SĂPÎNŢA : le cimetière joyeux (cimitirul vesel)
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Săpînţa se trouve dans la région du Maramureş au nord de la Roumanie, à environ 20 kilomètres de Sighetu Marmaţiei , le long de la rivière Tusa et de la frontière Ukrainienne.
Petit village, son cimetière est unique au monde. Durant une quarantaine d’années, le poète et artisan local Stan Ioan Patraş (1909-1977) a conçu, sculpté dans le chène et peint les stèles des tombes du cimetière de son village, exprimant dans cet art naïf les caractéristiques des défunts, leur métier ou leurs activités principales mais aussi leurs qualités ou leurs défauts. Ne manquant pas d’humour, il décida de pimenter ses écrits d’un ton tantôt poétique, tantôt moqueur, parfois grinçant. Les alcooliques, les coureurs de jupons, les feignants, les perfides ou les belles-mères envahissantes sont épinglés avec humour. Qualités et travers de chacun se retrouvent publiquement affichés à jamais…L’épitaphe qu’a attribuée l’artiste à chaque personne , courte et parfois humoristique, signale les grands moments de la vie, les espoirs ou les desillusions.
Ce lieu rassemble aujourd’hui plusieurs centaines de tombes qui retracent la vie quotidienne du village. Ainsi, dans ces couleurs vives où domine le bleu profond, le cimetière unique et fleuri de Săpînţa expose les multiples activités de cette communauté humaine de l’extrème nord de la Roumanie et exhalte la vie plutôt que la mort. On raconte que c’est un Français qui lui donna son qualificatif de "cimetière joyeux".
Tout naturellement, la tombe du créateur est en bonne place dans le cimetière.
L’oeuvre de Stan Patras est aujourd’hui poursuivie par Dumitru Pop, un de ses élèves.
Les tombes les plus anciennes sont devenues très pâles, alors que les récentes ont des couleurs chatoyantes.
La plupart reproduisent les métiers des défunts : c’est bien toute la vie du village qui défile.
Certaines scènes évoquent des épisodes plus tragiques : des accidents de la route concernant généralement de jeunes enfants, des défunts tués à la guerre ou encore des victimes d’accidents. Une scène reproduit même la mort d’un berger tué par un Hongrois.
Quelques unes laissent plus dubitatifs quant à leur interprétation.
Tout naturellement, le monument aux morts du village, à l’entrée du cimetière, a été réalisé dans la même veine.
Le cimetière de Săpînţa donne ses lettres de noblesse à l’art naïf et populaire.
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