LA TRONCHE (38) : cimetière ancien
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On distinguera le cimetière ancien de la Tronche, créé au XVIIIe siècle et adossé à l’Avenue du Marquis de Grésivaudan, composé de trois extensions en enfilade séparés par des murs (aspect caractéristique de l’Isère), du cimetière nouveau, dit du Petit Sablon, qui jouxte le cimetière de Grenoble.
Lieu ancien de sépulture (on y a découvert des sarcophages gallo-romains), il est regroupé autour d’une chapelle dédiée à l’évêque Ferolus, devenu Saint Ferjus. Il s’y trouvait autrefois une église, qui avait été construite autour du tombeau où furent déposées les restes du saint immédiatement après son martyr (évêque de Grenoble au VIIe siècle, issu d’une illustre famille gallo-romaine qui appartenait à l’aristocratie sénatoriale de la Viennoise et de la Narbonnaise, il aurait été tué sur l’ordre du maire du Palais Ebroin). Cette église, qui datait probablement du XIIème siècle, fut détruite en 1852. Elle fut remplacée en 1866 par une petite chapelle, présentée un peu plus loin.
Curiosités
La chapelle Saint-Ferjus : principale attraction du cimetière dont elle fut à l’origine, elle fut construite en 1866 en style néo-roman pour remplacer l’ancienne église détruite quelques années auparavant. Son édification fut rendue possible grâce aux dons de notables et d’anciens curés de la Tronche. Cette chapelle est surmontée d’une statue de Saint Ferjus sculptée par Paul Virieu. Une croix en pierre posée sur une colonne devant l’ancienne église, due au frère Laurent Pélissier de la confrérie du Saint Esprit de Saint Ferjus, est demeurée en place.
Quelques statues et bas-reliefs se détachant sur fond de montagnes.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Joseph BESSON (1862-1919), qui fut directeur de l’influent journal de gauche Le petit Dauphinois. Sa tombe se signale par un buste, le seul du cimetière.
L’industriel Antoine BIBOUD (1882-1955), créateur de cycle et de moto (Libéria).
Maurice BONAFOUS (1906-1961), qui fut préfet de l’Aveyron.
Le maître potier Félix FAURE (1895-1944), qui fut assassiné par les nazis.
L’historien moderniste André FUGIER (1896-1976), spécialisé dans l’étude de la Révolution et de l’Empire. Avec lui repose l’éditeur grenoblois Alexandre GRATIER (+1901).
L’architecte Antoine-Louis GAVET (1861-1939).
Le peintre italianisant Ernest HÉBERT (1817-1908), cousin de Stendhal, qui se forma seul à la peinture, recevant tout de même les conseils de David d’Angers et de Paul Delaroche. Entré finalement aux Beaux-Arts, il reçut le prix de Rome, à la suite de quoi il s’installa à Rome. Il peignit essentiellement la campagne romaine avec beaucoup de luminosité. À son retour en France, il devint un peintre officiel du Second Empire. Peintre brillant, il exécuta de nombreux portraits et batit une grande partie de son œuvre en puisant dans les souvenirs de ses séjours italiens par des tableaux proches du symbolisme. Il fut directeur de l’Académie de France à Rome de 1867 à 1873, puis de 1885 à 1891. Paris et La Tronche lui ont dédié chacune un musée.
L’archéologue Hippolyte MÜLLER : bijoutier de formation, sa passion pour la préhistoire le poussa à devenir un archéologue autodidacte de renom. Devenu en 1894 membre de la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie, il publia des articles concernant ses investigations sur la préhistoire et l’archéologie. Il occupa ensuite un poste de bibliothécaire puis de conservateur du matériel de la bibliothèque de l’École de Médecine. C’est en 1906 qu’il créa le Musée dauphinois.
L’abbé RAILLANE (1756-1840), qui fut le précepteur de Casimir Périer, puis celui de Henri Beyle, qu’on ne connaissait pas encore sous l’identité de Stendhal, laissa à la postérité de manière bien involontaire un portrait littéraire peu flatteur. Stendhal, qui le détestait, laissa effectivement de lui ce témoignage : « M. L’abbé Raillane, fut dans toute l’étendue du mot un noir coquin. Je ne prétends pas dire qu’il ait commis des crimes, mais il est difficile d’avoir une âme plus sèche, plus ennemie de tout ce qui est honnête, plus parfaitement dégagée de tout sentiment d’humanité. Il était prêtre, natif d’un village de Provence, il était petit, maigre, très pincé, le teint vert, l’œil faux avec un sourire abominable. » (Vie de Henry Brulard). Cette encombrante épitaphe lui valut néanmoins de sauver sa tombe : elle fut récemment entièrement restaurée.
Le physicien Albert RECOURA (1862-1945), qui enseigna dans un grand nombre de facultés, et qui fit avancer la connaissance du chrome sur lequel il travailla. Il fut en outre l’un des créateurs de la chimie des complexes. Il était membre correspondant de l’Institut. Avec lui repose son fils Georges RECOURA (1897-1925), jeune historien et paléographe, qui fut membre de l’Ecole de Rome. Il se spécialisait dans l’étude de la Méditerranée médiévale lorsqu’il se noya en Sicile. Leur identité est difficilement lisible sur leur tombe.
Le général Michel de YERMOLOFF (1794-1870) : aristocrate russe, il devint officier de l’armée. Attaché à la personne du Grand Duc Michel, frère de l’empereur, il combattit Napoléon dans les dernières campagnes de l’Empire français. Il voyagea énormément, épousa une française,et s’installa dans le Dauphiné. C’est lui qui vendit en 1841 Frohsdorff au comte de Chambord, petit-fils de Charles X. C’est un personnage connu dans la Tronche en tant que bienfaiteur dans la mesure où il y fonda l’Asile Saint-Michel, tenu par les Petites Sœurs des pauvres.
L’association (Saint-Roch ! Vous avez dit cimetière ?), laquelle a pour but la valorisation et la médiatisation du patrimoine funéraire du cimetière de Grenoble, s’occupe également du cimetière de La Tronche. Elle organise régulièrement des visites du cimetière. On ira consulter leur site internet.
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