SABLÉ-SUR-SARTHE (72) : cimetière
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Le cimetière de Sablé ouvrit ses portes en 1821 puis fut agrandi à plusieurs reprises. Si le site est quelconque, plusieurs tombes valent vraiment le temps d’une visite.
Curiosités
Dans le mur du cimetière se trouve une alcôve dans laquelle un Ecce homo très détérioré sert de dépotoir lapidaire à d’autres statuettes pieuses.
Ce cimetière possède l’une des statues les plus étonnantes des cimetières de France : celle d’un marbrier-sculpteur (Robert Leroy, +2008), qui est représenté par Raveira en train de sculpter la base de sa colonne : à genoux, masse et burin à la main.
Sablé possède également une tombe donnant lieu à un culte populaire : celle du curé Couret (+1862). Prêtre estimé de Sablé, on lui prête depuis sa mort le pouvoir de permettre aux enfants peu précoces de marcher. Il suffit pour cela de les aider à faire le tour de la tombe, pas deux fois, dans le sens des aiguilles d’une montre. Certains viennent de très loin, et la tombe est recouverte d’ex voto : chaussures, chaussettes ou linge de bébé.
Le 14 février 1911, le rapide Paris-Brest dérailla au lieu de Courville, en Eure-et-Loir. Parmi les treize victimes furent dénombrées sept personnes de la région, dont quatre enterrés à Sablé. L’émotion fut vive et un monument du cimetière commémore la tragédie.
Une statue représentant un prisonnier enchaîné sert de mémorial aux victimes de la déportation.
Célébrités : les incontournables...
Aucune. Possible que François Fillon, qui fut maire de la ville de 1983 à 2001, et dont ce fut le terroir électoral, s’y fasse inhumer le moment venu.
... mais aussi
La violoniste Hélène AFFICHARD (190-1979).
Un symbole fort reposerait à Sablé : Raphaël ÉLIZÉ (1891- 1945). Martiniquais, il arriva en métropole à l’âge de 11 ans après la catastrophe de la montagne Pelée, ses parents ayant fui Saint-Pierre juste avant l’explosion. Soldat en 1914, vétérinaire de formation, socialiste d’engagement, il devint en 1929 le premier maire noir de France métropolitaine en se faisant élire à Sablé. Destitué en 1940, les Allemands s’opposèrent au maintient d’un maire noir : il reprit son métier et participa à la Résistance, notamment en rapportant les informations qu’il put glaner en tant que vétérinaire… de la Kommandantur. Dénoncé et arrêté en septembre 1943, il passa quelques mois à la prison d’Angers, puis au Camp de Royallieu, près de Compiègne, avant d’être finalement déporté à Buchenwald. Grièvement blessé lors du bombardement allié de l’usine d’armement allemande de la Gustloff-Weimar, il mourut à Buchenwald le soir même. Un film sur lui serait en cours de production. Un timbre à son effigie a été créé par la poste en 2013. Je ne suis pas certain qu’il repose dans le caveau familial (sa "mémoire" est évoquée sur sa tombe).
Léon LEGLUDIC (1842-1904) : médecin, ancien maire de Sablé, il fut député de la Sarthe de 1885 à 1895, puis sénateur du département de 1895 à sa mort. Il vota avec la gauche radicale.
Joël LE THEULE (1930-1980) : géographe, il devint en 1958 le plus jeune député de France (il fut maire de Sablé de 1959 à a mort). Il fut tour à tour ministre des Départements et Territoires d’Outre-Mer, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé de l’Information en 1969, ministre des Transports, puis de la Défense, entre 1978 et 1980. Victime d’un malaise cardiaque, il mourut subitement quasiment dans les bras de son conseiller ministériel, François Fillon, qui reprit ses mandats comme conseiller général, maire de Sablé-sur-Sarthe et député de la Sarthe.
Joseph MALICOT (1874-1953), photographe sabolien qui publia plus de 3000 cartes postales de 1901 à 1950. Bien plus que de simples photographies, il fut, comme quelques autres, le protecteur d’un véritable patrimoine culturel qu’il nous transmit sur toute la région qui entoure Sablé-sur-Sarthe, et plus généralement sur la vie de son époque.
Bernard POUCHÈLE (1931-2013) : élevé par ses grands-parents dans la région de Dunkerque, il passa son enfance dans un orphelinat. Marin puis instituteur, il abandonna tout à la mort de sa femme et devint « routard » pendant une dizaine d’années. A 55 ans, il envoya le manuscrit d’un premier ouvrage à son éditeur : L’Étoile et le Vagabond, qui se vendit à près de 100 000 exemplaires et dont on fit une adaptation cinématographique. Beaucoup d’autres ouvrages suivirent.
Source complémentaire : BERTIN Serge (dir), Le Territoire partagé - Guide des cimetières de la Sarthe, éditions Cénomane, 2009
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