Pau (64) : Le petit Père-Lachaise palois
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La visite du cimetière est un vrai cours d’histoire sur la ville de Pau. Petit tour des propriétaires entre curistes du XIXe siècle et ex-édiles.
Le mouvement avait commencé avant lui, mais il s’est amplifié après son séjour. Alexandre Taylor, qui repose au milieu d’une sépulture éblouissante de sobriété, est sans doute la pierre angulaire du cimetière de Pau. Arrivé en 1842 dans la cité royale, ce médecin écossais guérit miraculeusement d’une maladie pulmonaire. Il attribue alors son rétablissement à « l’influence curative du climat de Pau ». Et passe le mot à tous ses amis britanniques à la santé précaire. Le cimetière va se remplir... Car tous ne guérissent malheureusement pas de la tuberculose. Bien au contraire. Ils sont nombreux, Écossais, mais aussi Irlandais ou Anglais, à s’éteindre dans la capitale du Béarn. Un siècle et demi plus tard, le résultat de cette immigration spontanée est encore visible. Dans l’ancien carré protestant du cimetière, le long du mur qui longe la caserne militaire de Verdun, les croix celtes sont toujours aussi nombreuses que leurs cousines catholiques.
Quart d’heure américain
En poursuivant la visite vers le haut du cimetière, on note que les épitaphes en anglais nous poursuivent. Ce ne sont pourtant plus des sujets de Sa Majesté qui gisent ici, mais des Américains « died in Pau » au début du XXe siècle. Quinze minutes durant, on croise la famille de James Nellson Potter, colonel nordiste pendant la Guerre de Sécession, ou encore la fameuse lignée des Lawrance, ces riches Américains qui ont donné leur patronyme à un parc boisé du centre-ville. Anecdote croustillante, « ces familles avaient une telle importance politique à Washington, nous explique la guide Anna Prim, que les Anglais, d’abord réticents à l’idée de marier leurs filles à ces nouveaux riches, ont fini par célébrer de plus en plus de noces ». Ou comment entre deux stèles, on replonge dans l’ambiance volage et cosmopolite des années 1900 paloises.
De là, 19 maires de Pau vous regardent
Précision importante pour ne pas froisser nos amis d’Outre-Béarn, ces mariages politiques ne sont pas l’apanage des Anglo-Saxons ici bas. Dans ce cimetière municipal reposent en effet 19 maires de Pau. Durant la visite, la guide s’arrêtera devant les dernières demeures de Jean-Baptiste Castetnau, premier des Palois entre 1855 et 1860, mais aussi d’Aristide de Montpezat, maire de 1875 à 1881, et bien sûr d’André Labarrère, édile jusqu’en 2006. À chaque arrêt, les différents accomplissements de chacun sont écoutés religieusement par les visiteurs qui ne se gardent pas de commentaires. Une sépulture provoque toutefois des réactions plus retenues. « L’ambiance est différente lorsqu’on est devant la tombe de Monsieur Labarrère, explique Anna Prim. Jusque-là, on est dans l’histoire mais ici, on est plus dans le recueillement. Les gens l’ont connu et s’en souviennent. »
Des tuberculeux du XIXe siècle aux élections de 2008, la visite du cimetière est finalement prétexte à une passionnante leçon d’histoire sur la ville. Un parcours finalement très vivant.
===> Repères
Les visites sont organisées par la mairie du 29 juin au 30 septembre 2011. L’opération avait été lancée l’an passée et a été reconduite cette année devant le succès rencontré. Deux types de visites sont proposées aux visiteurs : les visites guidées qui se déroulent tous les mercredis à 10 heures et les visites libres. Le début de chaque visite se situe derrière l’entrée de la Caserne Bernadotte, 3 alllée de la Grande Tour.
Les visites guidées durent une heure et demie et sont un medley de tous les parcours proposés. Elles sont gratuites mais limitées à 25 personnes. Places à réserver auprès de l’office de tourisme. Téléphone : 05 59 27 2708
Les visites libres se font sans réservation et peuvent suivre les trois parcours concotés par la mairie : « Pau, ville cosmopolite » ; « Les richesses de l’architecture funéraire » ; « Les maires de Pau ».
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