« Largement dépassé », le dictionnaire Littré ? Voilà qui est surprenant. Le dictionnaire peut apporter à son lecteur un sens des nuances souvent absent des discours ambiants. J’ai l’impression que c’est plutôt notre époque relâchée qui est en retard sur le Littré. Personnellement, je me plais à parcourir ce dictionnaire comme un recueil de notules agréables à lire, fournissant un savoir encyclopédique, et nous ramenant au plaisir plutôt perdu de l’exactitude du langage. Il laisse l’impression qu’il n’y a pas un mot de la langue française de synonymie parfaite avec un autre, chaque terme se justifiant en soi.
Une anecdote propre à la vie du bonhomme Littré illustre d’ailleurs bien ce goût de la précision et de la nuance.
Son épouse, Aglaé Pauline Conil-Lacoste, très chrétienne et même dévote, entra un jour intempestivement dans la chambre conjugale au moment précis où son Emile était en train, mon Dieu, de commettre ni plus ni moins l’acte de chair avec la bonne qui servait le ménage.
« Ah mon Dieu ! » s’exclama Madame Littré « Je suis surprise ! Je suis surprise ! »
« Vous faites erreur, Madame », rétorqua Emile sans perdre son sang-froid. « Vous n’êtes qu’étonnée ! C’est nous qui sommes surpris. »
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