EVREUX (27) : cimetière Saint-Louis
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C’est au milieu du XIXe siècle que le petit cimetière des quatre acres devint, par extension de sa superficie, l’actuel cimetière Saint-Louis. Il possède une forme caractéristique triangulaire, et peut se décomposer en trois parties distinctes : le sommet du triangle est occupé par un vaste enclos militaire dans lequel se trouve des victimes de différentes guerres. Vient ensuite la partie centrale, la plus ancienne du cimetière, où nombre de tombes sont illisibles, d’où la végétation est absente, et où la minéralité se reflétant au soleil est pénible. La base du triangle est occupée par des divisions plus récentes, particulièrement par des divisions plus paysagères et des columbariums.
Curiosités
Au centre de la partie ancienne se trouve une massive chapelle.
70 ans plus tard, les ravages des bombardements de juin 1940 sont encore visibles dans cette nécropole : un très grand nombre de tombes gardent la trace de ceux-ci (monuments effondrés, nombreux éclats sur les tombeaux, croix décapitées...).
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Le poète et homme de lettres Modeste ANQUETIN (+1909). Un buste ornait sans doute sa tombe, mais il a disparu.
Gabriel d’ARJUZON (1761-1851) : nommé en 1804 par Napoléon Grand chambellan de son frère Louis Bonaparte, il fit, jusqu’en 1807, la "navette" entre la France et la Hollande, mais ne joua pas un très grand rôle politique, s’occupant essentiellement de représenter ses souverains aux diverses cérémonies de l’Empire. Louis, se méfiant de l’entourage placé par son frère, le remercia en 1807. Fait comte par Napoléon en 1809, il fut membre de la Chambre des Pairs sous la Restautation. Il fut inhumé avec son épouse, Pascalie HOSTEN (1774-1850), qu’il avait rencontré en prison sous la Révolution, et qui devint dame d’honneur de la reine Hortense de Beauharnais. Auprès d’eux repose leur fils, le comte Félix d’ARJUZON (1800-1874), qui fut élevé avec le futur empereur Napoléon III auquel il resta fidèle toute sa vie et dont il devint le chambellan. Il fut en outre député de l’Eure de 1852 à 1870 : on s’en doute, il fut à l’Assemblée un représentant de la Majorité dynastique.
Le prince Alexandre BIBESCO (1842-1911), fils du hospodar de Valachie Georges de Bibesco (inhumé au Père Lachaise). Il tint avec son épouse un salon brillant dans lequel se réunissait l’élite artistique de son temps. Homme de lettres, il fut également alpiniste et laissa plusieurs écrits sur le Dauphiné.
Maurice CHAMPEAU (1913-1968) : chirugien à l’hôpital Laennec de Paris, il était membre de l’Académie de chirurgie.
Emile CLERISSE (1856-1938) : fondateur en 1897 de l’Union des sociétés musicales de l’Eure, qui devint plus tard la Fédération musicale de l’Eure. Il fallut attendre 1903 pour qu’il propose un plan afin d’uniformiser la réglementation des différentes sociétés. Ce travail se concrétisa en 1905 avec la création de la Fédération musicale de France dont il fut nommé Vice-président. Cette Fédération devint un an plus tard, la Confédération musicale de France (CMF) dont il fut le Président de 1912 à 1935. Émile Clérisse a ainsi fortement contribué à l’épanouissement du mouvement orphéonique en France.
Henri CUMONT (1864-1953) : membre de la Société des Poètes français, il fut l’auteur du poème La mort des cloches reproduit sur sa tombe, et qui évoque les bombardements d’Evreux de juin 1940 et la destruction de la cathédrale.
Jules Nicolas DAVY (1814-1874) : représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848, il fit campagne dans sa région contre le gouvernement de Louis-Philippe et pour la réforme électorale. Sa carrière politique prit fin en 1849. Son obélisque, derrière la tombe Janin, est dans un état déplorable.
Anatole GUINDEY (1834-1898) : médecin, maire d’Évreux de 1896 à 1898, il fut également sénateur de l’Eure de 1891 à sa mort. Il repose sous un très beau gisant de bronze réalisé par Albert Miserey.
L’éditeur Charles HERISSEY (1849-1909), qui a perdu le buste en bronze par Boudon qui ornait sa tombe.
Claude HUGAU (1741-1820) : soldat puis officier de l’Ancien Régime, il fut député de l’Eure de la première Assemblée Législative (1791-1792), avant de devenir Inspecteur des Revues. Il combattit à la fois en Inde et en Amérique, et en rapporta d’étonnants souvenirs de voyages. Sa tombe, un petit obélisque, se trouve à l’extrémité du cimetière militaire.
Jules JANIN (1804-1874) : écrivain et critique dramatique français, il devint journaliste et travailla notamment à la Revue de Paris, à la Revue des Deux Mondes, au Figaro et à la Quotidienne. Il fut parmi les fondateurs de la Revue de Paris et du Journal des Enfants. Entré comme critique au Journal des Débats, il y resta quarante ans. Son autorité le fit surnommer « le prince des critiques ». Après de nombreuses tentatives, il fut élu à l’Académie française en 1870. Né à Saint-Etienne, mort à Paris, il repose à Evreux dans le caveau de sa belle-famille. Son épouse fit construire ce tombeau dans lequel repose également son père, le président Huet, qui fut président honoraire du tribunal civil et maire de la ville. Leurs deux bustes, réalisés par Adam-Salomon, ornent cette sépulture assez abimée.
Jean-Louis LEPOUZÉ (1821-1882) : maire d’Evreux pendant l’occupation prussienne, il devint populaire dans la région par les services qu’il rendit dans ces circonstances difficiles. Député de l’Eure de 1872 à 1882, il en fut élu sénateur en 1882, mais l’élection fut annulée, et il mourut quelques jours plus tard, avant d’avoir pu tenter la fortune d’un nouveau scrutin. Il siégea sur les bancs de la Gauche. Il est représenté statufié par Decorchemont.
Le graveur et dessinateur Jules PAULLET (1801-1894).
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