-fils, Napoléon Magne, parlementaire, conseiller général de la fin du XIXe siècle, a donné ses biens au centre hospitalier. Dans le quartier Saint-Georges, sa maison natale abrite la crèche qui porte son nom.
En face, le visiteur attentif s’attardera sur les détails d’une chapelle richement décorée. Les vertus humaines sont illustrées par les personnages gravés dans la pierre. On voit ainsi la statue de la méditation qui enjoint le visiteur à « aimer les hommes comme ses frères ». À l’autre angle, Fénelon tient un livre où sont inscrits les mots tolérance et humanité. À côté, une statue s’appuie sur une tête de mort. « Le crâne fait partie des symboles utilisés dans l’art funéraire, explique Martine Balout. Cela symbolise la mort, physique et spirituelle. » Au dessus, on aperçoit des mains jointes sculptées dans la pierre. « On peut supposer que l’on a voulu ici représenter le lien entre la vie et la mort. »
Dans les allées du cimetière, on peut aussi voir la sépulture très sobre de Sem, alias Georges Goursat, caricaturiste périgourdin du début du XXe siècle, devenu ami de Coco Chanel. Ses dessins sont visibles au musée d’Art et d’Archéologie du Périgord. Les plus attentifs arriveront peut-être à déceler sur une tombe à l’abandon la gravure d’une machine à vapeur qui semble sortir de la pierre, avec juste au-dessus le compas et les autres symboles de francs-maçons. « Il s’agit peut-être de l’un des premiers cheminots de Périgueux au XIXe siècle qui était aussi franc-maçon », dit en souriant Martine Balout. Dans un tout autre genre, le cimetière abrite aussi un carré militaire avec les combattants de la Première Guerre mondiale.
3. Saint-Georges, l’Italienne inconnue
Les deux tombes les plus insolites de Périgueux se trouvent au cimetière Saint-Georges. Le visiteur ne peut pas rater celle de l’aviateur avec l’aigle en bronze qui déploie ses ailes au-dessus des stèles. Il s’agit de la tombe du lieutenant-aviateur Fernand Briault . Originaire du nord-est de la France, il semble qu’il soit tombé au combat, en Dordogne, en 1945. Un peu plus loin, sur l’aile gauche du cimetière, on retrouve la sépulture la plus mystérieuse de la ville. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne sait qui était cette femme que l’on voit représentée sur une céramique, en habits du XIXe ou début XIXe siècle, selon Martine Balout. Un globe est posé tout en haut de la colonne. Et sur la tombe, les noms des villes italiennes - « Gênes, Naples, Rome, Palerme » sont gravés. « C’est très intriguant », remarque Martine Balout. S’agit-il d’une Italienne, d’une grande voyageuse, d’une aviatrice ? La responsable du service patrimoine lance d’ailleurs un appel à ceux qui auraient des informations à lui donner sur cette tombe.
On consultera mon article sur les cimetières de Périgueux
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