DOLE (39) : cimetière Nord (dit de Landon)
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Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne croule pas sous les informations concernant le plus grand cimetière de Dole : aucun ouvrage sur les cimetières ne l’aborde, et le net n’apporte strictement aucune information sur lui.
C’est donc, par un temps maussade, une terra incognita que j’ai visité, en n’y cherchant rien de précis.
Ce cimetière ouvrit au début du XXe siècle, comme l’atteste l’imposant ossuaire de l’ancien cimetière, qui date de 1899.
Première impression : l’importance qu’occupent les monuments commémoratifs des guerres et le cimetière militaire.
Particulier : la présence d’un Mémorial des Internés et Déportés, inauguré en 1990. Il répond à une symbolique forte : le Triangle, pointe en bas, était le signe distinctif des Déportés en Camp de concentration, de couleur différente suivant la classification. Un numéro de matricule y figure, dépersonnalisation du déporté. On y trouve (ce que je n’ai jamais vu dans aucun autre cimetière) une carte des camps d’extermination, de concentration, et d’internement. La porte d’accès à la crypte est en réalité une porte de cellule de la prison de Dole avec des inscriptions de détenus de cette époque 1940-1945.
Au fond du cimetière se trouve la partie la plus ancienne, vaste espace occupé par des tombeaux du début du XXe siècle, à l’architecture parfois fabuleuse, mais dont beaucoup se trouvent désormais dans un état de délabrement avancé.
- Une belle tombe art-déco attend une hypothétique rénovation
- Une vierge dans un extravagant dais rouillé
- Médaillon de don Gabriel Lavrut, chevalier de la Toison d’or
S’il ne semble pas y avoir de célébrités majeures dans ce cimetière, quelques figures attireront néanmoins l’attention :
Le chef cuisinier Emile BERNARD (1826-1897), qui après Sedan en 1870 n’hésitât pas a passer du services de Napoléon III a celui de l’empereur d’Allemagne. Il est surtout connus pour avoir introduit le service a la russe en France . Il écrivit avec Urbain Dubois , La Cuisine Classique , paru en 1856 , livre qui reprend toutes les grandes recettes classique du début du siècle.
Jean-Baptiste BOURGEOIS (dit : du Jura : 1831-1900) : roubaisien d’origine, il fut député du Jura de 1885 à 1897 et sénateur du département en 1897. Il repose sous un buste en bronze de Marguerite Syamour.
Pierre-Etienne Chrysostome CORNE (1787-1855) : ingénieur des Ponts et Chaussées pour l’arrondissement de Dole, il fut affecté au service du canal du Rhône au Rhin, où il fut chargé d’achever les travaux entre Dole et Besançon. Il réalisa aussi la construction du grand pont sur le Doubs à Dole.
Jules-Maurice GAUDARD-PACHA (1821-1888) : après avoir été avocat à Dole, il entra dans la fonction publique. Il fut envoyé en Égypte au ministère des affaires étrangères où il devint secrétaire général du ministère par Saïd Pacha vice-roi d’Égypte. Après la prise de possession de l’Égypte par les Anglais il revint à Dole. Il envoya à Dole un coran du XIVè siècle en enluminures multicolores mesurant près d’un mètre de haut (le plus grand connu en France) désormais conservé à la médiathèque de la ville. Son étonnant tombeau illustre son attirance pour l’Egypte.
Alexandre de MARENCHES (1921-1995) : officier français, d’une famille où tous les hommes étaient saint-cyriens, il fut directeur général du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) de 1970 à 1981. Pompidou, sali personnellement par l’affaire Marković, fit appel à lui pour réformer profondément le service. Il devint l’interlocuteur privilégié de nombre de chefs d’État dans le monde et ami intime du roi du Maroc Hassan II, il fut élu membre de l’Académie marocaine. Après l’élection de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis, il serait devenu l’un de ses plus proches conseillers pour la conduite des affaires en Afghanistan. Il monta un certain nombre « d’opérations », notamment en Afrique (ce qui le fit entrer en conflit avec Jacques Foccart) ; mais refusant de servir un gouvernement avec des ministres communistes, il quitta ses fonctions en 1981. Dans sa tombe de famille envahie par la végétation touffue, et dominée par un haut cyprès, repose également son père Charles de MARENCHES (1881-1931), qui fut aide de camp du maréchal Foch, représentant du maréchal Pétain auprès du général Pershing.
Marius PIEYRE (1867-1935) : maire de Dole de 1907 à 1935, il fut député du département de 1928 à 1932, puis sénateur de 1932 à 1935, siégeant avec la Gauche démocratique. Il repose sous un bas-relief de bronze par Georges Saupique.
Nestor RUFFIER (1822-1877) : président du tribunal de commerce de Dole, il fut également compositeur de musique comme l’atteste la lyre sculpté sous son médaillon en bronze par Etienne Captier. Dans ce même caveau repose son frère, l’architecte Philippe RUFFIER (1820-1904)), qui fut également maire de Dole à la fin du XIXe siècle.
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