cimetière de LA CHAPELLE
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Ce cimetière est sans aucun doute le plus confidentiel et le moins visité de tous les cimetières parisiens. Le plus impratiquable aussi : pour y accéder, il faut, à partir de la porte de la Chapelle, longer et contourner les bretelles de périphériques et d’autoroutes avant d’accéder à une anachronique rangée d’arbres qui mène à la porte du cimetière.
Celle-ci n’est pas sans rappeler, en plus modeste, la porte d’entrée du Père-Lachaise.
Le cimetière de la Chapelle se présente sous la forme d’un rectangle parfait de 2 hectares s’organisant autour d’une allée centrale (et ses vieilles chapelles de notables délabrées) et d’un rond-point.
Il est en réalité le quatrième cimetière de la Chapelle :
- le premier était situé devant l’église de Saint-Denis-de-la-Chapelle (actuelle rue de la Chapelle) et s’y tint de 1204 au début du XVIIIème siècle.
- le second fut réalisé derrière cette même église, au carrefour formé aujoud’hui par les rues de l’Evangile et de Torcy. C’est dans ce second enclos paroissial que l’on dressa en 1763 une haute croix de pierre, dite la Croix Cottin, qui fut déplacée en 1887 sur le parvis de l’église Saint-Pierre de Montmartre où elle se trouve toujours. Prescrit en 1804 (parce qu’intra-muros), il fut remplacé par :
- le troisième cimetière fut établi dans un enclos délimité aujourd’hui par les rues Marcadet, des Poissonniers, d’Oran et Ernestine.
Le développement rapide de la commune obligea l’ouverture du nouveau cimetière extra-muros en 1850, celui dans lequel on se trouve aujourdhui.
Si les célébrités ne se bousculent pas à la Chapelle, ce cimetière mérite une visite : pour une enclave de calme dans un quartier bruyant, un rare témoignage encore présent d’un village totalement disparu...
curiosités
La belle pleureuse de la sépulture Barriot, contre le mur bordant l’avenue du Nord.
La tombe de Jean Loualoup (1827-1851), grenadier tombé lors de l’attaque de la barricade de la Chapelle Saint-Denis "pour la défense de l’ordre", c’est-à-dire pour soutenir le coup-d’Etat que Napoléon faisait contre la IInde République.
Une tombe ornée d’une mosaïque colorée en bon état malgré son âge.
Une guitare reproduite sur une tombe contemporaine.
Une fosse contenant "les restes non identifiés des personnes inhumées dans le cimetière et dont les corps ont été dispersés lors des bombardements aériens des 21 avril et 26 août 1944".
Un tombeau qui n’est pas sans rappeler celui d’Allan Kardec au Père-Lachaise.
ça-et-là, quelques sculptures...
Célébrités : les incontournables...
Hélas ! le cimetière doit être bien trop loin...
... mais aussi
l’homme de lettres Paul CARRÉRE (1872-1951) (4ème division) .
Georges DORIVAL (1879-1939) : ce comédien, pensionnaire de la Comédie française de 1918 à sa mort, tourna dans plusieurs films dans les années 10 et dans les années 30 (en particulier avec Gance ou Guitry), mais il n’eut jamais de grand rôle. Sa tombe fut nettoyée depuis cette photo.
Julien Gabriel GUAY (1848-1923) : ce peintre, élève de Gêrome, commença à exposer au salon de 1873 et se spécialisa dans les peintures historiques, les allégories et les scènes de genre.
Alain GUÉRIN (1932-2017), journaliste d’investigation à l’Humanité, historien et poète ; il publia plusieurs ouvrages consacrés à l’espionnage et à la Résistance (8ème division).
Pierre LABRIC (1891-1972) : cette figure intimement attachée à Montmartre (à tel point que l’on peut regretter qu’il n’y soit pas enterré) est connu à plusieurs égards. En premier lieu, il se fit connaître par deux exploits peu communs : la descente de Montmartre en vélo par les escaliers de la rue Foyatier, puis celle, en 1923, des 347 marches du premier étage de la Tour Eiffel, toujours sur sa bicyclette. Il fut ensuite élu en 1929 maire de la Commune Libre de Montmartre, poste qu’il occcupa durant 43 ans. Il lui donna une renommée internationale (fut reçu par le maire de New York, jumela Montmartre avec Greenwich Village...). C’est lui qui créa l’essentiel des fêtes folkloriques de la butte : la course des garçons de café, le bal des Catherinettes, le diner des milliardaires, et la célèbre fêtes des vendanges, en 1934.
les Champions de Plongeon Eugène (1891-1974) et Louise (1901-1995) LENORMAND. Il participa aux Jeux Olympiques de Paris en 1924.
Pierre Eugène MONTEZIN (1876-1946) : peintre impressionniste, dans la lignée de Monet, il puisa son inspiration dans les paysages d’Ile-de-France. Il fut reçu à l’Institut en 1941, en remplacement d’Edouard Vuillard.
l’homme de lettres Léon NEEL (+1937) (7ème division).
Le peintre et affichiste René PÉAN (1875-1955), ancien élève de Chéret, qui fut mobilisé en 1914 et dont on conserve de cette période des dessins faits sur le front. La guerre semble avoir marqué une rupture dans sa carrière : sa production d’affiches est bien moins importante après les années 1920. Il semble alors se tourner vers la création d’œuvres à vocation publicitaire sous forme de chromolithographies représentant des jeunes filles, vues de trois-quarts, dont les coiffures varient : arlequin, colombine ou jeune fille au bérêt. Ses peintures à l’huile, ses aquarelles et ses pastels reprennent des sujets à la mode : danseuses classiques ou espagnoles, paysages, vues de Montmartre, scènes galantes, mais aussi des portraits ou des scènes familiales. Il repose sous une tombe très dégradée (6ème division).
le poète et romancier Georges RAYBAUDI (1914-1990) (5ème division)
le peintre Louis-Charles SPRIET (1864-1913), qui aima peindre la mer.
l’acteur Jacques VARENNES (Louis Henri André : 1894-1958), qui à partir des années 1940 tourna souvent avec Sacha Guitry (il était Bernadotte dans Le Destin fabuleux de Désirée Clary et Colbert dans Si Versailles m’était conté). On le vit également au théâtre.
l’auteur-compositeur José VIECAVA (1906-1996), auteur de chansons provençales (8ème division).
Merci à Jean-Yves Le Rouzic pour les photos Raybaudi, Néel, Varennes, Péan, Viecava, Lenormand et Carrère.
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