MONTBEL (09) : cimetière
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Dans le minuscule cimetière de Montbel (belle route ascensionnelle pour accéder au village) reposent ensemble deux figures militantes : Daniel TIMSIT (1928-2002), qui fut l’un des responsables des étudiants communistes d’Alger. Clandestin à partir de mai 1956, il participa au réseau bombes de Yacef Saadi durant la bataille d’Alger. Arrêté et jugé en 1957, il fut détenu en Algérie puis transféré en France. Il fut membre du premier gouvernement de l’Algérie indépendante, puis exilé en France après le coup d’état militaire de 1965. Avec lui repose son épouse, l’avocate Monique ANTOINE (1933-2015), qui à l’occasion de la guerre d’Algérie s’engagea, soutint les insoumis et les déserteurs, et hébergea des militants algériens du FLN. Arrêtée en 1961, elle fut incarcérée à la prison de femmes de la Petite-Roquette, dont elle ne fut libérée qu’après la signature des accords d’Evian, en mars 1962. En lien avec son métier d’avocate, son engagement se porta ensuite sur la création du Groupe d’information sur les prisons (GIP) en 1971, avec Michel Foucault et Pierre Vidal-Naquet. Son engagement féministe rejoignit aussi son métier d’avocat lorsqu’elle participa à la défense du procès de Bobigny, en 1972 ; procès qui fut une étape historique de la lutte pour la légalisation de l’avortement. Son rôle dans l’histoire du mouvement féministe français du XXe siècle se dessina aussi par la cofondation, en 1973, notamment avec Jeannette Laot, alors membre de la direction de la CFDT, et Simone Iff, présidente du Planning familial, du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC). Elle présida ce mouvement jusqu’en 1975, année de sa dissolution avec l’adoption de la loi Veil légalisant l’IVG7. Monique Antoine inscrivit ensuite son action dans le MLF et dans la défense de femmes violées dont elle se fit l’avocate. Une place du IVe arrondissement de Paris porte son nom.
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