CÉZY (89) : cimetière
par
Cézy abrite la dépouille de son « fils illustre » : Félix ARVERS (1806-1850).
En réalité, ce littérateur est bien oublié de nos jours. Sa vie se limite à peu de choses : né et mort à Paris. Entre-temps, il fut l’auteur de quelques comédies légères très oubliées de nos jours qui lui permirent de mener une existence de dandy, familier des boulevards et des coulisses des petits théâtres. Il fréquenta le Cénacle de l’Arsenal. A quarante-quatre ans, il décéda d’une maladie de la moelle épinière, pauvre et oublié.
Félix Arvers fut en réalité un météore comme l’histoire littéraire en possède quelques uns : il ne dut sa postérité qu’à l’écriture d’un Sonnet :
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.
Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas ;
À l’austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas.
Aujourd’hui, on peine à penser qu’au XIXe siècle non seulement ce poème était sur toutes les lèvres, mais on ne cessait de s’interroger sur l’identité de la femme mystérieuse. Beaucoup de noms furent avancés (dont Adèle Hugo), sans qu’aucune certitude n’ait jamais été émise.
Est-ce Arvers lui même qui rédigea cette épitaphe prophétique portée sur sa tombe : qu’on m’ignore et que la Terre ne sache de moi que mes chants « Mes heures perdues » ?
Rien ne signale autrement ce cimetière, sinon la présence de plusieurs tombes Petiot, rappelant à notre mémoire les origines géographiques proches de l’inquiétant docteur !
Commentaires