TRÉAUVILLE (50) : cimetière
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Le petit enclos paroissial de Tréauville peut-être considéré, même s’il n’est pas le seul, comme une sorte de mini conservatoire des cimetières nord-Cotentin pour au moins trois raisons :
le premier est la présence de tombeaux avec dalles surélevées (en forme de couvercle de sarcophage), comme il en existe beaucoup dans la région. Dans 90% des cas, ce sont des tombes de prêtres.
la seconde est le réemploi de dalles, sans doute funéraires, dans le mur de l’enclos. C’est une caractéristique que l’on retrouve dans certains cimetières du coin.
la troisième, à l’instar des cimetières anglais qui cherchent à se protéger des moutons, est la présence d’un échalier, c’est-à-dire une dalle de pierre, souvent en schiste, servant d’obstacle au franchissement des animaux mais facilement enjambable par les hommes, placé dans le mur d’un enclos paroissial. Dans le cas de Tréauville, cet échalier se trouve orné d’une croix nimbée, ce qui est rare en France mais fréquent dans le Cotentin (Jobourg, Flammanville...), sans qu’on en connaisse avec exactitude la signification.
Un tombe du cimetière est celle de quatre corsaires de Robert Surcouf.
Le 12 septembre 1813, le navire corsaire malouin de Surcouf Le Renard vint s’abriter dans le petit port de Dielette : il venait de livrer un combat victorieux contre la goélette anglaise l’Alphéa qui fut coulée. De cette bataille navale, treize marins restaient en état de naviguer, cinq avaient été tués et trente et un blessés. Le capitaine Leroux, le bras droit emporté par un boulet, le lieutenant Duval-Ramerie, une jambe coupée, le matelot Bagaja percé de balles, le mousse Thomas Lepelletier, le bras gauche arraché ne survécurent pas à leur blessures et furent enterrés ici. Une pierre tombale à la mémoire du lieutenant Duval- Ramerie, érigée par son fils en 1852, remémore la présence de ces soldats."
C’est enfin en ce lieu que repose le général Jacques Casimir JOUAN (1767-1847). Il fit les campagnes de 1792 et 1793 aux armées du Rhin, de la Moselle, et du Nord, et celles de 1794 et 1795 aux armées de Ouest et des côtes de l’Océan. Il fit partie de l’expédition d’Irlande, puis servit aux armées du Danube et du Rhin de 1799 à 1801. Il participa aux campagnes napoléoniennes et servit sur tous les champs de batailles de l’Europe. Il était à bord de La Belle-Poule faisant le voyage à Sainte-Hélène afin de ramener les cendres de Napoléon Ier en France. Il fut maire de Tréauville de 1841 à 1847.
Pas mal de choses finalement dans un si modeste cimetière !
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