D’origine modeste, il reçoit une formation d’avocat. Il commence sa carrière politique au sein de la SFIO, et c’est en tant que socialiste qu’il conquiert la mairie d’Aubervilliers en 1923. Revenu de la guerre pacifiste, il partage les vues d’Aristide Briand concernant une réconciliation avec l’Allemagne, politique dont il ne se départira jamais.
Ayant fait fortune (en particulier dans les médias), il s’éloigne progressivement de la gauche pour pactiser avec la droite parlementaire. A quatre reprises, il devient président du Conseil (entre 1931 et 1932, en 1935-1936). Ecarté du pouvoir par le Front Populaire, il en tire une haine durable contre les "socialo-communistes" qu’il fustige dans ses journaux. Face à la menace de plus en plus grande que représente Hitler, il mène une politique d’inertie.
La défaite de 1940 lui permet de revenir au pouvoir : il met tous ses moyens en jeu pour permettre la prise du pouvoir par Pétain qui en fait son premier chef de gouvernement. Laval se rapproche désormais étroitement de l’Allemagne, le menant à une politique de collaboration. Limogé par Pétain -les deux hommes ne s’aimèrent jamais-, il est remplacé par Darlan. En avril 1942 pourtant, sous la pression allemande, Pétain est obligé de faire à nouveau appel à lui. Dès lors, Laval mène une politique totalement collaborationiste par haine du communisme : création du STO, de la Milice... Il facilite et encourage la déportation des populations juives, y compris dans la zone libre.
Il tente de fuir à la Libération : arrêté à Barcelone, il est livré à De Gaulle. Après un procès, il est condamné à mort : il tente de se suicider au cyanure la veille de son exécution et c’est un moribond que l’on fusille à Fresnes en 1945.
La famille parvint à récupérer ses restes et à les faire inhumer à Montparnasse où sa tombe fait toujours l’objet de beaucoup de discrétion (quoiqu’en bordure). Ainsi, elle n’apparaît dans aucun guide et sur aucun plan.
En 1992, le comédien Jean Yanne prêta ses traîts au personnage de Laval dans le Pétain de Jean Marboeuf (dans lequel Jacques Duffilho incarnait le maréchal).
Dans le même caveau fut inhumé son gendre René de Chambrun (1906-2002) : cet avocat collaborationiste, descendant de La Fayette, président de la Compagnie des cristalleries de Baccarat à partir des années 60, avait épousé Josée Laval, fille de Pierre. Toute sa vie, il tenta de réhabiliter la mémoire de son beau-père.
Commentaires
J’ai été plusieurs fois au cimetiere du montparnasse pour trouver la tombe de pierre LAVAL sans succès.
Quelqu’un peut il me donner des indications précises. (je sais qu’il se trouve 15eme division mais ou plus précisément ?).
Merci d’avance.
Quand je fais visiter le cimetière de Montparnasse à des amis, j’oublie toujours de leur montrer la tombe de Laval. Comme c’est curieux !!! Le ferais-je exprès ???
Alain
Bonjour,
Quelqu’un saurait-il en quelle année la dépouille de Laval a été transférée de Thiais à Montparnasse ?
Merci d’avance pour votre réponse.
Dans la tradition, quand un condamné à mort est inhumé, on cache son nom, ou on l’écrit en un autre alphabet, et la tombe doit être discrête, ce qui est le cas. Si le condamné à mort est réhabilité, de plein droit son nom doit être affiché, avec une plaque indicative.
cela m’a toujours choqué qu’une personne comme Laval soit enterré avec son nom apparent car son nom est synonyme de honte et de collaboration lors de la seconde guerre mondiale
bonjour,
la tombe de Laval est bien signalée dans le plan du cimetière de Montparnasse que j’ai trouvé sur le site de la mairie de Paris. Il porte le numéro 54 sur le plan et 55 dans le listing...
En effet, et c’est incroyable de la part de l’administration parisienne, il y a un bug dans le listing et qui est du à la présence-absence de Stéphane Hessel, doté du n°43 sur le listing mais non reporté sur le plan.... Peut-être que cette erreur énorme a été corrigée depuis ? cela signifie q’il y a un décalage d’un point entre le listing et le plan : ainsi Man Ray est le 59 dans la liste et le 58 sur le plan...
j’espère avoir été assez clair ! Et un grand bravo pour votre site super !!!!!!!!!!!!!!!
"12 balles dans la peau !". C’était le funeste sort auquel étaient voués les traitres en ces temps vengeurs aux pratiques expéditives. Si un médecin légiste non avisé avait autopsié Pierre Laval, il aurait eu une surprise, une treizième balle...
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J’ai sept ans, on est la fin des années soixante, et je suis hospitalisé dans une clinique de luxe de Versailles. Pour une opération des yeux. La clinique est un petit chateau entouré d’un parc. Je me promène dans ce parc, avec ma mère. Arrive une imposante voiture blanche, en descend un homme assez âgé. Ma mère me souffle : "C’est le docteur Barragué. C’est le directeur de la clinique". Elle rajoute : "C’est lui qui a sauvé Laval, pendant la guerre..."
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Je ne crois pas lui avoir demandé, c’est qui Laval. Elle devait me savoir avisé. Une émission de télé peu avant, peut-être. Un fils unique vit au diapason de ses adultes de parents.
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En août 1941, Laval est de passage à Versailles pour passer en revue des "Légionnaires", volontaires pour partir sur le front de l’Est. Il y a là Darlan, Déat, etc. Et à un moment un "Volontaire" sort du rang avec un pistolet 6.35 et mitraille Laval et sa suite. On récupère Laval, et on l’emmène fissa à l’hôpital de Versailles. Le chirurgien de garde ce jour-là est Pierre Barragué. Blessé en deux endroits, une balle est logée près du cœur. Plus tard, On trouvera dans les archives du Hoover Institut, à Stanford, le témoignage du chirurgien, après-guerre. Il considère que Laval, âgé, grand fumeur, et stressé, ne peut subir une intervention lourde autour du cœur. C’est la panique, il ferme à clef la salle d’opération, pour être tranquille. Sans pénicilline, il estime qu’il n’y a qu’à laisser la balle, et recoud le patient, moyennement convaincu de sa survie. Après une semaine entre la vie et la mort, Laval s’en tire.
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La notoriété de ce non-geste salvateur a dû faire jaser car de mauvais esprits se sont demandés comment le chirurgien s’était offert ce château versaillais ! Laval et sa riche famille furent-ils reconnaissants ? L’information de ma mère devait procéder de cette interrogation.
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Des années après, adulte, je passe devant le rayon histoire de la Fnac, et un livre accroche mon regard : "Les Carnets de José Laval". Mon souvenir se ravive. Me saisissant de l’ouvrage, j’ouvre l’index. Le docteur Barragué et de son épouse sont bien mentionnés ! Et on s’aperçoit qu’ils sont devenus à partir de ce sauvetage des familiers des mondanités la fille de Laval, qui mènera grand train jusqu’à sa mort, avec son mari franco-américain, et descendant richissime de Lafayette, René de Chambrun.
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Les Barragué ont eu une deuxième fillette, dont Laval est devenu le parrain (Honorifique, René de Chambrun étant le "Vrai"). Pierre Barragué fût le deus ex machina de Laval, et pour moi le deus ex Mercedes !
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Dans la section cimetière des Gonards à Versailles, j’ai un jour commenté à propos de l’imposant tombeau de la famille Dupuy, propriétaire jadis du quotidien Le Petit Parisien. C’est à elle qu’appartenait le château devenu Clinique de la Maye, quand une princesse Gladys de Polignac, héritière de sa mère américaine épouse Dupuy, vendit en 1955 au docteur Barragué ce qu’il allait transformer en clinique.
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Avant-guerre, ce chateau hébergea le roi d’Angleterre démissionnaire et Wallis Simpson. S’y logèrent aussi Le roi Zog d’Albanie et sa suite en fuite. J’ai donc, enfant, dormi avec de drôles de fantômes !