BERLIOZ Hector (1803-1869)
par
Compositeur et critique musical français, élève de Lesueur et Reicha, Berlioz, tout en respectant les harmonies classiques, fut à l’origine de tonalités nouvelles qui ne furent pas toujours comprises par ses contemporains mais qui eurent beaucoup d’influence sur ses successeurs (de Wagner à Richard Strauss). Auteur de musiques symphoniques et religieuses, mais aussi d’opéras, on lui doit un Te Deum, la Symphonie fantastique et les Troyens, pour citer ses œuvres majeures.
Berlioz aimait se promener dans ce cimetière. Il mourut des suites d’une chute de cheval à Monaco. Ses obsèques furent célébrées à la Trinité : les cordons du poêle étaient tenus par Ambroise Thomas, Gounod, Reyer, Nugent et Saint-Laurens.
- Acte de décès de Hector Berlioz - Paris.
Berlioz fut inhumé dans la 7ème division de ce cimetière : il fut ramené dans cette division plus centrale en 1969 avec ses deux femmes Harriett Smithson (1800-1854) et Marie Martin dite Recio (1814-1862). Le médaillon de Godebski qui orne sa tombe est issu du tombeau original. Le nom de "Berlioz" au dessus de la première tombe fut transféré au cimetière de La-Côte-Saint-André (38), et placé au dessus des tombes de ses parents.
- Ancien tombeau.
- Tombeau actuel.
Il fut question de le transférer au Panthéon en 2003, mais le projet fut finalement ajourné.
Dans ses Mémoires, Berlioz raconte l’exhumation sordide de sa première épouse : "Je me suis remarié... je le devais... et au bout de huit ans de ce second mariage ma femme est morte subitement, foudroyée par une rupture du cœur. Quelque temps après son inhumation au grand cimetière Montmartre, mon excellent ami, Édouard Alexandre, le célèbre facteur d’orgues, dont la bonté pour moi s’est toujours montrée infatigable, trouvant sa tombe trop modeste, voulut absolument acheter pour moi et les miens un terrain à perpétuité, dont il me fit don. On y construisit un caveau et je dus assister à l’exhumation de ma femme et à son installation dans le caveau neuf. Cela fut d’une tristesse navrante, je souffris beaucoup. Mais qu’était-ce en comparaison de ce que le sort me réservait ? Il semble que j’aie dû connaître tout ce qu’il peut y avoir de plus affreux dans une cérémonie de ce genre. Peu après cette époque, je fus averti officiellement que le petit cimetière de Montmartre, où reposait ma première femme, Henriette Smithson, allait être détruit, et que j’eusse en conséquence à faire transporter ailleurs les restes qui m’étaient chers. Je donnai les ordres nécessaires dans les deux cimetières, et un matin, par un temps sombre, je m’acheminai seul vers le funèbre lieu. Un officier municipal chargé d’assister à l’exhumation m’y attendait. Un ouvrier fossoyeur avait déjà ouvert la fosse. À mon arrivée il sauta dedans. La bière enfouie depuis dix ans était encore entière, le couvercle seul était endommagé par l’humidité. Alors l’ouvrier, au lieu de la tirer hors de terre, arracha les planches pourries qui se déchirèrent avec un bruit hideux en laissant voir le contenu du coffre. Le fossoyeur se baissa, prit entre ses deux mains la tête déjà détachée du tronc, la tête sans couronne et sans cheveux, hélas ! et décharnée, de la poor Ophelia, et la déposa dans une bière neuve préparée ad hoc sur le bord de la fosse. Puis, se baissant une seconde fois, il souleva à grand-peine et prit entre ses bras le tronc sans tête et les membres, formant une masse noirâtre sur laquelle le linceul restait appliqué, et ressemblant à un bloc de poix enfermé dans un sac humide... avec un son mat... et une odeur..... L’officier municipal, à quelques pas de là, considérait ce lugubre tableau... Voyant que je m’appuyais sur le tronc d’un cyprès, il s’écria : « Ne restez pas là, monsieur Berlioz ; venez ici, venez ici. » Et comme si le grotesque devait avoir aussi sa part dans cette horrible scène, il ajouta en se trompant d’un mot : « Ah ! pauvre inhumanité !... » Quelques moments après, suivant le char qui emportait les tristes restes, nous descendîmes la montagne et parvînmes dans le grand cimetière Montmartre, au caveau neuf déjà béant. Les restes d’Henriette y furent introduits. Les deux mortes y reposent tranquillement à cette heure, attendant que je vienne apporter à ce charnier ma part de pourriture.".
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