TROYES (10) : cimetière
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Troyes, comme toutes les villes, possédait des cimetières paroissiaux. Une première étape pour l’unification fut, en 1778, l’attribution d’un terrain de deux hectares situé au lieu-dit Clamart ou Champ Rameau pour devenir le cimetière de la ville : ce « cimetière de Clamart » servit durant 93 ans. Certaines tombes furent, lors de sa fermeture, rapportées dans l’actuel cimetière.
Créé en 1871, le cimetière actuel, dit de la Haute Charme, offre le panorama d’un grand cimetière urbain de 11 hectares aux divisions bien symétriques assez peu séduisant, mais avec des tombeaux qui sont dignes d’intérêt.
Curiosités
Troyes est une ville industrieuse, en particulier dans le domaine de la bonneterie : si les renommées sont locales, les grandes familles de l’industrie textile sont connues à Troyes, à l’instar des Vitoux, Buxtorf, Lebocey, Gillier, Hoppenot, Douine, Clément Marot...
- Côte à côte, les sépultures des deux Emmanuel Buxtorf, père et fils, constructeurs au XIXe siècle de métiers de bonneterie.
Du fait de ces activités, Troyes connut assez tôt une forte tradition socialiste, qu’illustrent un bon nombre des personnalités qui suivent.
Sur l’ancien cimetière dit Clamart, se trouvait un monument funéraire sur le terrain concédé par la Ville, attestant la dernière demeure de plusieurs Polonais morts en France après avoir combattu pour l’indépendance de leur pays. Ce monument avait été élevé par « la sympathie des patriotes troyens et la piété de leurs compatriotes », le 3 mai 1839. Il fut déplacé dans l’actuel cimetière en 1881.
L’imposant Monument aux morts du cimetière est une oeuvre de Louis Morel.
Le cimetière n’est pas avare en ornements de toutes sortes, souvent réalisés par des artistes locaux, tel Désiré Briden.
- Médaillon de Claude Alexandre Canot, secrétaire de mairie
- Médaillon de Narcisse Gaucher, par Désiré Briden.
- Tombeau Goddart - Pillaveinne
- Travail et Progrès, allégorie des valeurs par lesquelles les Godard-Pillaveinne se sont élevés du rang d’ouvrier à celui de patron. Le monument est du sculpteur Gustave Guillemin.
Célébrités : les incontournables...
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... mais aussi
Le journaliste socialiste Gaston ARBOUIN (1849-1907), qui fut député de 1900 à 1906. Son buste est de Désiré Briden.
L’ancien maire de la ville Prosper Désiré ARGENCE (1812-1889), qui fut un éphémère député en 1869-1870. Il mourut accidentellement à Paris où il était venu visiter l’Exposition Universelle.
L’homme de lettres Amédée AUFAUVRE (1817-1864), à qui l’on doit plusieurs monographie historique sur le département, mais aussi quelques romans.
Albert BABEAU (1835-1914), historien spécialiste de la société sous l’Ancien Régime et de l’histoire de Troyes et de la Champagne. Il fut membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
L’aviatrice Suzanne BERNARD (1893-1912), qui se tua aux commandes de son appareil alors qu’elle passait l’ultime épreuve de son brevet de pilote sur le terrain d’aviation d’Étampes. Si elle avait obtenu son brevet de pilote en mars 1912, elle aurait fait partie des 10 premières aviatrices brevetées par l’aéroclub de France. Sa tombe reproduit un petit biplan Farman.
Le professeur de mathématiques Napoléon Ambroise COTTET (1808-1880), grande figure de la gauche républicaine de la ville, qui connut à deux reprises l’exil en Algérie. Sa tombe, faite par souscription publique, fut ornée d’un buste par Jules Narcisse Cathelin.
Le romancier et poète Alfred DROIN (1878-1967).
Le bonnetier Charles DUTREIX (1848-1899), qui fut député de l’Aube de 1893 à 1899, inscrit au groupe radical-socialiste. Son médaillon est une oeuvre de Désiré Briden.
Le bonnetier André GILLIER (1882-1935), qui créa en 1929 la première marque de sous-vêtement masculin : Jil (contraction de son nom). La même année, il crée un slip avec une poche à ouverture sur le côté : ainsi naquit le slip kangourou ! Peu après, André Gillier fonda l’entreprise Lacoste en partenariat avec le célèbre joueur de tennis René Lacoste. Il fut le premier à instaurer les congés payés dans sa bonneterie, avant qu’ils ne soient instaurés nationalement en 1936.
Le général Louis-Sébastien GRUNDLER (1774-1833), qui fit les campagnes de la Révolution et de l’Empire, et dont le nom figure sur l’Arc de Triomphe. Il mourut du choléra. Toutes les sources l’indiquent ici mais est-ce certain : le très beau tombeau signale « à la mémoire ». En outre, je n’ai pas trouvé de trace d’un déplacement (du cimetière de Clamart ?).
Le peintre et verrier Louis HUGOT (1833-1885), qui repose sous un médaillon par Cathelin.
Alexandre ISRAËL (1868-1937) : député radical de l’Aube de 1919 à 1924, sénateur de 1927 à 1937, il fut Sous-secrétaire d’État à l’Intérieur entre 1932 et 1933, puis Ministre de la Santé Publique de 1933 à 1934.
Le Compagnon de la Libération Louis NICOLAS (1913-1975)
Le peintre Jacques-Nicolas PAILLOT de MONTABERT (1771-1849), qui s’illustra dans le portrait et dans des scènes néo-classiques. On luit doit un monumental Traité complet de la peinture en neuf volumes. A sa mort, un monument funéraire conçu par son ami Paul Carpentier et élevé grâce à une souscription ouverte par la Société libre des Beaux-Arts fut inauguré en 1851 au cimetière de Saint-Martin-ès-Vignes. Ce monument fut déplacé en 1888 dans ce cimetière.
- Portrait de Roustam, le mamelouck de Napoléon.
René PLARD (1888-1945), pionnier du Syndicalisme des PTT, puis avocat, socialiste SFIO, fondateur dans le département de l’Aube du Parti communiste français, exclu de celui-ci, il fut élu député de l’Aube en 1932 et en 1936 sous les couleurs du Parti d’unité prolétarienne. Il fut élu maire de Troyes en 1935.
Le peintre paysagiste Hector-Louis PRON (1817-1902), proche de l’école de Barbizon. Sa tombe était ornée d’un buste qui a disparu.
Amant de RAMBOURGT (1819-1868), député de l’Aube de 1852 à 1868, siégeant dans la majorité dynastique. Il repose dans le caveau de famille, surmonté de trois colonnes. Y repose également le général baron d’Empire Gabriel Pierre Patrice RAMBOURGT (1773-1848), qui fit les campagnes de la Révolution et de l’Empire.
Le général Félix Gustave SAUSSIER (1828-1905), qui servit en Afrique du Nord et au Mexique. Républicain, il fut élu député en 1873. En 1884, il fut nommé gouverneur militaire de Paris, fonction qu’il exerça jusqu’en 1897 (il joua un rôle non négligeable dans l’échec du coup d’Etat boulangiste). En 1887, il fut candidat à l’élection présidentielle, sans succès. En octobre 1887, il préside un conseil d’enquête dans le cadre du scandale des décorations militaires. Il fut enfin membre du Conseil de Guerre de 1882 à 1902. Il joua un rôle que l’on a du mal à établir avec précision dans l’affaire Dreyfus.
Jules-Nicolas SCHITZ (1817-1871), qui fut l’élève de Remond. Il débuta au Salon de 1840. Très jeune il se fixa à Troyes où il fut directeur de l’école municipale de dessin. Le médaillon en bronze qui orne sa tombe est d’Alfred Boucher.
Henri TERRÉ (1900-1978) : maire de Troyes de 1947 à 1972, il fut également député (1958-1967) puis sénateur (1968-1978) du département.
Sources : les photos sont les miennes sauf :
Cottet, Hugot, Ledanté, Plard : Daniel Chérouvrier in www.troyes-en-champagne.blogspot.fr
Bernard : www.aube.fr
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