SAINT-MANDÉ (94) : cimetière nord (communal)
par
Les communes limitrophes de Paris ont du mal à exister en dehors de leur envahissante voisine : il en est ainsi de Saint-Mandé dont le cimetière-sud, intégré à Paris, est donc considéré comme un cimetière parisien. Le cimetière nord en revanche, dit cimetière communal, fait bien partie du Val de Marne.
Plus ancien que le cimetière sud, le cimetière nord a le charme des vieux cimetières qui rappellent une banlieue qui n’existe plus. Saluons néanmoins la municipalité de Saint-Mandé qui a placé à l’entrée de ses deux cimetières un panneau explicatif présentant les tombeaux les plus notables : l’entreprise est rare et on se doit de féliciter une telle démarche.
Voir aussi le cimetière-sud de Saint-Mandé
Le cimetière nord de Saint-mandé
Le cimetière communal de Saint-Mandé fut ouvert au début du XIXe siècle : la plaque de présentation du cimetière indique que la plus ancienne concession encore debout, celle de Alexis Louis Lepaute, date de 1815. Ce petit enclos est plein de charme.
Curiosités
à l’entrée du cimetière, une plaque posée par la municipalité commémore la mémoire de Juliette Drouet.
Un tombeau Rouget de l’Isle (des cousins du fameux créateur de La Marseillaise) où repose Thomas Amédée (1807-1887), qui fut maire de Saint-Mandé de 1884 à 1885.
La tombe familiale Gallien, ornée d’une statue très érodée du sculpteur Aimé Millet.
La chapelle familiale Giraud, dont les charpentes et armatures furent réalisées en bronze, tandis que les murs et les sols étaient garnis de mosaïques.
Le beau tombeau d’inspiration classique de Claude Mongenot, qui fut maire de la commune.
La tombe du docteur Octave Foucher, ornée d’un médaillon en bronze de Pégou.
Un monument à la mémoire des 530 soldats français décédés à l’hôpital militaire Bégin au cours de la guerre de 1870-71.
Les célébrités : les incontournables…
VIDOCQ (cénotaphe)
… mais aussi
Le comédien Albert AUGIER (Albert Augier de Moussac : 1924-2007) : acteur français, il fut l’un des plus célèbres comédiens de doublage français. Il prêtait notamment sa voix au colonel Klink dans la série Papa Schultz, à Huggy "Les bons tuyaux" dans Starsky et Hutch, et à une quantité considérable de dessins animés et de séries pour enfants des années 80. Sa carrière cinématographique fut assez longue (ses premiers rôles datent des années 50), mais il n’obtint aucun rôle véritablement marquant. Il fut l’un de ces seconds rôles dont le cinéma est friand. Il repose dans le caveau Yvon.
Clément BELLE (1722-1806) : peintre classique d’inspiration religieuse, il fut à
partir de 1755 inspecteur de la manufacture des Gobelins. Il est inhumé avec son épouse, Madeleine de Rossi, et leur petite stèle présente un double médaillon de profil très abîmé. D’abord inhumé au cimetière sainte-Catherine (disparu) de Paris, il fut transféré ici lors de la désaffectation de l’ancienne nécropole.
Jean BRETONNEL (1910-1990) : De ses débuts d’organisateur à l’âge de 15 ans aux Folies-Belleville à son dernier championnat du monde en 1987, il donna plus de soixante ans de sa vie à la boxe. Jean Bretonnel fut l’un des plus grands managers de boxeurs, mais également entraîneur et organisateur. Il conduisit les carrières de grands champions.
Armand CARREL (1800-1836) : journaliste français, il prit très tôt position contre la Restauration. Il fonda avec Thiers le National, journal d’opposition constitutionnelle libérale, durant la monarchie de Juillet. A la suite d’une polémique de presse, il fut tué en duel par Emile de Girardin. Il repose sous une statue de lui faite par David d’Angers.
- Acte de décès d’Armand Carrel - Saint-Mandé.
Le cimetière abrite également le caveau de son frère et de sa descendance
Joseph Bienaimé CAVENTOU (1795-1877) : chimiste et pharmacien français, il travailla en étroite collaboration avec son collègue Pelletier. Ensemble, ils isolèrent, à partir de diverses plantes, une série d’alcaloïdes, dont la strychnine et la quinine. On leur doit également l’introduction du mot "chlorophylle".Dans la chapelle repose également son fils, Eugène (1824-1912), qui fut pharmacien et également membre de l’Académie de Médecine
- Acte de décès de Joseph Caventou - Paris.
Jean CHEVREAU (1794-1854), ancien maire de Saint-Mandé, qui fut aussi député de l’Ardèche en 1852. C’est dans sa maison qu’Armand Carrel, blessé lors de son duel avec Emile de Girardin, fut transporté et mourut. Dans son tombeau repose également son fils Léon Théophile (1827-1910). Préfet sous le Second empire (Ardèce, Sarthe, Oise), il fut un député conservateur de l’Oise de 1876 à 1889.
Juliette DROUET (Julienne Gauvain : 1806- 1883) : maîtresse du sculpteur Pradier qui la représenta dans la statue symbolisant Strasbourg, place de la Concorde à Paris, elle entama une carrière d’actrice sans envergure mais rencontra Victor Hugo. Elle devint alors l’inspiratrice du poète, collaboratrice effacée, épistolière de talent (plus de vingt mille lettres adressées à son "cher Victor"), lui vouant un culte exceptionnel tout en lui restant fidèle en dépit de ses trahisons. C’est elle qui lui sauve la vie pendant les journées de décembre 1851, avant de l’accompagner en exil à Bruxelles, puis à Jersey et à Guernesey. Elle repose auprès de Claire PRADIER (1826-1846), la fille unique qu’elle eut de son premier amant. Hugo l’aima comme sa propre fille et elle lui inspira quatre poèmes dans Les Contemplations. Elle mourut de la tuberculose et fut inhumée au cimetière d’Auteuil, mais fut transféré quelques jours plus tard à Saint-Mandé selon ses dernières volontés. Elles reposent côte à côte sous deux dalles ornées de vers de Hugo : Quand je ne serai plus qu’une cendre glacée, Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour, Dis toi, si dans mon cœur, ma mémoire est fixée, Le monde a sa pensée. Moi j’avais son amour pour Juliette ; Voilà donc que tu dors sous cette pierre grise, Voilà que tu n’es plus ayant à peine été ! L’astre attire le lys et te voilà reprise, O Vierge, par l’azur, cette virginité ! pour Claire.
J.J. GRANDVILLE (Jean Ignace Gérard : 1803-1847) : dessinateur de costumes pour l’opéra-comique, il collabora à quelques revues avant de se rendre célèbre avec la parution de ses Métamorphoses du jour, dont les caricatures d’hommes à têtes d’animaux s’attirèrent sur le champ autant de louanges que d’imitateurs. Grandville illustra alors de nombreux ouvrages et de 1835 à sa mort (les œuvres d’Honoré de Balzac, celles de Florian, Swift, Defoe, et surtout les Fables de La Fontaine). Il mourut fou à l’asile de Vanves. Les surréalistes l’ont salué comme un de leurs précurseurs.
Le coureur cycliste Robert OUBRON (1913-1989), qui cumula les prix dans les années 30 et 40. Il fut ainsi quatre fois champion du monde de cyclocross de 1937 à 1942. Il repose dans la sépulture Duval.
Le sculpteur et ornemaniste Frédéric Eugène PIAT (1827-1903), qui fut l’un des principaux acteurs du renouveau artistique de l’industrie française du bronze d’art et d’ameublement de la seconde moitié du siècle. Il fut le fondateur du musée des arts décoratifs de Troyes.
Georges THILL (1897-1984), qui fut l’un des plus grands ténors du XXe siècle. Né à Paris, il étudia avec le légendaire ténor Fernando De Lucia à Naples. Il fit ses débuts en 1924 à l’Opéra de Paris dans le rôle de Nicias dans Thaïs de Massenet. Il se retira en 1956 après avoir interprété tous les grands rôles de l’opéra français et italien ainsi que plusieurs personnages wagnériens qu’il aimait tout particulièrement. Il était aussi à l’aise chez Bach et chez Gluck que dans des œuvres contemporaines inédites de Rabaud, Cantaloube et Guinsbourg. Sa carrière s’est déroulée surtout à Paris, mais elle l’a mené aussi à Covent Garden, à la Scala, au Metropolitan et au Colón de Buenos Aires. Il trouva même le temps de tourner plusieurs films dont Louise (inspiré de l’opéra de Charpentier) d’Abel Gance avec la soprano Grace Moore.
Merci à Patrick de Graide pour la photo Augier
Commentaires