HERQUEVILLE (27) : cimetière
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Le petit cimetière rural d’Herqueville abrite la dernière demeure d’un Français très connu dans le monde : Louis RENAULT (1877-1944).
Issu d’une famille de commerçants aisés, étudiant peu enthousiaste mais ayant la passion de la mécanique, il installa dans la propriété familiale de Billancourt un atelier et inventa un générateur de vapeur rapide qu’il fit breveter puis dont il vendit la licence d’exploitation à la puissante firme Delaunay-Belleville, fournisseur de la Marine française. En 1898, à l’âge de 21 ans, il construisit sa première voiturette, la Renault Type A, en modifiant un tricycle De Dion-Bouton pour y ajouter une quatrième roue, une transmission par cardan, une boîte à 3 vitesses avec la troisième en « prise directe » de son invention, et une marche arrière le tout capable d’une vitesse de 50 km/h. Le 24 décembre 1898, lors du réveillon de Noël avec ses frères et des amis, en gravissant au volant de sa petite voiture devant une foule épatée, toute la rue Lepic, il empocha ses 12 premières commandes fermes : cet événement historique, la naissance de l’automobile, est rappelé par une plaque sur la Place du Tertre que les Montmartrois connaissent bien.
Quelques mois plus tard, il déposa le brevet de la boite de vitesse à « prise directe », qui fut à l’origine de sa fortune et qui fut adoptée par tous les constructeurs automobiles de l’époque.
L’acte fondateur de la société Renault Frères est signé le 25 février 1899 par Fernand, Marcel et Louis Renault. Celle-ci ne devait pas durer longtemps : en 1903, dans la course Paris-Madrid, Marcel Renault se tua au volant de sa voiture. En 1909, Louis Renault perdit son frère aîné Fernand et racheta à la compagne de ce dernier les actions dont elle avait hérité. Désormais seul maître à bord, la société Renault ne cessa de croître.
Pendant la Première Guerre mondiale, Renault participa à l’effort national en produisant du matériel militaire (éléments de canon, obus, moteurs d’avion) ainsi que divers véhicules (camions, voitures et tracteurs), parmi lesquels les fameux « Taxis de la Marne » et le FT17, le « char de la victoire ». En 1923 avec l’adoption, sur les types sport, du nouveau capot en étrave raccordé à l’auvent, la grille ronde centrale de l’avertisseur prend une forme en losange qui allait devenir le symbole de la marque.
Revenu d’une mission aux Etats-Unis en juillet 1940, Louis Renault trouva son usine occupée par les Allemands, avec interdiction pour lui d’étudier tout nouveau modèle de voiture de tourisme et obligation de produire en majorité pour l’Allemagne. Pour garder le contrôle de son affaire et son personnel en France, il travailla en collaboration étroite avec les Allemands. Ce zèle attira sur son usine les bombardements alliés et sur lui-même les foudres de la justice à la libération. Arrêté et battu, il mourut peu de temps après.
Le gouvernement français confisqua ses biens professionnels et le groupe Renault fut nationalisé en janvier 1945.
Rien d’autre ne nous attirera dans ce charmant petit cimetière, sinon une jolie croix en mosaïques.
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