LIVET-GAVET (38) : cimetière de Gavet
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Il fut une époque où la vallée de la Romanche, particulièrement entre Vizille et Bourg d’Oisans, se caractérisait par une intense activité industrielle : vaste production hydroélectrique et industrie de métallurgie et sidérurgie, mais également production de papeterie. Un train desservait même à cette époque les centres urbains.
Le plus éminent symbole de cette prospérité dans cette région, focalisant sur sa personne les réussites des révolutions industrielles, mais également le paternalisme des patrons d’industrie de l’époque, fut sans aucun doute Charles-Albert KELLER (1874-1940).
Ingénieur des Arts et Métiers originaire de la Meuse, il développa des fours industriels. En 1900, il s’associa avec Henri Leleux pour fonder les « Établissements Keller et Leleux ». C’est en 1902 qu’il acheta une usine de carbure de calcium abandonnée, à Livet. Cette industrie devient stratégique avec la Première Guerre mondiale au vu des besoins militaires et de l’indisponibilité des usines du Nord et de l’Est. Les besoins en énergie électrique et les nécessités militaires expliquèrent le développement d’un véritable empire industriel. La force de l’eau de la Romanche (la houille blanche) fut utilisée pour alimenter les nombreuses centrales hydroélectriques de la vallée de la Romanche autour de la commune de Livet-et-Gavet. Cette force électrique alimenta de nombreuses usines dans la vallée et en contrebas.
Dans les villages de la Romanche, des maisons cossues témoignent encore de la réussite de cette époque. Il n’en est plus rien aujourd’hui : maisons et usines abandonnées jalonnent la traversée fascinante de cette vallée enclavée qui voit peu le soleil. Le contraste est d’autant plus saisissant que ces maisons et ses usines sont souvent ouvragées !
Le film Les Rivières pourpres (2000) a permis au grand public de découvrir la maison de Charles Albert Keller et son architecture singulière : en béton armé, elle est construire sur de grands pilotis en position dominante au-dessus de la Romanche. Là se trouvait le bureau de Charles-Albert Keller, depuis lequel il pouvait observer l’ensemble de ses ateliers et usines situés de part et d’autre de la rivière. Actuellement, la maison est visiblement peu entretenue.
Il repose au cimetière de Livet-Gavet, où sa tombe sera l’unique point d’intérêt pour le taphophile.
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