MONTAUT (40) : Le petit-fils de l’Empereur
par
Une présence peu connue !
Voir aussi l’article que j’ai rédigé sur ce cimetière.
Le visiteur curieux qui irait flâner dans le petit cimetière de Montaut, serait surpris de découvrir une tombe portant l’épitaphe suivante « Gaston, comte Léon, petit-fils de Napoléon Ier repose pour l’éternité ». Peu de férus d’histoire savent que la dépouille d’un descendant de l’empereur repose en Chalosse. Pourtant en 1937, le journal « Paris Soir » titrait en première page « Le petit-fils de Napoléon vient de mourir dans les Landes ». « Nice Matin » reprenait également cette information dans ses colonnes, plus tard c’était « l’Illustration » qui lui consacrait un article.
Le 12 décembre 1806, au n°9, rue de la Victoire, naissait un enfant de sexe masculin, qui fut déclaré sous le nom de Léon, fils de Mlle Eléonore Deruelle de la Plaigne, et de père absent. Ce père absent était Napoléon Ier, il fut averti de sa paternité à Pultusk, le 31 décembre. De suite il donna des ordres pour assurer l’avenir de l’enfant.
Éléonore de la Plaigne née à Saint-Germain-en-Laye en 1780, était une ancienne compagne de pension de Caroline Bonaparte, la sœur du futur empereur. À la suite d’ennuis conjugaux, la princesse devait la recueillir et en faire sa lectrice. Éléonore, âgée de 21 ans, était une belle créature brune, bien faite. L’empereur vit chez elle une conquête facile, la jeune fille se rendit de nombreuses fois aux Tuileries. Ce fut une amourette, non une grande passion, rien de comparable avec la liaison que Napoléon allait avoir avec Marie Walewska, néanmoins cette aventure ne devait pas rester stérile.
Une existence dissipée
Après avoir anobli l’enfant, l’empereur assurera son éducation et comme il se doit, l’enfant fut parfois amené aux Tuileries, comme il sera amené à la Malmaison et sur sa demande express, la veille de son départ pour Sainte-Hélène. Napoléon constitua une fortune indépendante à la mère et à l’enfant. À ce dernier, en 1817, il attribua 12 000 livres de rentes et 100 000 en actions de canaux. À Sainte-Hélène, il ajouta un ultime et dernier legs de 300 000 francs (soit plus d’un million et demi d’euros) pour acheter une terre ; plus tard, Napoléon III lui accorda une rente de 60 000 francs et paya de nombreuses dettes de jeu accumulées par son cousin.
Car le comte Léon mena une vie dissipée et turbulente : histoires financières embrouillées et compliquées, dettes de jeu considérables, duels… Ce bohème allait mourir le 14 avril 1881 à Pontoise, dans la misère, au point que ses voisins durent payer le cercueil et il fut enterré dans la fosse commune. Le comte Léon eut trois enfants issus d’une liaison avec une ouvrière, Françoise Jonet : Charles, Gaston et Fernand. Ses trois fils s’élevèrent dans la vie par leurs seuls moyens. Charles s’occupa d’affaires industrielles et de voies ferrées au Venezuela, il mourut à Caracas en 1894 où un monument fut érigé à sa mémoire. Fernand à beaucoup voyagé, il est mort en 1918.
Placier chez Larousse
Enfin Gaston, comte Léon, est né à Paris le 1er juin 1857. C’est par un mariage tardif qu’il allait devenir citoyen de la Gascogne. Peu fortuné, il fit de solides études et s’est occupé pendant de nombreuses années de placements de dictionnaires. Ce fut un employé modèle. Lors de son décès, la direction des éditions Larousse devait écrire à sa veuve : « Nous avons toujours apprécié la parfaite honorabilité, l’entière correction en affaire de votre regretté mari… »
C’était un homme brave, discret et modeste que parfois les gens trouvaient bizarre, lorsqu’il restait, assis des heures sur une pierre à contempler la mer des pins, depuis le promontoire du Vollage.
Peut-être songeait-il qu’en qualité de petit-fils de l’homme qui fit trembler l’Europe, son destin aurait pu être différent ? Il devait décéder à l’âge de 70 ans. Ses obsèques furent de première classe, il y avait le maire et tous les habitants du village et même des environs, car on connaissait et aimait bien le petit-fils de Napoléon. Cette présence importante était peut-être là son plus beau titre de gloire posthume.
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