GAP (05) : cimetière de la Chapelle
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Dominé par les montagnes et le bruit des hélicoptères qui se rendent vers l’hôpital, le cimetière de Gap à une superficie non négligeable mais finalement pas tant de tombeaux que cela : ici, la règle n’est pas à l’économie de place. La norme, en ce qui concerne les tombeaux, est celle du caveau familial d’ampleur. Les dalles occupent une vaste surface : elles sont généralement accompagnées de stèles plus ou moins ouvragées, le plus souvent recouvertes d’un dais en béton ou d’une marquise. L’ensemble est souvent entourées d’une grille.
Cette caractéristique dominante du cimetière de Gap donne le sentiment d’un alignement de petites serres agricoles.
La statuaire se limite à peu de choses, mais on notera toutefois le grand nombre de stèles travaillées avec attention.
Ici, on n’est pas dans le domaine de l’artiste, mais dans celui de "l’artisan honnête". L’ambiance dégagée par les monuments et les épitaphes en témoigne : s’il n’y a pas d’ostentation dans la démesure (même si les tombeaux des familles bourgeoises de la ville sont bien là), on n’en affirme pas moins son rang social et sa position. A cet égard, le cimetière de Gap est sans nul doute le plus "bavard" cimetière qu’il m’ait été donné de visiter. Il est rare de ne pas voir les professions des défunts sur les stèles. Si certaines sont de grands classiques de la dalle funéraire (notaire, médecin, professeur...), d’autres le sont moins (charcutier, boulanger, surveillant général, tailleur de pierres...). Bref, le cimetière offre une photographie de la société de Gap de 1850 à 1950.
Si elle ne s’exprime pas non plus ne manière ostentatoire, la religion est bien présente. Il est intéressant de noter que c’est également le cas chez les personnalités politiques, pourtant ancrées dans la gauche républicaine pour la plupart.
Curiosités
Une stèle mentionne, en 1845, le transfert des restes de l’ancien cimetière Saint-André.
Le carré militaire se signale par une lanterne des morts contemporaine. A sa base, une urne contient des cendres et de la terre du camp du Strutthof.
Dans ce cimetière repose Henri Le Senne (1918-1929), "fils chéri du philosophe René Le Senne" (ce dernier repose au Père Lachaise).
Célébrités : les incontournables...
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... mais aussi
Xavier BLANC (1817-1896) : avocat, républicain modéré, il fut un éphémère préfet des Hautes-Alpes en 1870 et en 1871. Il fut surtout sénateur de ce département de 1876 à sa mort. Un des sommets du massif de l’Oisans porte son nom.
Balthazar BLANC (1848-1925) : neveu du précédent, issu de la même famille bourgeoise de Gap, ce médecin fut député des Hautes-Alpes de 1910 à 1912, puis sénateur du département de 1912 à 1921.
Paul CAILLAT (1874-1947) : banquier, puis maire de Gap, il fut député des Hautes-Alpes de 1919 à 1924. Il repose avec son père, Charles CAILLAT (1834-1897), qui fut l’un des bâtisseurs de la cathédrale de Gap.
Cyprien CHAIX (1821-1899) : représentant du peuple à l’Assemblée législative de 1849, il connut la prison pour s’être opposé au coup d’Etat de 1851. Représentant en 1871, puis préfet du département de 1871 à 1873, il fut député des Hautes-Alpes 1876 à 1877 puis de 1878 à 1888. Il en fut encore sénateur de 1888 à sa mort. Comme le précise son épitaphe, il fit partie des 363 parlementaires qui votèrent la défiance à la politique de Mac Mahon, favorisant ainsi l’enracinement républicain de la France.
La peintre René Dyrl DIEUDONNÉ (1902-1999).
L’architecte de Gap Louis GARNIER (1805-1880).
Le Compagnon de la Libération Paul HÉRAUD (1906-1944), qui mit sur pied les réseaux de résistance des Hautes-Alpes, organisa sabotage d’usines et parachutages. Il fut tué en août 1944 lors d’une mission. D’abord inhumé dans la commune voisine de Tallard, il fut transféré en 1945 dans le caveau de famille de ce cimetière.
Le médecin Marcel LESBROS (1921-2007), qui fut sénateur des Hautes- Alpes de 1989 à sa mort. Il fut maire de plusieurs communes dans ce département. Sur sa tombe, une très longue plaque énumère l’ensemble de ses fonctions et de ses médailles !
David MARTIN (1842-1918) : géologue, archéologue, minéralogiste et botaniste, il découvrit la spéléologie dans les gouffres du massif du Dévoluy. Devant l’importance de ces cavités, il fit appel à Édouard-Alfred Martel en 1889 et participa à plusieurs explorations. Le nom de Chourun Martin fut donné par Martel à un gouffre du Dévoluy. Il fut également le premier conservateur du musée départemental qu’il organisa et dirigea.
Jean-Baptiste MONNIER (1813-1892) : diplômé des Arts et Métiers, il débuta au Creusot, puis aux Forges de Tamaris à la construction du chemin de fer d’Alais à Beaucaire. Il dirigea ensuite la construction de fabriques de sucre en Guadeloupe. En 1845, il fut engagé par le vice-roi d’Égypte pour bâtir un très grand nombre d’infrastructures (fabrique de sucre, moulins à farine, portes d’écluses...). Il rentra en France en 1872 et s’installa à Gap. Il repose dans la plus imposante chapelle du cimetière, dont l’intérieur est ornée de fresques polychromes.
L’ingénieur des Ponts et Chaussées Ivan WILHELM (1867-1951), natif de Moscou, qui fut le concepteur du barrage de Serre-Ponçon.
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