Le Puy-en-Velay (43) : Le grand livre ouvert du cimetière Nord
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Lieu de recueillement très fréquenté à l’occasion de la Toussaint, le cimetière du Puy est, à sa façon, un témoignage fort de l’histoire de la ville et de la vie de ses habitants…
Créé dans les années 1830, le cimetière Nord est le seul pour les villes du Puy-en-Velay et d’Aiguilhe. Il s’étend sur une superficie de 7,5 hectares, sur un coteau situé au nord de la ville.
Lieu de recueillement très fréquenté à l’occasion de la Toussaint, le cimetière du Puy est, à sa façon, un témoignage fort de l’histoire de la ville et de la vie de ses habitants…
Franchir le portail du cimetière du Puy-en-Velay, séparé du centre-ville par le rocher Corneille, c’est se plonger dans l’histoire de la ville et de celles et ceux qui l’ont faite. Un drôle de paradoxe que celui de trouver, en ce lieu dédié à la mort, une empreinte de la vie. Et pourtant… Une balade à travers le labyrinthe d’allées qui s’étend sur un terrain de 7,5 hectares en pente et situé plein nord, avec une vue sur le coteau d’Aiguilhe, permet d’en apprendre beaucoup sur la ville.
Le cimetière a ses « stars » locales
L’imposante statue du Christ de la tombe de Mgr Freydier, chanoine honoraire de 1890, accueille le visiteur dès son arrivée et symbolise, à l’intérieur même de ce cimetière construit dans les années 1830, l’importance de l’Église catholique au Puy-en-Velay. Ici et là, les noms de familles gravés sur les pierres tombales « sonnent » pour tous les Ponots. Le cimetière Nord n’est pas le Père Lachaise à Paris, mais il a lui aussi ses stars. Du moins, ses figures locales. À commencer par le Docteur André Chantemesse (1851-1919), connu pour son vaccin contre la fièvre typhoïde. Plus loin, on retrouve l’historien et érudit local Albert Boudon-Lashermes (1882-1967) ou Charles Calemard de Lafayette (1815-1901), homme de lettres et député.
Les grandes familles de commerçants, artisans ou de la bourgeoisie, se dévoilent sur des sépultures qui dépassent parfois les 150 ans. Parmi elles, la famille Canard, avec son usine de coiffes, les Lobeyrac, une lignée très ancienne du Velay ou encore les Moiselet, du nom de l’architecte qui dessina ce lieu. Aujourd’hui, le cimetière Nord forme un drôle de melting-pot architectural où différents styles se côtoient, d’une tombe à une autre, au fil des concessions et du temps qui passe. La chapelle funéraire du début XXe, dressé bien souvent par les notables de l’époque, fait face au caveau en granit des années 2010 qui lui-même, vient prendre place à côté d’une sépulture plus modeste en ciment.
À l’instar de la richesse de son patrimoine en centre-ville, le cimetière, avec ses tombeaux les plus anciens, constitue pour de nombreux historiens et spécialistes un trésor qu’il convient de préserver. « Certains sont des œuvres à part entière et traduisent une époque et un style », explique Carly Rouma, guide conférencière. À partir du XIXe siècle, les changements d’habitudes vis-à-vis de la mort ont amené à l’édification de véritables monuments, forts en symboliques.
En tout cas, pour ceux qui en avaient les moyens. Car jusque dans la mort, le statut social et la réussite peuvent être mis en avant. Les monuments d’art essentiellement roman en attestent au sein du cimetière du Puy-en-Velay, avec des sépultures parfois un brin tape-à-l’œil. Les anges, les torches retournées, pour marquer la fin de la vie, ou les crucifix sont les symboles les plus fréquents présents sur les tombes.
D’autres signes plus originaux apparaissent pourtant sur certains caveaux du XIXe siècle, comme ces sphinx ou colonnes en forme d’obélisques, à une époque où l’égyptologie fascinait le plus grand nombre.
Le lieu est en perpétuel mouvement et suit les changements de la société locale avec par exemple la naissance d’un carré musulman ou, plus récemment, d’un columbarium pour les urnes funéraires sans oublier un lieu pour disperser les cendres des défunts. Ainsi va la vie du cimetière Nord du Puy-en-Velay.
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