NIORT (79) : A Niort, il est contemplatif du “ petit Père-Lachaise ”
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Dominique Bodin, le conservateur des cimetières niortais, est formel : le cimetière ancien de Niort, c’est notre petit Père-Lachaise. Visite guidée…
Les érables liquidambars finissent de basculer dans le rouge, le ginkgo biloba a déjà laissé éclater son jaune d’automne, accompagné des projections bariolées des chrysanthèmes qu’on dépose au pied des tombes. Le pas mesuré d’une dame voûtée fait crisser le gravillon dans le silence frais de ce matin d’octobre. La Toussaint provoque un peu de vie dans le cimetière ancien de Niort…
Signé Lasseron
Entre les stèles affaissées par l’abandon ou le jeu des pluies, Dominique Bodin prend le temps de déambuler. L’endroit le fascine. Là où certains ne voient qu’une répugnante promesse de déchéance, lui décrypte dans chaque allée l’illustration du génie humain, perçoit le détail pensé pour l’élévation des âmes.
Dominique Bodin est le conservateur des cimetières de la ville. Et il ne cache pas sa préférence pour celui-ci. Contemplatif, il évalue la majesté discrète de ce doux coteau hérissé de croix calcaires, mausolées gothiques ou caveaux opulents bâtis de la pierre extraite sur place : « Je l’aime bien. Je le considère… (il semble hésiter, pensif, puis assume)… comme notre petit Père-Lachaise ! » Il désigne l’entrée principale, souligne le dessin de ses puissantes colonnes, s’extasie sous l’auvent en ferronnerie… « Elle a été dessinée par Georges Lasseron qui a beaucoup œuvré à Niort. » On doit à Lasseron l’hôtel de ville, les écoles Michelet ou Jules-Ferry. Et, au cimetière ancien où il repose, quelques imposantes chapelles aux courbes caractéristiques. « Il s’est très probablement inspiré du Père-Lachaise. En tout cas, les deux entrées se ressemblent étrangement. »
Surtout, comme son pendant parisien, « le cimetière ancien de Niort marque notre patrimoine historique de façon soutenue ».
Se faufilant dans les allées aux tracés parfois approximatifs, Dominique Bodin sait y trouver les moindres détails de la symbolique funéraire.
Patrimoine à découvrir
Ici, la ligne d’un serpent autour d’une amphore – « la sépulture d’un médecin, très certainement » –, là un sablier ailé – « Vous voyez ? Ce sont des ailes de chauve-souris. Un oiseau de nuit pour transporter l’âme du défunt » –, des flambeaux inversés – « car la flamme, la vie, s’est éteinte » –, du lierre ou des poignées de mains – « pour marquer le lien éternel » –, des colonnes brisées – « pour des gens morts jeunes, dans la force de l’âge… ». Il s’approche de l’épitaphe, plisse les yeux sur la gravure estompée par le temps : « Elle s’appelait Berthe… » Elle avait 4 ans. Il y a beaucoup de colonnes brisées datant du XIXe…
Ces histoires, Dominique Bodin en a des pleines brouettes. « A chaque fois que je viens, je découvre quelque chose de nouveau… » Courtes histoires d’éternité.
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