MEXICO (Mexique) : Panteón de San Fernando

visité en août 2013
samedi 17 juin 2023
par  Philippe Landru

La situation funéraire au Mexique sous domination espagnole fut similaire à celle de la vieille Europe : aux inhumations des notables au sein des églises, dans des conditions d’hygiène assez déplorables, succéda à la fin du XVIIIe siècle la volonté de créer des cimetières paroissiaux, puis à la fin du XIXe siècle des grands cimetières périphériques.

A l’origine de ce site se trouve l’église San Fernando : Vers 1730, les missionnaires du Colegio de Propaganda Fide de Querétaro décidèrent de fonder un collège à Mexico pour former les missionnaires qui participaint à l’ évangélisation de la Nouvelle-Espagne. En 1735, la première pierre de l’église fut posée, réalisée dans le style baroque et achevée vers 1751 par les architectes Manuel Álvarez et José Eduardo de Herrera. Dans cette église furent enterrés les vice-rois Matías de Gálvez y Gallardo (1784) et Bernardo de Gálvez (1786), père et fils.

Le Pantéon de San Fernando ouvrit ses portes en 1832. Au cours des deux décennies suivantes, sa renommée grandit : comme il s’agissait d’un petit cimetière propre et bien ordonné, il fut rapidement choisi par les familles de la classe supérieure comme lieu de leur inhumation. Pour cette raison, les prix des services funéraires à San Fernando augmentèrent et, en quelques années, seules les personnes les plus riches et les plus puissantes de la société mexicaines purent se permettre d’être enterrées à cet endroit.

En 1859, ls cimetières furent sécularisés et il passa sous contrôle de la municipalité, qui décida rapidement d’en faire un Panthéon pour les « personnes illustres » du Mexique. La dernière inhumation fut celle du président Benito Juárez en 1872 : son successeur, Sebastián Lerdo de Tejada, décida alors la construction de la rotonde des hommes illustres dans le panthéon civil de Dolores qui le remplaça progressivement.

En 1900, sa destruction fut prévue pour construire un monumental « Panthéon National », derrière lui, sur l’actuelle Calle de Héroes, qui tire son nom de ce projet. Le déclenchement de la Révolution mexicaine et une mauvaise fondation de la crypte centrale l’empêcha d’être entièrement construite. San Fernando perdit quelques murs pour ce travail, mais survécut à cette destruction programmée.

En 1935, le Panthéon de San Fernando fut déclaré monument historique, et en 1968, il fit l’objet d’une magnifique restauration à l’occasion des Jeux olympiques de Mexico. Au cours des années 1970 et 1980, le panthéon a subi diverses légères modifications, en raison de la célébration des centenaires de la mort de Juárez et de Francisco Zarco, ainsi que du tremblement de terre de 1985. Devenu un musée en 2006, le tremblement de terre survenu en septembre 2017 fit des dégâts et nécessita une fermeture temporaire.

Bien que quelques artistes y reposent, ce cimetière est avant tout à la gloire des figures politiques et militaires de la première moitié du XIXe siècle, et plus précisément à celle de Benito Juárez et de ceux qui le suivirent. Beau coup de personnalités furent inhumées ici avant d’être transférées dans un autre Pantéon.

y reposent :

Les présidents de la République mexicaine :

- Vicente GUERRERO (qui fut ultérieurement transféré dans le mausolée situé à la base de la colonne d’El Ángel de la Independencia.
- José Joaquín de HERRERA
- Manuel María LOMBARDINI
- Martin CARRERA
- Ignacio COMONFORT
- Benito JUÁREZ
- Miguel MIRAMÓN

Plus énigmatique et étonnant, le columbarium du cimetière possède la case de la danseuse Isadora Duncan ! Celle qui repose au Père Lachaise et qui n’a en outre jamais mis les pieds au Mexique aurait été honorée, plus de cinquante ans après la fermeture du Pantéon aux inhumations, d’une « case-cénotaphe ». Plusieurs légendes circulent sur cette présence, la plus populaire étant que le président Plutarco Elías Calles était amoureux d’elle ! Cette case l’indique née en 1878, alors qu’elle était née en 1877.

Mais également :

- Le général Lino José ALCORTA (? -1854), qui participa à la guerre d’indépendance du Texas en 1836, à la défense du port de Veracruz pendant la guerre de la pâtisserie en 1838 et contre l’intervention américaine au Mexique de 1847. Sous le gouvernement d’Antonio López de Santa Anna, il fut ministre de la Guerre et de la Marine.

- Les généraux républicains José María ARTEAGA (1827-1865) et Carlos SALAZAR RUIZ (1829-1865), qui s’opposèrent à la présence française au Mexique, et qui fut fusillé par les soldats de Maximilien, devenant des martyrs de la nation mexicaine. En 1869, leurs corpsont été transférés avec les honneurs dans ce panthéon.

-  L’acteur de théâtre Antonio CASTRO (1816-1863).

- Juan Crisóstomo DORIA (1839-1869) : avocat et officier militaire qui a combattu dans la seconde intervention française au Mexique. Il fut gouverneur d’Etats.

- Le chirurgien Jose Ignacio DURÁN (1799-1868), qui fut à l’origine de l’École nationale de médecine mexicaine.

- José Urbano FONSECA (1802-1871) : ancien ministre de la Justice et des Affaires étrangères, il fit œuvre de philanthropie en finançant une école pour les élèves sourds et muets. Inhumé ici à sa mort, il fut transféré par sa famille au Pantéon francés de la Piedad de Mexico.

- Juan de la GRANJA (1785-1853) : marchand, homme d’affaires et diplomate mexicain d’origine espagnole, il est connu principalement pour avoir installé le premier télégraphe électromagnétique au Mexique (ce qui est rappelé dans son épitaphe). Il est représenté statufié, assis dans un fauteuil.

- José María LAFRAGUA (1813-1875) : ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du président Ignacio Comonfort, il fut le premier directeur de la Bibliothèque nationale du Mexique et l’auteur clé des codes civil et pénal mexicains.

- Miguel LERDO de TEJADA (1812-1861) : Frère de Sebastián Lerdo de Tejada, ministre des Finances de Benito Juárez, il a rédigé la loi sur la confiscation des fermes rurales et urbaines des sociétés civiles et religieuses du Mexique qui a affecté les biens de l’Église et des peuples autochtones et déclenché la guerre de réforme.

- Le général Tomás MEJÍA (1820-1867), d’origine indigène. Conservateur et catholique, il passa au service de Maximilien, empereur du Mexique. Après la défaite de l’Empire, il fut fusillé par les républicains avec le général Miguel Miramón et l’empereur Maximilien Ier.

- Le juriste Mariano OTERO (1817-1850), qui fut député et ministre et développa un projet de société proche du socialisme utopique. Il mourut du choléra.

-  Le peintre Joaquin RAMIREZ (1834-1866).

- Mariano RIVA PALACIO (1803-1880) : avocat, gouverneur de l’État de Mexico à trois reprises et candidat à l’élection présidentielle en 1850 et 1861, il fut plusieurs fois ministre.

- Luis de la ROSA OTEIZA (1804-1856), qui fut ministre à plusieurs reprises et président de la Chambre des députés. Il fut enterré au ici, mais en 1998, il fut transféré et enterré dans le mausolée des Illustres Hommes de Zacatecas, son État d’origine.

- L’avocat et député Manuel RUIZ (1822-1871), proche de Benito Juárez, qui fut ministre de la Justice et aux affaires ecclésiastiques. Il fut à l’origine des loirs de nationalisation des biens de l’Église et la du mariage civil.

- Jesús TERÁN (1821-1866), qui fut ministre de l’Intérieur d’Ignacio Comonfort puis ambassadeur plénipotentiaire auprès des cours européennes avec pour mission d’empêcher Maximilien de venir au Mexique et de faire retirer les troupes françaises. C’est à cette occasion qu’il mourut en France : il fut inhumé dans la 29ème division du cimetière Montmartre, à Paris, jusqu’aux transferts de ses restes ici, en mai 1952.

- Le général républicain Romulo del VALLE (1792-1866), qui fut l’allié de Benito Juárez durant la Guerre de Reforme. Il était le père du général Leandro Valle, qui repose près de lui dans ce cimetière avant d’être transféré en 1988 à la Rotonda de las personas ilustres.

- L’officier Felipe Santiago XICOTÉNCAL (1806-1847), qui combattit contre l’intervention étatsunienne et qui mourut lors de la bataille de Chapultepec. Après sa mort, ses restes ont été enveloppés dans le drapeau de son bataillon et enterrés dans la chapelle de San Miguel Chapultepec, d’où ils ont ensuite été transférés au Panthéon de Santa Paula, puis ici en 1871. Dans les commémorations du centenaire de la bataille de Chapultepec en 1947, ses restes furent exhumés, incinérés et finalement déposés dans l’autel de la patrie où il occupe la partie centrale du monument dans le Bosque de Chapultepec, ses cendres reposent dans une urne en verre et en argent.

- Le général Ignacio ZARAGOZA (1829-1862) fut le ministre de la Guerre du président Benito Juárez.Il est connu au Mexique pour sa victoire contre les troupes impériales françaises lors de la bataille de Puebla le 5 mai 1862. Il mourut quelques mois après, à 33 ans, de la fièvre typhoïde. Ses restes furent inhumés au Panthéon San Fernando à Mexico, puis transférés à Puebla lors de l’édification du monument commémoratif du Cinco de Mayo.

- Francisco ZARCO (1829-1869) : journaliste et historien, il eut un rôle politique important durant la Guerre de Réforme, et fut Ministre des Affaires Étrangères du Mexique. Il fut un proche de Benito Juárez.

- Anastasio ZERECERO (1799-1875) : militaire républicain et historien, partisan de Benito Juárez, il a écrit Mémoires pour l’histoire des révolutions au Mexique, publié en 1869 et la biographie détaillée du président Juárez. Ses restes ont été enterrés dans le Panthéon de Tepeyac et plus tard déplacés ici.


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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

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vendredi 14 février 2014

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