MIREPOIX (09) : Vieux cimetière
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Dans le centre-ville, le cimetière de Mirepoix jouxte l’église de l’Immaculée conception de Notre-Dame-et-Saint-Michel fondée au XVIIe siècle. Connu aujourd’hui sous le nom de « cimetière vieux » par opposition au nouveau cimetière, c’est un cimetière contemporain de la création de l’église, aménagé sur le plateau mirapicien suite à la crue de l’Hers du printemps 1653 qui a emporté à Saint Jean de l’Herm l’église Saint Michel et le cimetière plus ancien qui s’y trouvait.
On trouve sur Internet régulièrement la mention de « cimetière du Sautadou » : rien là-bas n’indique cette dénomination (il existait bien une rue du Sautadou désignant un fossé, devenu depuis rue Carnot). La mention de ce nom ne figure que sur des articles concernant le maréchal Clauzel : elles ont pu se recopier les unes sur les autres. Je le qualifierai donc simplement de vieux cimetière, comme cela est d’ailleurs indiqué près de la porte d’entrée.
Il a conservé un grand nombre de ses tombes anciennes, rendant sa visite agréable.
Curiosités
- Entre 1853 et 1855,Mirepoix affronta une épidémie de choléra faisant de nombreuses victimes. Charles Chabaud, jeune médecin à l’époque, se dévoua pour la population. La colonne, érigée au cimetière en 1883, à la mort de ce dernier, conserve le souvenir de l’« Hommage de la reconnaissance de ses concitoyens » à la famille Chaubaud dont plusieurs membres furent médecins.
- En plein milieu du cimetière, un banc en béton porte une petite plaque sur laquelle on peut lire, fidèle à la tradition anglo-saxonne : Reposez-vous sur ce banc offert par la famille de Mme Janet Chilcott (+2014) qui aimait cette ville.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Le commandant Jacques ARNAUD (1788-1868), qui fut aide de camp du maréchal Clauzel.
La poétesse Mimy CHABAUD-LE CORDIER (1901-1977).
Raymond ESCHOLIER (1882-1971) : journaliste, romancier et critique d’art, il fut conservateur de la Maison de Victor Hugo et du musée du Petit Palais. Engagé volontaire en 1914, il envoya régulièrement des reportages au quotidien L’Écho de Paris. En 1921, il fut nommé chef de cabinet d’Aristide Briand, alors président du Conseil et ministre des Affaires étrangères. La même année, parut Cantegril, écrit en collaboration avec sa première épouse Marie-Louise ESCHOLIER (1876-1956) [1] et qui est couronné par le prix Femina (qui s’appelle à l’époque le Prix Vie Heureuse). À la fin de 1922, La Dépêche de Toulouse (premier nom de La Dépêche du Midi), le sollicita pour devenir son critique d’art. Il signala à ses lecteurs des sculpteurs méridionaux tels que Antoine Bourdelle, Aristide Maillol, André Abbal ou René Iché, mit en vedette le peintre cubiste André Lhote, dressa l’éloge du groupe des Femmes artistes modernes, des peintres espagnols... En 1929, apprenant que le dernier atelier du peintre Delacroix situé rue de Furstenberg à Paris est menacé de démolition, il créa, avec les peintres Maurice Denis et Paul Signac, ainsi que l’historien d’art André Joubin, la Société des Amis d’Eugène Delacroix, collecta des fonds, intervint auprès de la Ville de Paris qui sauva l’atelier et le transforme en musée Delacroix. Egalement auteur de pièces de théâtre, il fut récompensé pour l’ensemble de son œuvre par le Grand prix de littérature de l’Académie française.
Le lithographe Antoine JOGNARELLI (1847-1899) et son fils, l’aquarelliste et affichiste Marius JOGNARELLI (1870-1930).
L’officier Jules-François PETITPIED (1815-1874), qui participa à la plupart des guerres du Second Empire : après avoir servi en Algérie de 1851 à 1854, il fit partie du corps expéditionnaire envoyé en Crimée en 1854 et 1855, contre la Russie, où il fut grièvement blessé devant Sébastopol, puis participa à la campagne d’Italie contre les Autrichiens en 1859. Ses mérites furent reconnus par Napoléon III lui- même qui lui remit, en main propre, les épaulettes de Colonel. En 1870, face aux prussiens, il défendit courageusement la ville de Strasbourg dut pourtant capituler. C’est là que se greffe un épisode médiatisé à l’époque : celui du drapeau du 20e régiment d’artillerie sauvé par son épouse Elisabeth, drapeau qu’elle remit au président de la République Félix Faure en 1895. Elevé au grade de commandeur de la Légion d’Honneur, mais fatigué et diminué par les blessures reçues lors du siège de Sébastopol, il décéda à l’âge de 59 ans à Poitiers, encore en activité. Ses cendres furent ramenées à Mirepoix et déposées dans le caveau construit en 1878. Il donna son nom à un des cours de la ville. Un buste se trouvait sur sa tombe, mais il a disparu.
Emile PINET-LAPRADE (1822-1869) : officier du Génie militaire, il succéda à Jean Bernard Jauréguiberry et devint gouverneur du Sénégal en 1863. Après un intermède effectué par Faidherbe, il occupa à nouveau cette fonction du 1er mai 1865 au 17 août 1869. Il mourut du choléra à Saint-Louis du Sénégal, il fut inhumé au au cimetière de Sor mais ses restes furent rapportés dans ce cimetière, dans une tombe que je n’ai pas trouvée.
[1] En réalité, elle collabora à une grande partie de l’œuvre de son époux. Elle repose avec lui dans ce tombeau.
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