VILLENEUVE-LÈS-MAGUELONE (34) : cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone
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La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone est une cathédrale des XIIe et XIIIe siècles située sur la commune de Villeneuve-lès-Maguelone, bâtie dans la cité insulaire wisigothe de Maguelone, à proximité de l’actuelle Palavas-les-Flots. L’évêché de Maguelone apparaît dans les textes à la fin du VIe siècle, sur une île déjà occupée dans l’Antiquité. Le caractère insulaire (l’évêché n’étant accessible que par la mer) lui assura une certaine protection : Maguelone fut le siège de l’évêque mais aussi du comte goth, qui assurait le pouvoir temporel.
La cathédrale a été construite comme une véritable forteresse. Ainsi, les murs dépassent couramment les deux mètres d’épaisseur. Elle possédait à l’époque un appareil défensif qui a maintenant disparu. Les piédroits du portail abritent deux très beaux bas-reliefs de marbre blanc représentant saint Pierre à droite, et saint Paul à gauche, les deux patrons de la cathédrale. Saint Pierre, assis, tient les clefs dans une main et le livre des Évangiles de l’autre. Saint Paul, un genou fléchi, brandit une épée dans la main droite et les Épîtres dans l’autre. Les tuniques et les manteaux à l’antique des deux personnages sont très soigneusement dessinés. Les deux dalles datent du XIIe siècle, et faisaient sans doute partie initialement d’un grand tympan de plein-cintre. Le tympan est entouré d’une archivolte brisée de marbre polychrome. C’est l’élément le plus récent du portail. Le Christ est représenté en majesté, sur un trône cannelé, bénissant de la main droite, et tenant le Livre de Vie. Il est vêtu d’un drap au dessin complexe, et s’inscrit dans une gloire polylobée. Il est entouré des quatre « vivants » de l’Apocalypse, figurant les quatre Évangélistes.
- Tombeau et épitaphe d’Arnaud, évêque de Maguelone de 1029 à 1060, qui décida de faire reconstruire la cathédrale.
- Les tombeaux se trouvent devant le maître-autel.
Le sol du transept est pavé de tombes, souvent anonymes. Il y a malgré tout quatre dalles d’évêques en marbre : l’humaniste Jean de Bonald (1472-1487), Izarn de Barrière (1488-1498), qui restaura l’université, Antoine de Subiet-Cardot (1573-1596) et Guitard de Ratte (1596-1602).
- Jean de Bonald
- Izarn de Barrière
- Antoine de Subiet-Cardot
- Guitard de Ratte
Raymond de CANILLAC (ca1300-1373), parent de Clément VI, il fut archevêque de Toulouse, cardinal avec le titre de cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem puis de cardinal-évêque de Palestrina. II mourut à Avignon et fut d’abord inhumé dans l’église des franciscains, mais il n’avait pas oublié Maguelone, dont il avait été le prévot du chapitre. Par testament, il y fonda, près de cette cathédrale, une église dédiée à la Sainte-Trinité qui fut ensuite érigée en collégiale. Il demanda aussi d’y être inhumé. Son tombeau se trouve à l’intérieur de la cathédrale dans la chapelle des Canillac. Ce tombeau est associé à la légende de la « Belle Maguelone », qui expliquerait la fondation de la cathédrale.
La Belle Maguelone
Au Moyen Âge, Pierre, fils d’un comte de Provence aurait entendu parler de la beauté d’une princesse napolitaine qui s’appelait Maguelone. Il décida de partir pour la cité italienne afin de la rencontrer. Lorsqu’il arriva sur les lieux, il participa à un tournoi qu’il finit par gagner. Sa victoire lui permit d’être invité chez le roi et d’enfin rencontrer la princesse. Dès qu’ils se virent, les deux jeunes gens tombèrent éperdument amoureux l’un de l’autre. Pour prouver son amour, Pierre offrit trois anneaux d’or à sa promise. Une vie de richesse ne les intéressait pas ; aussi, un soir, décidèrent-ils de s’enfuir à cheval. Toute la nuit durant, le cheval galopa. Lorsque le Soleil commença à se lever, ils firent une halte au bord de la mer afin de se reposer. C’est alors qu’un oiseau déroba les trois anneaux d’or de la princesse et s’enfuit en direction du large. Avec tout son courage, Pierre décida de poursuivre l’oiseau sur une barque, mais soudain, une tempête se leva et fit chavirer la petite embarcation. C’était la fin, Pierre était voué à disparaitre, il était perdu en pleine mer. Mais heureusement, un navire maure venant d’Afrique passa par là et sauva Pierre d’une mort certaine.
Pendant ce temps, Maguelone attendait désespérément. Inquiète, triste, elle marchait sur la plage attendant le retour de son bien-aimé. Elle arriva sur une petite île qu’on appelait alors « Port Sarrazin ». Dans toute sa détresse, elle comprit qu’elle ne pouvait compter que sur Dieu, aussi décida-t-elle de fonder un hôpital et une église sur ce tout petit îlot. Lorsqu’elle donna un nom à l’église, elle n’hésita pas et ses pensées se figèrent sur son amour disparu : l’édifice allait s’appeler Saint-Pierre, en hommage à son courageux bien-aimé.
Pierre était quant à lui parvenu à accomplir de grands faits d’armes auprès de l’armée du sultan. Pour le récompenser, celui-ci lui redonna sa liberté. Pierre prit aussitôt la décision de partir pour retrouver sa princesse mais il fut abandonné sur une île déserte par son propre équipage ! Il fut une nouvelle fois chanceux puisque des pêcheurs le retrouvèrent et le ramenèrent à l’hôpital de « Port Sarrazin » où il retrouva la belle Maguelone. Ainsi, selon la légende, naquit la cathédrale de Maguelone.
A l’intérieur du tombeau de Raymond de Canillac fut placé un sarcophage d’époque wisigothique (VIème - VIIème siècle) en marbre gris sculpté trouvé au siècle dernier et longtemps appelé par la coutume populaire « Tombèu de la Bèlo Magalouna ». Il est orné de rinceaux où se mêlent feuilles d’acanthe et feuilles de vigne rappelant un décor antique. Il aurait servi jadis d’auge pour abreuver le bétail et on racontait que tous les animaux qui venaient y boire tombaient malades.
On notera également la présence plus contemporaine de Frédéric FABRÈGE (1841-1915), avocat et historien qui consacra sa fortune à la restauration de la Cathédrale, sur le domaine acquis par son père en 1852 (la cathédrale était désaffectée depuis le XVIe siècle).
Merci à Bernadette Bessodes pour les photos.
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