AMIENS (80) : cimetière Saint-Acheul
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Créé en 1863, le cimetière de Saint-Acheul trouve place dans l’antique plaine d’Abladène. Comme son nom en témoigne, ce site fut fortement marqué par la présence d’un monastère médiéval construit sur une nécropole, lieu d’inhumation de Saint-Firmin. Il comprend un carré militaire et un columbarium. Il contient environ 10 000 concessions sur ses 14 hectares.
C’est un très joli cimetière malheureusement éclipsé par son aîné de la Madeleine. Plusieurs personnalités politiques de la Gauche picarde y reposent, ainsi qu’un grand nombre de résistants fusillés par les Allemands dont les rues d’Amiens perpétuent les noms.
Curiosités
Initiative intelligente : un joli plan coloré retrace l’histoire du cimetière dans les grandes lignes et localise la tombe de plusieurs personnalités du cimetière.
L’une des entrées donne sur le cimetière militaire dont le centre est orné d’un monument aux morts réalisé par le sculpteur Albert Roze, inhumé ici.
De nombreuses tombes sont ornées de sculptures, bustes et médaillons.
Sur la sépulture de la Famille Souriceau s’élève une sculpture de Rodin. Décédé en 1907, le jeune poète amiénois Marius Souriceau, admirateur de Rodin et se sachant condamné par la maladie, avait souhaité qu’une sculpture de cet artiste soit érigée sur sa tombe. En 1911 l’oeuvre, intitulée « Le lys brisé », est réalisée et mise en place. Un vers d’Alfred de Musset y est gravé : « Dieu passe, il m’appelle ». Jugée trop inconvenante et indécente à l’époque, elle serait restée voilée pendant une année.
On notera également la tombe de Joseph Duvauchel (1823-1907), inhumé sous un sarcophage en porphyre imité du tombeau de Napoléon.
Plus récemment, c’est ici que fut inhumé l’étudiant Gabriel Ferez, dont le sauvage assassinat à Londres en juin 2008 fut largement traité par les médias.
Les célébrités : les incontournables…
… mais aussi
L’architecte Anatole BIENAIMÉ (1848-1911), qui fut en particulier l’auteur de plus d’une centaine de villas au Touquet-Paris-Plage dont plusieurs sont classées à l’inventaire général du patrimoine architectural français. Il travailla pour l’essentiel dans le Nord-Pas-de-calais. La tombe familial est ornée d’un buste, représentant son fils mort prématurément.
Jean CATELAS (1894-1941) : d’origine ouvrière, il fut élu député de la Somme en 1936. Il joua un rôle important dans l’organisation des Brigades Internationales lors de la guerre civile d’Espagne, puis défendit le pacte germano-soviétique en 1939 et entra en clandestinité après l’interdiction du parti communiste. Déchu de son mandat de député, il fut condamné par défaut à cinq ans de prison en 1940. Il fit partie des six communistes décapités en représailles à l’assassinat de l’aspirant Moser par le colonel Fabien. Sa tombe est ornée d’un médaillon en bronze par Davidovicz.
Victor COMMONT (1866-1918) : géologue et préhistorien français, il contribua à l’étude des sites du Paléolithique inférieur et moyen de la vallée de l’Oise et de la vallée de la Somme. Il mourut, à l’âge de 51 ans alors qu’il avait été évacué vers Abbeville après les bombardements d’Amiens.
L’écrivain patoisant Edouard DAVID (1863-1932), dit « Thiot Douaird ».
Maurice DOMON (1903-1983), créateur en 1933 des Cabotans d’Amiens, troupe de marionnettes renouant et renouvelant l’histoire de la marionnette picarde.
Augustin DUJARDIN (1896-1980), sénateur communiste de la Somme de 1946 à 1948.
Adrien FAUGA (1878-1906), fondateur en 1901 de la fédération socialiste de la Somme, qui repose sous un buste de Louis Leclabart.
Alphonse FIQUET (1841-1916) : maire d’Amiens à plusieurs reprises entre 1875 et sa mort, il fut sénateur de la Somme de 1909 à 1916.
Pierre GARET (1905-1972) : député de la Somme de 1945 à 1958 puis sénateur de ce même département à partir de 1959, il fut ministre à trois reprises entre 1953 et 1958 (du Travail, puis du Logement et de la Reconstruction).
L’industriel automobile Gustave GUEUDET (1880-1970).
Le sculpteur et dessinateur Louis LECLABART (1876-1929) qui travailla à l’atelier d’Albert Roze. Marqué par la guerre, il réalisa huit monuments aux morts.
Victor PAUCHET (1869-1936) : chirurgien français, il exerça à Amiens de 1896 à 1914 puis à Paris de 1915 à 1936. On lui doit de nombreuses innovations techniques qui lui valurent une notoriété internationale dès les années 1910. Considéré comme un maître des techniques chirurgicales tant à Amiens qu’à Paris, il fut à l’origine de la diffusion de nombreux concepts servant la chirurgie. Une clinique fondée en 1896 et une place d’Amiens portent son nom ainsi que plusieurs rues de la région parisienne. Sa tombe est ornée d’une statue de femme tenant un enfant.
L’architecte Ernest ROUSSEL (1867-1924), qui participa à la construction du musée océanographique et de l’hôpital de Monaco.
Albert ROZE (1861-1952) : sculpteur amiénois, un très grand nombre de ses œuvres ornent Amiens et en particulier ses cimetières. Il réalisa en outre de très nombreux monuments aux morts (dont celui du cimetière Saint-Acheul). Son chef-d’œuvre demeure le tombeau de Jules Verne, que l’on peut admirer au cimetière de la Madeleine à Amiens. Il fut en outre l’auteur de la vierge dorée dominant la Basilique Notre-Dame de Brebières à Albert. Comme de nombreux artistes, sa tombe ne comporte aucune ornementation.
Paul TELLIER (1854-1904) : entrepreneur de maçonnerie, il fut élu sénateur de la Somme en 1904 et siégea avec la Gauche républicaine, mais mourut au cours de son mandat. Sa tombe est ornée d’un buste d’Albert Roze.
L’imprimeur Théodule TELLIER (1856-1922), connu de tous les philatélistes pour être l’auteur, avec Louis Yvert (inhumé dans le cimetière de la Madeleine d’Amiens), du très fameux catalogue Yvert et Tellier qui recense de manière exhaustive les timbres postes.
J’ajoute quelques commentaires complémentaires envoyés par Jean-Pierre Duburcq :
Concernant le cimetière Saint-Acheul d’Amiens :
pour votre information, la première des statues (la femme avec une croix) est celle de ma famille commandée par mon arrière grand’père : Eugène ROUSSEL à un architecte parisien.
vous avez omis les deux très grandes tombes de la famille DIAN, fondateurs de « la Ruche Picarde » qui gérait de très nombreux magasins d’alimentation, créa de nombreuses supérettes à l’enseigne « NOVA » et le premier hypermarché d’AMIENS : DELTA devenu MAMMOUTH avant de passer dans le giron AUCHAN
s’y trouve aussi, entre autres la concession de la famille DEVRED dont les magasins de vêtements se trouvent répartis sur le territoire et à l’étranger.
à noter également de grandes concessions de congrégations religieuses (dont certaines existent encore) qui ne sont hélas plus entretenues par l’évêché.
Cordialement
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