SAINT-SYMPHORIEN (72) : cimetière
par
Une petite visite s’impose au cimetière de Saint-Symphorien. L’espace est clairsemé, quelques vieilles dalles ou croix survivantes émergent d’espaces laissés vides lors des dernières reprises.
Dans le mur du cimetière, à gauche en entrant, une statue de la Vierge a l’enfant et un fragment sculpté sont noyés dans le parement.
Unique curiosité du cimetière : un carré sur lequel des plaques, toutes semblables, indiquent la présence d’un tombeau de famille aristocratique : ici reposent effectivement les Perusse des Cars et les Bouchet de Sourches de Tourzel.
Ils reposaient à l’origine dans l’église d’Abondant, en Eure-et-Loir, mais furent transféré en ce lieu, près du château de Sourches, lorsque le domaine familial d’Abondant fut vendu. Le transfert fut assez rocambolesque (transport des cercueils en train, nécessité d’achat de valises à Dreux pour transporter les ossements...) : pour plus de détails, je renvoie au site de Marie-Christine Penin de qui je tiens l’anecdote.
Ainsi, parmi ceux dont les ossements connurent ces déménagements post-mortem figurent :
Amédée de PERUSSE des CARS (1790-1868) : Colonel aide de camp et gentilhomme d’honneur du duc d’Angoulème en 1814, il commandait en 1815 un corps de volontaires qui remporta quelques avantages à Montmirail pendant les Cent-Jours, et il fut nommé maréchal de camp sur le champ de bataille. Il participa à l’expédition d’Espagne, et fut fait Pair de France.
Avec lui repose une partie de sa descendance sur plusieurs génération. Parmi eux, on signalera le cinquième duc des Cars, François-Marie Edmond (1875-1941), et son épouse, qui furent les parents de l’écrivain Guy des Cars (qui repose très loin d’ici, au cimetière de Hautefort, en Dordogne).
Jean du BOUCHET, marquis de SOURCHES (1599-1677), en faveur de qui la baronnie de Sourches fut érigée en marquisat, et qui fut nommé prévôt de l’hôtel et grand prévôt de France en 1643. Sa plaque apparaît anachronique dans un cimetière si récent.
Louis II du BOUCHET, marquis de SOURCHES (1711-1788), arrière petit-fils du précédent, qui hérita de la charge de grand prévôt. Grand officier de la Cour, il fut lieutenant général des armées du roi.
- Le marquis de Louis II de Sourches et sa famille
- François-Hubert Drouais, 1756. Château de Versailles.
La belle-fille de ce dernier, à n’en pas douter la plus célèbre occupante de ce cimetière, Louise Élisabeth Félicité de Croy d’Havré , la fameuse duchesse de TOURZEL (1749-1832). Veuve, retirée dans son château d’Abondant, elle devint, après le départ de la duchesse de Polignac, la gouvernante des enfants de Louis XVI. Durant quatre ans, elle fut ainsi aux première loges de la bourrasque révolutionnaire qui devait anéantir son monde : elle accompagnait la famille royale dans sa fuite de Varennes en juin 1791 avec un passeport au nom de la baronne de Korff. Le 10 août 1792, elle faisait partie de la petit équipée qui, avec Louis XVI, gagna l’Assemblée nationale pour demander protection. Elle fut encore emprisonnée dans la Tour du Temple, partageant sa chambre avec le Dauphin. Elle connut encore plusieurs prisons avant d’être renvoyée dans son domaines d’Abondant, où elle termina sa vie. Le moins que l’on puisse dire est que compte-tenu des évènements qu’elle traversa, elle fut une miraculée de la guillotine !
Commentaires