ESPELETTE (64) : cimetière
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Espelette, connu pour ses piments, sait entretenir son patrimoine funéraire.
A proximité de l’’église Saint-Etienne, qui date du XVIème siècle et qui a la physionomie d’une puissante forteresse avec notamment son clocher-donjon, ont été conservées un assez grand nombre de stèles discoïdales anciennes, typiques de la région. Elles datent des XVIIe/XVIIIe siècles.
Sous le porche ont été également disposées des stèles rectangulaires du XVIIIe siècle.
Le cimetière actuel, de taille modeste, est enclos contre l’église. Une tombe
attirera plus particulièrement l’attention : celle d’Agnès SOURET (1902-1928).
Eté 1920, alors qu’un concours de la plus belle femme de France est organisé à Paris, Agnès Souret, depuis son village d’Espelette, envoie une photo d’elle en communiante, accompagnée de ce petit mot : « Je n’ai que 17 ans, dites-moi si je dois traverser la France pour courir ma chance ? » Agnès, sélectionnée, fait alors l’objet d’un petit film amateur, projeté, comme celui de centaines d’autres candidates, dans les cinémas des grandes villes, à l’entracte. Le public vote pour elle, avec 114 994 voix très exactement.
Elle devint ainsi la première Miss France, alors appelée « la plus belle de France », sans doute pour se démarquer d’un terme trop connoté américain.
Elle rêva de devenir actrice à l’écran. Son premier film fut un bide et elle tenta une carrière de modiste. Finalement, comme sa mère avant elle, danseuse au ballet de Monte-Carlo, Agnès Souret se tourna vers la scène. Elle fut meneuse de revue aux Folies Bergère. C’est lors d’un voyage en Argentine qu’elle mourut d’une péritonite mal soignée, en 1928. Pour rapatrier le corps en France, sa mère se ruina, vendit la maison et fit construire un caveau en marbre rose, gravé à l’effigie de la jeune femme. Elle fit graver comme épitaphe : "à ma fille douce et jolie, elle fut une petite rose sans épines" (l’épitaphe est difficilement lisible). Cette tombe art déco fut inscrite à l’inventaire des Monuments historiques en 2006. Elle est ornée d’un médaillon par Lucien Danglade.
L’ensemble demeure fragile, et l’intérieur de la tombe semble miné par les infiltrations et l’humidité.
Y repose également le cardinal et archevêque de Marseille Roger ETCHEGARAY (1922-2019), membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
Merci à Nicolas Badin pour la photo Etchegaray.
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