CLAUDIUS-PETIT Eugène (Eugène Petit : 1907-1989)
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C’est sous le pseudonyme de « Claudius » (qu’il ajouta par la suite à sa véritable identité) que cet ébéniste de formation entra dans la Résistance. En 1943 il fut un des membres fondateurs du CNR où il représenta les MUR (Mouvements unis de la Résistance). Il quitta la France pour rejoindre Londres puis Alger où il fut délégué à l’Assemblée consultative provisoire. De retour à Paris, il présida le Mouvement de libération nationale. Il fut fait compagnon de la Libération.
Catholique pratiquant, très proche du Sillon auquel il avait adhéré après une rencontre avec Marc Sangnier, il fut élu député de la Loire à la première et à la seconde Assemblée nationale constituante, puis à l’Assemblée nationale de 1946 à 1955 sous l’étiquette Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).
Au cours de la IVe et de la Ve république, il fut une des figures d’un centrisme moderniste et social. Nommé ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme en 1948, il mena une vaste politique d’équipement et de planification dans une France de l’après guerre qui devait réparer les dégâts du conflit et faire face à une pénurie de logements sans précédent. Ses capacités lui valurent de conserver son poste jusqu’en 1953, un record pour un ministre à un même poste à cette époque !
Il fut ensuite Ministre du Travail et de la Sécurité sociale avant d’assumer l’intérim du ministère du Logement en 1954. Il démissionna après le rejet de la CED. Battu aux élections de 1956, il retrouva son siège à l’Assemblée nationale de 1958 à 1962, puis de 1967 à 1978 sous différentes étiquettes centristes.
De sa création en 1956 à 1977, il dirigea la Sonacotra, Société nationale de construction pour les travailleurs (Sonacotral, Société nationale de construction pour les travailleurs algériens jusqu’aux accords d’Évian de 1962) principal gestionnaire de foyers de travailleurs migrants en France.
Parce qu’il était catholique, et parce qu’il était très respecté des autres parlementaires, sa position fut décisive lors du dernier jour du débat sur l’avortement, le 19 décembre 1974 : « En conclusion, et précisément parce que je n’ai pas laissé au vestiaire mes convictions spirituelles, je ne peux pas me défaire de la solidarité qui me lie à la société dans laquelle je vis. Pour obéir à mes exigences, je suis avec ceux qui souffrent le plus, avec celles qui sont condamnées le plus, avec celles qui sont méprisées le plus (...) À cause de cela, à cause de Lui, je prendrai ma part du fardeau. Je lutterai contre tout ce qui conduit à l’avortement, mais je voterai la loi ».
Ami de Le Corbusier, il se lança dans une vaste opération de rénovation de sa ville de Firminy. Élu maire en 1953, il rêva d’édifier à côté de la cité « noire » minière et sidérurgique, « une ville du XXe siècle qui soit le meilleur de son temps », une sorte de petite Brasilia, un condensé d’architecture moderne. En 1955, il commanda plusieurs bâtiments à Le Corbusier, dont la maison de la Culture, une « cité radieuse », un stade et l’Église Saint-Pierre.
Sa tombe, fortement marquée par la symbolique chrétienne et d’inspiration contemporaine, est discrète et difficilement lisible.
Merci à Guy Sabattier pour les photos
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